En 2003, après l'échec du projet Astérix en Hispanie, qui devait être mis en scène par Gérard Jugnot et interprété par l'équipe du Splendid, la franchise du petit Gaulois est au point mort. Quelques années plus tard, Thomas Langmann, fils du cinéaste Claude Berri, récupère le projet et lance Astérix aux Jeux Olympiques.
Le 3ème long-métrage de la saga sortira en 2008 et réunira 6,8 millions de spectateurs. Malgré ce score, le film est un naufrage financier à cause de son budget pharaonique de 78 millions d'Euros.
Astérix aux Jeux Olympiques est à l'époque le second plus gros projet de l'histoire du cinéma français, derrière les 90 millions de dollars du Le Cinquième élément de Luc Besson. À titre de comparaison, Astérix et Obélix contre César et Astérix et Obélix : mission Cléopâtre étaient respectivement dotés d'un budget de 41 et 49 millions d'euros. Vendu dans une soixantaine de pays, Astérix aux jeux Olympiques a en outre bénéficié d'un budget marketing record de 20 millions d'euros.
Derrière toute cette machinerie digne d'un blockbuster hollywoodien, un comédien en souffrance : Benoît Poelvoorde. L'acteur belge a été engagé pour prêter ses traits à Brutus, fils de César (Alain Delon). Poelvoorde, qui avait refusé un rôle dans le premier Astérix de Claude Berri, a cette fois accepté de tourner pour son fils, Thomas Langmann.
Ce personnage de Brutus, un "vrai méchant", lui plaît beaucoup ; c'est un "rôle taillé sur-mesure", confie le trublion à Hugues Dayez, journaliste cinéma emblématique de la RTBF. Les propos recueillis ci-dessous sont tirés de toute une série d'entretiens condensés par le même auteur dans son ouvrage Poelvoorde, l'inclassable, paru chez Renaissance du Livre.
Ce que ne sait pas encore le comédien, habitué à la simplicité, c'est qu'il met les pieds dans une fourmilière. Tout d'abord, il doit faire face aux caprices de la star du film, Alain Delon. Ce dernier est un véritable roi sur le plateau, tournant quand il le souhaite.
"Parfois, je faisais un contre-champ 4 jours après le tournage avec Delon. Je faisais ça quand la lumière ne convenait pas ou parce qu'Alain ne voulait plus faire sa scène. Mais il faut vivre avec les caprices des stars, c'est tout", déplorait l'acteur.
Benoît Poelvoorde est également déconcerté par le temps qu'il faut pour les mises en place avant de tourner. Cette comédie produite avec d'énormes moyens nécessite une lourdeur qui ne s'adapte pas vraiment à sa manière de fonctionner.
"C'était la première fois que des Français tournaient en numérique. Le chef-opérateur ne maîtrisait pas encore très bien ce nouveau support, les techniciens non plus. On avait des combos partout, je ne sais combien de figurants... Pour transmettre une info, cela prenait des heures et des heures. Parfois, nous étions prêts dès 7 heures du matin et nous ne commencions à tourner qu'à 4h30 de l'après-midi", se souvient l'interprète de Brutus.
Astérix et Obélix : Marion Cotillard en Cléopâtre et un budget pharaonique pour Guillaume CanetAgacé. fatigué, Poelvoorde finit par demander une mise au point avec les réalisateurs Thomas Langmann et Frédéric Forestier. Il accepte toutes ces contraintes quand il s'agit de plans larges avec beaucoup de figurants ou nécessitant des effets spéciaux.
En revanche, quand il doit faire une scène de pure comédie en tandem, l'acteur souhaite avoir carte blanche et faire ce qu'il veut. Les metteurs en scène acceptent cette requête, ce qui soulage un peu l'artiste.
Très attaché à sa Belgique natal, Poelvoorde souffre aussi du mal du pays. Astérix se tourne sous une chaleur accablante à Alicante, en Espagne. Peu habitué à de telles températures, Poelvoorde serre les dents.
"Il faisait une chaleur de gueux, c'était épouvantable ! Et le plus dur c'était la solitude quand même", révèle l'artiste. Heureusement, son compatriote et ami Bouli Lanners est aussi présent sur le plateau, incarnant le personnage de Samagas. "Pour nous donner du courage, parce que nous étions littéralement démoralisés, nous regardions Télétourisme, une émission de la RTBF qui parle de la bouffe et des restaurants. J'allais très mal ! Bouli et moi, nous étions en larmes, tellement nous étions émus de revoir notre pays et de revoir la pluie", confiait Poelvoorde.
Après un 4ème opus anecdotique, Astérix et Obélix : au service de Sa Majesté (2012), la franchise se fait un peu oublier. Elle est remise sur les rails en 2020 grâce à Guillaume Canet, derrière L'Empire du Milieu. Dans cette nouvelle itération, le réalisateur des Petits Mouchoirs incarne lui-même le Gaulois nerveux, tandis que son fidèle acolyte, Gilles Lellouche, prête ses traits à Obélix. Quant à Marion Cotillard, elle joue Cléopâtre.
Tant qu'à évoquer Astérix, autant vous livrer le classement de toutes les adaptations de l'univers du petit gaulois moustachu, de la pire à la meilleure !
Astérix : les meilleures adaptations selon les spectateurs