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    Spartacus sur Arte : pourquoi Kirk Douglas a-t-il renvoyé un réalisateur en plein tournage ?
    Caroline Langlois
    Caroline Langlois
    -Responsable vidéos
    Caroline Langlois a eu un parcours classique. Les Visiteurs le dimanche soir en famille, la cassette de Titanic en boucle le week-end. Jarmusch et Hitchcock en sortie scolaire. La première galoche devant Spider-Man 2. Et puis les nuits blanches avec Lost, les répliques culte de Friends...

    A l'occasion de la diffusion ce soir sur Arte de Spartacus, retour sur la genèse compliquée du film et en particulier le renvoi, en plein tournage, du réalisateur Anthony Mann par Kirk Douglas.

    Fresque dantesque, oeuvre majeure du cinéma et de son réalisateur Stanley KubrickSpartacus a connu une genèse mouvementée. En particulier dans la sélection du scénariste et du metteur en scène qui seraient les mieux qualifiés pour porter comme il se doit à l'écran le roman de Howard Fast.

    Confiée à l'origine à l'auteur lui-même, l'écriture du script est finalement transmise à Dalton Trumbo après un résultat jugé de "véritable désastre" par Kirk Douglas. Toujours sur la terrible "liste noire" anti-communiste de McCarthy, Trumbo est alors forcé de travailler sous un pseudonyme, Sam Jackson, pendant toute la production de Spartacus. Grâce à ce film et son producteur, il retrouvera sa véritable identité au générique.

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    Le choix du metteur en scène est une toute autre affaire. David Lean et Martin Ritt sont envisagés, mais c'est au final Universal qui tranche et impose Anthony Mann. Dans l'ouvrage "I am Spartacus", dans lequel il revient sur les coulisses du film, Kirk Douglas raconte qu'il fit immédiatement part au studio de son inquiétude face à cette décision : "Pour moi, Mann n'est pas le cinéaste approprié". Il ravale tout de même son appréhension et le tournage sera officiellement lancé le 27 janvier 1959.

    Si la première semaine, consacrée aux plans d'ouverture aux carrières de pierre, se déroule sans accroc, la suivante fait tout basculer. Sur le plateau, Peter Ustinov, interprète du marchand d'esclaves Lentulus Batiatus, se laisse quelque peu emporter dans ses scènes et Anthony Mann ne parvient pas à le canaliser. "C'est au réalisateur de savoir quand et comment freiner cet instinct" déclare Kirk Douglas. Devant la situation - des rushes presque inutilisables, un retard sur le planning, un budget grandissant - et un metteur en scène qui semble submergé par l'ampleur du projet, Universal demande à l'acteur de le renvoyer.

    "Lorsque je lui annonce la nouvelle, il le prend mieux que je ne le craignais. A vrai dire, il semble même soulagé. Il ne le dit pas, mais j'ai le sentiment qu'il cherchait lui-même une manière élégante de se retirer." Kirk Douglas retrouvera Anthony Mann 6 ans plus tard pour Les Héros de Télémark. Pour Spartacus, le comédien décide de miser sur Stanley Kubrick qui l'avait dirigé quelques années auparavant dans Les Sentiers de la gloire (1957). Si certains le mettent en garde, il assume ce choix : "Bien qu'il n'ait que trente ans, il est suffisamment talentueux et sûr de lui pour s'emparer d'un film de cette ampleur. [...] Sa confiance en lui frise souvent l'arrogance - ce trait de caractère pourra l'aider à travailler avec des acteurs hautement respectés mais parfois difficiles à manoeuvrer comme [Laurence] Olivier, [Charles] Laughton et [Peter] Ustinov."

    Spartacus
    Spartacus
    Sortie : 15 septembre 1961 | 3h 18min
    De Stanley Kubrick
    Avec Kirk Douglas, Laurence Olivier, Jean Simmons
    Presse
    3,0
    Spectateurs
    4,0
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