Depuis votre départ de Plus Belle la vie et l'unitaire Une vie en nord (2014), cinq ans se sont écoulés. Aviez-vous toujours eu en tête l'éventuel retour de Ninon dans la quotidienne ?
Aurélie Vaneck : On a parlé à plusieurs reprises avec la production, il y a eu plusieurs occasions mais on s'est ratés à cause de nos emplois du temps respectifs. On a toujours eu envie de refaire quelque chose ensemble, mais on ne savait pas forcément sous quel format, et c'est bien tombé cette année.
Vous a-t-on proposé cette intrigue autour du passé douloureux de Ninon dès le début ?
On me l'avait déjà évoquée l'année dernière, elle est revenue plusieurs fois mais pas forcément sous la même forme. Une précédente histoire avait été proposée autour d'un viol qu'aurait subi Ninon, mais les auteurs n'avaient pas été jusqu'au bout, je ne sais pas si c'était encore un peu tôt pour en parler, alors que depuis un an les langues se délient, il y'a plus de facilités pour aborder ce sujet qui est assez délicat, et qui par conséquent ne peut pas être traité n'importe comment. Et l'année dernière, la production avait la volonté de traiter un sujet similaire. Ce sujet du harcèlement sexuel me tourne donc autour depuis un certain moment !
Vous fallait-il une histoire forte comme celle-ci pour vous inciter à revenir dans la série ? Quelles étaient vos éventuelles appréhensions par rapport au retour de Ninon aux yeux du public notamment ?
Je n'avais pas vraiment d'appréhensions, dans le sens où ce n'était pas un retour stratégique. J'avais envie d'un retour éventuel, et c'est toujours plus agréable de revenir avec une intrigue forte. Je pense que la production et les auteurs n'avaient pas envie de me faire revenir "pour rien", après une longue absence et beaucoup d'attente de la part du public aussi qui s'est manifestée - d'où l'envie de faire quelque chose d'assez fort. Et je trouve que ça a été fait avec beaucoup d'intelligence.
Cette histoire autour du harcèlement sexuel s'inscrit parfaitement dans l'air du temps, au vu des différentes mobilisations contre les violences sexistes ces derniers mois...
En effet au niveau du timing de nos vies, c'était intéressant, mais aussi de revenir dessus avec un petit peu de recul en traitant les deux côtés du problème, car il y a aussi des abus qui peuvent être dévastateurs, comme on le voit aux Etats-Unis où le moindre geste peut être pris pour du harcèlement, et avoir des conséquences désastreuses dans un sens comme dans l'autre. Et je trouve que les auteurs ont fait quelque chose d'intelligent en mettant également en scène le personnage de Vincent (Serge Dupire), qui subit les conséquences de ces accusations, en parallèle des histoires de Ninon, d'Angèle et de ces autres filles qui ont été abusées et se sont tues par honte.
Le fait de garder le silence peut être dévastateur, ce qui est bien souligné à travers ces intrigues.
Oui, j'ai reçu beaucoup de témoignages de femmes et de jeunes filles disant que ça faisait du bien de voir que le sujet est porté à l'écran sur une heure de grande écoute, et de voir ce côté vicieux du silence et du sentiment de culpabilité de la victime mis en scène de cette façon. Ça montre que parler est un moyen de s'en sortir, un premier pas vers la guérison.
Le recul que vous avez pris sur votre personnage au cours de votre absence vous a-t-il apporté quelque chose en plus ?
Oui, clairement ! Cinq années se sont écoulées, et cette thématique m'a permis d'aller explorer d'autres émotions, d'autres aspects du personnage, et je l'ai vécu avec un peu plus de recul, mais aussi une couche de vie supplémentaire qui permet de traiter ce type de sujets avec nuance. Je ne l'aurai pas fait de la même manière il y a cinq ans, c'est certain.
Peut-on espérer un potentiellement retour définitif de Ninon au Mistral suite à cela ?
Je n'ai aucune idée de ce qui peut se passer ensuite, mais je n'y suis pas fermée ! Après, c'est difficile de se projeter à nouveau dans un rythme de tournage quotidien une fois qu'on l'a quitté. C'est très confortable d'un côté, et en même temps on ne peut forcément pas être aussi bien servi à chaque fois en termes d'intrigues toute l'année. Le rythme de tournage a aussi changé par rapport à il y a cinq ans, où on était encore très présents tout le temps, et un peu sur toutes les arches. Maintenant il y a plus d'intrigues séparées j'ai l'impression, avec des moments ou certains comédiens tournent plus que d'autres. Et c'est important d'avoir des moments de respiration pour pouvoir prendre du recul, en tournant d'autres choses et en s'ouvrant à d'autres expériences.
Pour avoir fait dix ans dans la série au fil du rasoir, il y a des moments où on a plus de recul sur ce qu'on fait et on rentre dans un mécanisme nous faisant perdre en qualité de jeu. Mais Plus Belle la vie reste un laboratoire hors pair pour les acteurs !
J'aimerais tourner pour la série de manière plus régulière, mais j'ai aussi envie de pouvoir passer d'une comédie à une histoire plus sérieuse, de pouvoir varier et de continuer à m'amuser !
Quels sont vos futurs projets ? Dans quoi pourra-t-on vous retrouver prochainement ?
J'ai monté une entreprise de bijoux avec Anne Décis (l'interprète de Luna dans la série), et ça nous occupe une grande partie de nos journées et de nos nuits ! A côté, j'ai pas mal de projets de théâtre qui sont encore en élaboration. L'an dernier, j'ai tourné un Crimes parfaits qui sera diffusé le 17 décembre prochain, et aussi pour La Stagiaire cet été, dans un épisode qui sera diffusé début 2020. D'autres choses vont arriver ensuite, mais je ne sais pas encore lesquelles ! (rires)
Découvrez un extrait inédit des adieux de Ninon à Estelle sur le site de de France TV :
Propos recueillis le 9 décembre 2019