De quoi ça parle ?
Benoît Delage est un homme accompli : père de deux enfants et mari attentionné, c’est un professeur d’université très apprécié. Seule ombre au tableau, le mal-être de son fils de quinze ans, Théo, qui semble mal tourner. Son existence est bouleversée lorsque Théo se retrouve au commissariat pour un interrogatoire. Le passé de Benoit est soudain révélé. Dans sa jeunesse, il a tué un policier et fait dix-huit ans de prison. Malgré son parcours exemplaire, il est rattrapé par ce passé criminel et confronté à la rumeur qui monte, insidieuse et destructrice. En finit-on de payer sa dette à la société ? A-t-on, surtout à l’heure des réseaux sociaux, réellement le droit à une deuxième chance ?
Un Mauvais garçon, réalisé par Xavier Durringer et écrit par Sabrina Compeyron et Olivier Gorce.
Avec Richard Anconina, Isabelle Renauld, Andréa Ferreol, Judith Magre, Jean-Claude Dauphin, Alexandre Desrousseaux, ...
Mercredi 5 février à 21h sur France 2
À quoi ça ressemble ?
Ça vaut le coup d'oeil ?
Après Connexion intime ou La Maladroite, excellent unitaire proposé en fin d'année dernière sur France 3, France Télévisions poursuit dans sa volonté de proposer au public des fictions sociétales fortes, d'utilité publique, avec Un Mauvais garçon qui s'inscrit au sein d'une grande soirée continue sur le thème de la réinsertion et de la deuxième chance pour les personnes ayant purgé une peine de prison. La grande force de ce téléfilm réalisé par Xavier Durringer (La Conquête, Ne m'abandonne pas) réside dans l'interprétation sans faille de Richard Anconina, rare sur le petit écran, qui offre une prestation pleine de nuances dans la peau de ce professeur d'université qui voit son quotidien voler en éclats lorsque son passé le rattrape et que son entourage, amis comme collègues et élèves, finit par se demander s'il est bien raisonnable de le fréquenter et de le laisser exercer.
Le scénario pose de nombreuses questions rarement évoquées en fiction - Peut-on recommencer à zéro et retrouver une vie normale ? Comment affronter le jugement des proches et de la société ? - mais peine à nous emporter totalement, la faute à une intrigue qui met trop de temps à se déployer et à des personnages secondaires quelque peu insipides, pas vraiment aidés par des dialogues pas toujours des plus fins. Et si tout le traitement de la révélation du passé de Benoît et de ses conséquences dans le cadre professionnel manque d'envergure, comme si la "rumeur" n'allait pas assez loin pour qu'on y croit à l'heure des réseaux sociaux, Un mauvais garçon se rattrape heureusement au niveau de la sphère privée du héros, que ce soit dans la manière hallucinante dont les proches des Delage réagissent à la nouvelle ou dans la construction psychologique de la relation père-fils, qui en sous-texte raconte comment Théo, le fils adolescent de Benoît, porte depuis des années le poids du passé de son père sans le savoir. Un glissement qu'on aurait aimé encore davantage développé mais qui fait sans doute les frais d'un scénario déjà bien fourni. Mais rien que pour quelques séquences très fortes et la justesse des comédiens principaux - Richard Anconina et Isabelle Renauld en tête, ce téléfilm, qui s'impose comme une alternative bienvenue aux nombreuses fictions policières qu'on nous propose semaine après semaine, mérite le détour.
La diffusion d'Un mauvais garçon sera suivie dès 22h30 sur France 2 du débat "Est-on coupable à jamais ?" animé par Julian Bugier.