Le réalisateur Christopher Nolan (actuellement à l'affiche avec Tenet) a déclaré dans une interview "qu'il y a deux objectifs différents dans un film comportant des effets visuels. L'un consiste à faire en sorte que les spectateurs voient le film de la manière la plus continue possible, sans interruption, avec des effets totalement transparents. C'est ma manière. L'autre consiste à impressionner le public avec les sommes colossales engouffrées dans le spectacle visuel, ce qui ne m'intéresse absolument pas".
Nolan, amoureux des effets visuels "à l'ancienne" plutôt que le déchaînement des images de synthèse ? Absolument; il l'a toujours dit. Certains réalisateurs refusent en effet l'usage des images de synthèse dans leurs films, ou du moins leur invasion. De même qu'il n'est pas nécessaire non plus de défendre systématiquement la manière "traditionnelle" de créer des monstres ou autres fantastiques paysages.
Vous voulez voir d'excellentes scènes réalisées comme à la vieille école ? En voici dix !
Inception (2010)
Dans Inception de Christopher Nolan, porté par Leonardo DiCaprio, plusieurs scènes semblent être faites par ordinateur. Et pourtant... Vous rappelez-vous de la séquence avec Ellen Page ? Lorsqu'elle reconstruit mentalement son environnement immédiat, avant que tout ne se mette à tomber et exploser ? Cette séquence a en fait été réalisée grâce... à des canons à air !
(Re)voir la séquence décryptée :
Vous souvenez-vous aussi de cette formidable séquence dans laquelle Joseph Gordon Levitt lutte contre l'absence de gravité dans un couloir ? L'équipe du film a, en réalité, tourné cette séquence dans un décor / caisson tournant. Les chocs encaissés par les acteurs dans cette scène sont bien réels. La réalisation de cette séquence a pris pas moins de trois semaines !
Pour (re)voir la scène en question :
Le Seigneur des anneaux (2001)
Dans sa saga fleuve du Seigneur des Anneaux, Peter Jackson souhaitait souligner la différence importante de taille entre le petit Frodon et le grand sorcier Gandalf. Le réalisateur aurait facilement pu faire usage d'un ordinateur pour créer cette astuce visuelle. Mais Jackson a simplement préféré se contenter de jouer avec les effets de profondeur permis par sa caméras. Simple et efficace.
On aurait presque envie de pleurer en revoyant à nouveau ces images !
Mission impossible - Protocole fantôme (2011)
Depuis le lancement de la saga en 1996, Tom Cruise a fait de la cascade improbable l'une des marques de fabrique de la franchise. Et dans l'opus sorti en 2011, Mission impossible - Protocole fantôme, il se mesure à la Burj Khalifa, plus haute tour du monde culminant à 828 mètres de hauteur. C'est donc à mains nues (mais solidement harnaché, histoire de ménager la production) que Tom Cruise escalade une dizaine d'étages, glisse, remonte puis descend en rappel et manque d'entraîner ses coéquipiers dans sa chute. Et ce sans recours à la moindre doublure puisque, fait amusant mais véridique, la sienne a peur du vide à partir d'une certaine altitude.
Séquence sueur froide garantie 100% réelle.
The Dark Knight, Le Chevalier Noir (2008)
Ceux qui ont vu The Dark Knight s'en souviennent forcément : la très impressionnante cascade du poids lourd qui se retourne comme une crêpe dans une rue de Chicago, d'ailleurs visible en partie dès la toute première bande-annonce du film. Une ahurissante séquence supervisée par Paul Jennings, un des meilleurs coordinateurs de cascades en activité.
Dans cette séquence, aucun CGI. Tout est fait à l'ancienne. Un cascadeur pilotait le camion, dont la remorque dissimule sous son plancher un système de propulsion à vapeur. D'un coup de pression sur un bouton situé dans sa cabine de pilotage, le conducteur-cascadeur vétéran Jim Wilkey enclenchait la propulsion, réglée au millimètre. Le résultat est vraiment incroyable.
Terminator 2 (1991)
Vers la fin de Terminator 2, le T-1000 se transforme en clone de Sarah Connor pour duper John, ce qui permet aux spectateurs de voir pendant un bref moment deux Sarah Connor pour le prix d'une. Il s'agit en fait de la soeur jumelle de Linda Hamilton, Leslie Hamilton. Un subterfuge tout simple, diablement efficace, et qui a aussi permis à James Cameron de faire de grosses économies en effets spéciaux Made in ILM.
Independance Day (1996)
Pour l'impressionnante séquence de destruction d'Independance Day, Roland Emmerich souhaitait voir un maximum d'effets pyrotechniques sur les maquettes ravagées par les explosions. Le film détient d'ailleurs le record de maquettes employées sur un tournage, selon les dires de Michael Joyce, en charge de leur supervision. Avec l'énorme avancée en matière d'effets spéciaux gérés par ordinateur depuis la sortie du film en 1996, nombreux sont ceux qui estiment que Independance Day détiendra pendant très longtemps, pour ne pas dire toujours, ce record.
2001 : l'odyssée de l'espace (1968)
En fait, Christopher Nolan n'a rien inventé pour tourner sa séquence "zéro gravité" dans Inception : il a tout simplement repris ce qu'avait fait Stanley Kubrick, 41 ans plus tôt pour 2001 : L'Odyssée de l'espace : un caisson tournant à l'aide de câbles et de poulies. La force centrifuge du décor tournant donne l'impression que les acteurs éprouvent effectivement l'absence de gravité.
La fameuse séquence du Running, réalisée à l'aide d'une roue pesant... 30 tonnes :
On pourra aussi ajouter comme autre fameux exemple, la séquence finale du film, quand le héros est propulsé aux confins des étoiles. Douglas Trumbull va concevoir une machine permettant le "Slit-Scan". Cette technique consiste à jouer avec la profondeur de champ et l’ouverture de la caméra, tout en filmant en stop-motion. Mises bout à b2001 : l'odyssée de l'espace : rencontre avec Douglas Trumbull, légende des effets visuelsout, ces images donnent une sensation de mouvement infini, à travers deux immenses couloirs lumineux.
2001 : l'odyssée de l'espace : rencontre avec Douglas Trumbull, légende des effets visuels
Eternal Sunshine of the Spotless Mind (2004)
Dans le formidable et très attachant Eternal Sunshine of the Spotless Mind, Michel Gondry se révèle être un magnifique artisan. Il a souvent recours à des trucages et techniques "simples". De nombreuses scènes, comme lorsque Jim Carrey retombe en enfance, ont été tournées dans des pièces aux décors surdimensionnés. En jouant sur la perspective avec l'objectif de la caméra, Gondry donne ainsi l'impression que la personne au premier plan est bien plus grosse que celle en arrière plan.
Les Dix Commandements (1958)
Loin, très loin de l'époque de l'image de synthèse, au temps de l'âge d'or des Péplums. On savait créer de fabuleuses scènes avec les moyens du bord, comme celle -fameuse- où Moïse ouvre la mer rouge en deux dans les Dix Commandements, en 1958.
Pour cette séquence, l'équipe du réalisateur Cecil B. DeMille a filmé deux énormes containers qui ont été remplies d’eau. Puis il a ensuite suffit d'inverser les images pour créer cet effet de séparation des eaux. Pour mettre en scène les deux murs d’eau, l’équipe a filmé un bac où elle fit couler de l’eau en continu, puis a retourné l’image pour créer ce mur vertical.