Cinq ans après le culte La Haine, Mathieu Kassovitz et Vincent Cassel se retrouvent en 2000 pour Les Rivières Pourpres, thriller adapté du best-seller de Jean-Christophe Grangé. Cassel y incarne un flic qui enquête à Sarzac sur la profanation de la tombe d'une enfant disparue en 1982. Cette affaire l’amène à rencontrer le commissaire Pierre Niémans, à qui l’on a confié la résolution d’un meurtre avec mutilation.
Cassel et Kassovitz sont amis d’enfance et ont déjà tourné ensemble mais le tournage des Rivières pourpres n’est pas pour autant un long fleuve tranquille. Le comédien est exigeant avec lui-même et met un point d’honneur à connaître parfaitement son texte. Le réalisateur, lui, a une manière de travailler aux antipodes : il réécrit sans cesse les scènes, laissant peu de temps à ses acteurs pour se préparer. Une méthode que n’apprécie pas du tout Cassel, au point de le rappeler dans le commentaire audio du DVD du film. Malgré cette prise de bec, le résultat est un succès puisque Les Rivières pourpres séduit 3,2 millions de spectateurs et est nommé 5 fois aux César.
Les deux hommes ne collaboreront plus jamais ensemble mais ne manquent pas de s’envoyer depuis des piques par presse interposée. Dans une interview accordée à Télérama en 2008, Vincent Cassel explique qu’ils sont « fâchés pour des raisons humaines » sans rentrer dans les détails, mais le tacle quelques lignes plus loin : « comme l'a prouvé le parcours de Kassovitz : s'il faut faire quinze navets pour accéder à un film personnel, on prend le risque que cela n'arrive jamais. Et si on meurt trop tôt, on ne laisse que les navets ! »
En mai 2008 lors du Festival de Cannes, ils en viennent aux mains lorsque Kassovitz prend à parti Cassel après avoir été refoulé d’une soirée privée donnée dans le cadre de la promotion du diptyque Mesrine. Un accrochage que le cinéaste préfèrera qualifier d’« altercation virile » auprès de l’AFP mais qui enterre définitivement leur amitié. Huit ans plus tard, la pilule n'est toujours pas passée. Encore dans Télérama, Cassel enfonce le clou avec les déclarations suivantes : « Ce que je vois et lis de lui ne m'en donne pas envie. Je ne me reconnais plus du tout dans ce mec. Quand on a cessé de travailler ensemble, il y a longtemps maintenant, cette déception amicale m'a éloigné du cinéma pendant près d'un an : j'ai eu du mal à m'en remettre ».