Dans Inspecteur la Bavure, qui réunit deux des acteurs les plus demandés de la fin des années 1970, Coluche et Gérard Depardieu, Michel Clément obtient de justesse son diplôme d'inspecteur stagiaire et rêve d'arrêter l'ennemi public numéro un, Roger Morzini. Celui-ci, devenu méconnaissable suite à une opération de chirurgie esthétique, se lie d'amitié avec lui... A l'occasion de la diffusion de cette comédie policière cet après-midi sur France 2, retour sur la source d'inspiration principale du personnage de Morzini : Jacques Mesrine, ex-véritable ennemi public numéro un tué par la police en 1979.
Après avoir rejeté l'école, Jacques Mesrine officie en tant que parachutiste commando lors de la guerre d'Algérie et est même décoré. A son retour, il se tourne rapidement vers la criminalité en région parisienne et enchaîne les braquages et autres cambriolages, tout en se mariant et fondant une famille. En 1962, ses activités illicites l'amènent pour la première fois en prison. A sa sortie, un an plus tard, il trouve un travail mais le perd rapidement pour cause de licenciement économique. Il redevient alors criminel, et sévit en France, mais aussi à l'étranger, comme à Majorque ou en Suisse.
A la fin des années 1960, Jacques Mesrine se rend au Québec, où ses nombreux braquages le mènent dans une prison de haute sécurité, de laquelle il s'évade de manière spectaculaire. De retour en France, il se retrouve, là encore, condamné à une longue peine à la prison de la Santé, mais d'où il se fait, à nouveau, la malle (avec son complice François Besse). Il s'engage alors dans une longue et très médiatisée cavale, ponctuée de nombreux crimes. Jacques Mesrine est finalement abattu par la police en 1979, Porte de Clignancourt, dans sa voiture.
Le Gendarme à New York à 21h sur M6 : pourquoi Louis de Funès est un excellent médicamentUn tel parcours a bien évidemment eu droit à ses adaptations au cinéma. Hormis le film de Claude Zidi qui s'en est inspiré de manière comique, l'histoire de ce criminel aguerri a plusieurs fois été racontée dans des polars et/ou biopics : La Guerre des polices de Robin Davis, Mesrine d'André Génovès et bien sûr le diptyque de Jean-François Richet, permettant à Vincent Cassel de livrer une prestation anthologique (Gérard Depardieu y joue d'ailleurs, dans le premier volet L'Instinct de mort, le malfrat expérimenté Guido qui se lie d'amitié avec le natif de Clichy).
Pour concevoir le personnage de Roger Morzini, le gangster se faisant passer pour un auteur dans Inspecteur la Bavure, les scénaristes Claude Zidi et Jean Bouchaud se sont donc inspirés de Jacques Mesrine (sans retranscrire sa violence comme il s'agit d'une comédie) : pour la capacité de ce dernier à passer inaperçu en se déguisant (il était surnommé "l'homme aux mille visages"), mais aussi pour son audace, son charisme et son éloquence. Des particularités ayant contribué à forger sa réputation et qui se retrouvent clairement dans le personnage de Depardieu !
A sa sortie, en 1983, Inspecteur la Bavure a réalisé pas loin de 3,7 millions d'entrées sur le sol français. Une solide performance, même si plusieurs comédies mises en scène par Claude Zidi ont mieux marché.