De quoi ça parle ?
Max, la trentaine, partage sa vie entre ses amis et sa mère Monique, avec laquelle il entretient une relation fusionnelle. Mais alors que Monique s’apprête à lui annoncer qu’elle va refaire sa vie avec Philippe, elle décède soudainement. Le jour de l’enterrement, elle apparaît à son fils, qui accueille à bras ouverts le retour de cette mère fantasmée. Commence alors un étonnant sursis. Mais lorsque Max entame une relation amoureuse avec Ohiana, une psychothérapeute pétillante et excentrique, Monique, possessive, va s’avérer très vite encombrante…
Le 10 avril à 21h sur Arte et disponible gratuitement jusqu'au 9 mai sur arte.tv
Ça ressemble à quoi ?
Ça vaut le coup d'oeil ?
Premier film du scénariste et réalisateur Nathanaël Guedj, Si tu vois ma mère est une comédie douce et décalée sur le deuil et les relations mère-fils. Félix Moati y incarne Max, un jeune ophtalmologue couvé et cajolé à l'extrême par sa mère (Noémie Lvovsky), seul homme de la famille après la mort de son père lorsqu'il était enfant. En prenant la responsabilité du chef de clan face à sa mère et ses deux soeurs (Géraldine Martineau et Eugénie Derouand), il peine cependant à voir que la première étouffe et n'ose pas refaire pleinement sa vie par peur de le blesser. Jusqu'à ce qu'un événement surnaturel vienne bouleverser les repères de Max, au moment même où il tombe sous le charme de sa nouvelle collègue psychologue, Ohiana, jouée par Sara Giraudeau (Le Bureau des légendes). A leurs côtés, on retrouve Gilles Cohen, autre acteur récurrent de la série d'espionnage, dans un second rôle touchant, ainsi que des seconds couteaux sympathiques comme Esteban (Chacun pour tous) et Raphaël Quenard (HP).
Sara Giraudeau
Si le scénario, prévisible dans son dénouement que l'on devine très tôt et parfois trop simpliste dans ses métaphores, ne révolutionne pas le genre - synonyme de son manque de lucidité, Max est atteint de presbytie et ne voit pas ce qui se passe sous ses propres yeux (un comble pour un ophtalmo !) - le charisme de Noémie Lvosvky opère avec brio dans cette comédie décalée et tendre sur la complexité du lien mère-fils.
A travers les apparitions de sa défunte mère, irruption du surnaturel dans le quotidien de Max et reflet de son incapacité à couper le cordon, Nathanaël Guedj, qui a grandi au sein d'une famille de psychanalystes, explore en filigrane l'injonction à la perfection des mères, et les rapports toxiques entrenus par leurs fils envers elles. En demande constante d'attention et de réconfort, Max en oublie que sa mère était aussi une femme, qui s'est totalement effacée dans son rôle au gré des besoins de son fils chéri. L'arrivée d'Ohiana dans sa vie, femme indépendante et bienveillante pour qui la notion de famille est un lointain concept, en même temps que l'esprit intrusif de sa mère (qui surgit lorsque Max mange les petits plats qu'elle lui a laissé dans son frigidaire), vont lui permettre de se confronter à ses propres paradoxes.
En offrant à Noémie Lvovsky un rôle d'esprit frappeur réjouissant et loufoque sous les traits d'une mère juive surprotectrice, Si tu vois ma mère nous livre une fiction charmante, pleine de tendresse et de spiritualité, le tout avec une bonne dose d'humour.
