Brève séquence flashback. Souvenez-vous : en juin dernier, la chaîne HBO retirait de son catalogue le film Autant en emporte le vent, avant de le rendre à nouveau disponible, accompagné cette fois-ci de plusieurs vidéos évoquant la position controversée de l'oeuvre sur sa vision romancée et contestable de l'esclavage afro-américain. La démarche de la chaîne, et les questions qu'elle soulevait, avait enflammé les réseaux sociaux tout l'été : faut-il censurer, couper, recontextualiser certains films et séries, dont le propos ou le ton aujourd’hui peut déranger ou faire polémique ?
Dans cette perspective, et selon les informations du site US TheWrap, la firme Disney vient de décider d'ajouter des avertissements pré-génériques concernant certains classiques de son catalogue de films, disponibles sur sa plateforme Disney+, en raison de "descriptions négatives de races et descriptions erronées des personnes ou des cultures"; le mort race n'ayant, il faut le rappeler, pas du tout le même sens aux Etats-Unis que chez nous. Aux Etats-Unis, la race, telle qu'elle est définie aujourd'hui par le Bureau du recensement des États-Unis, est une donnée correspondant à un concept d'identification selon lequel les résidents choisissent la race ou les races avec laquelle ou lesquelles ils s'identifient le mieux. Ainsi, depuis deux siècles, les résidents américains doivent déclarer leur "race" aux agents du recensement, en répondant à la question posée : êtes-vous "noir", "blanc", "amérindien", "asiatique", etc...
Sont donc visés les films Peter Pan, Les Aristochats, Les Robinsons des mers du Sud, et Dumbo. Ces films s'ouvriront ainsi : '"ce programme inclut des descriptions ou des représentations négatives des personnes ou des cultures. Ces stéréptypes étaient déjà mauvais, et le sont toujours. Plutôt que de supprimer ce contenu, nous souhaitons reconnaître son impact blessant, apprendre de celui-ci, et susciter la discussion pour créer ensemble un futur plus inclusif. Disney est dévoué à créer des histoires avec des thèmes inspirants, qui reflètent la richesse de la diversité des expériences humaines à travers le monde. Pour en apprendre davantage sur la manière dont les histoires ont impacté la société, rendez-vous sur www.disney.com/StoriesMatter".
Concernant Les Aristochats, la firme va plus loin, évoquant les stéréotypes racistes à l'égard de la communauté asiatique, en référence au personnage / chat Shon Gon : "le chat est dépeint comme une caricature des populations asiatiques, avec des traits stéréotypes exagérés, comme les yeux bridés et des dents en avant. Il chante avec une voix ayant un mauvais accent anglais, doublé par un acteur blanc, et joue du piano avec des baguettes chinoises. Ce portrait renforce les clichés et les stéréotypes du "perpétuel étranger", tandis que le film comporte des chansons moquant la langue et la culture chinoise, comme "Shanghai, Hong Kong, Egg Foo Young. Fortune cookie always wrong".
Que pensez-vous de l'initiative de Disney ? Justifiée, excessive ?
Pour rappel, nous avions justement consacré en juillet dernier un Podcast à cette vague de recontextualisation des oeuvres, pour le meilleur ou pour le pire, en compagnie de Jean-François Halin, scénariste, notamment de la trilogie OSS 117, et donc du prochain OSS 117 : Alerte rouge en Afrique Noire. Et Claire Diao, auteure du livre Double vague (éditions Au Diable Vauvert, 201), critique, distributrice de films panafricains et directrice de publication et cofondatrice d'Awotele.
C'est à réécouter ici :
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