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    La Guerre des Mondes sur Canal+ : "une analyse en profondeur du comportement humain"

    Rencontre avec les interprètes de la série, Gabriel Byrne, Léa Drucker et Elizabeth McGovern, et le réalisateur Gilles Coulier.

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    Le casting de La Guerre des Mondes version Canal+ rassemble à la fois des acteurs français et britanniques (et irlandais, pour Gabriel Byrne); un défi à relever pour le réalisateur Gilles Coulier, en charge des épisodes 1 à 4. "Le processus de sélection des acteurs est différent en Belgique car nous n'avons pas de directeur de casting. Pour moi, le casting peut être une rencontre forte, une simple conversation. Deux rôles me tenaient particulièrement à cœur pour le choix des comédiens : celui d'Emily côté britannique, et celui de Christine côté français. Pour ce rôle, j'ai été impressionnée par la performance de Léa [Drucker] dans le film Jusqu'à la garde, et elle a accepté très vite la proposition. Nous avons fait un casting pour le personnage d'Emily car nous cherchions une jeune actrice, et ça nous a pris des mois. Mais lorsque nous avons trouvé Daisy Edgar Jones, c'était la bonne !"

    Le réalisateur recherchait avant des acteurs avec de l'expérience, et une certaine intelligence de jeu ("Le moment où Gabriel et Elizabeth sont arrivés sur le projet, j'ai senti qu'ils étaient faits l'un pour l'autre !") pour incarner des personnages réalistes, plongés dans une situation apocalyptique. "En vérité, personne ne sait vraiment à l'avance comment il réagirait dans ce type de situation extrême, et cette idée était très intéressante à explorer" pour Elizabeth McGovern, qui interprète Helen. "Pour nous tous, ce qui distingue la série est la manière dont elle se focalise sur la façon dont les humains réagissent à un cataclysme, à l'idée de fin du monde, plutôt que sur des éléments de surface comme l'apparence des aliens. Elle analyse en profondeur le comportement humain, en particulier la notion qui m'intéresse le plus : nous sommes tous dans le même bateau. Nous vivons dans un monde si hiérarchisé, les riches s'enrichissent toujours plus et les pauvres sont de plus en plus pauvres, les gens sont séparés de façon drastique... La série fait le constat qu'un ennemi extérieur pourrait enfin nous unir, à travers un objectif de survie commun qui nous mettrait tous sur le même plan : les réfugiés comme la classe moyenne supérieure, à laquelle appartient le couplé formé par Bill et Helen. c'est le facteur qui nous unifie en tant qu'humains." 

    En effet, renchérit Gilles Coulier, "Ceux qui dans la vie semblent être moins favorisés, vont alors se révéler par rapport à ceux qui ont un statut social plus élevé : tout change radicalement pour eux ! Le personnage de Kariem en revanche (Bayo Gbadamosi, qui interprète un réfugié soudanais) en revanche, sait comment s'adapter pour survivre." Pour Léa Drucker, qui interprète la chercheuse Catherine Durand, le constat est similaire. "Je suis convaincue qu'en cas de catastrophe je réagirais probablement de la même manière que mon personnage : je serais terrifiée, sidérée et perdue" affirme-t-elle. "Je me souviens d'une tempête particulièrement violente en France au début des années 2000 (décembre 1999, ndlr) alors que j'étais en Normandie chez mes grands-parents : j'étais particulièrement effrayée, tandis que mes grands-parents étaient beaucoup plus proactifs, car ils ont connu la guerre et les bombardements. Pendant le tournage avec Gilles, j'ai eu à nouveau ce sentiment d'être comme une enfant, sans savoir comment réagir, avec ce sentiment très organique et nouveau de vivre quelque chose qu'on a jamais traversé."

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    Les thèmes de la perte et du syndrome du survivant, propres au genre du récit post-apocalyptique, sont récurrents tout au long des huit épisodes : "Dans la série, des personnages sont confrontés à la perte de leurs enfants", ajoute Elizabeth McGovern. "Mon personnage lutte avec la tentation de mettre un terme à sa vie, mais elle fait la rencontre d'une autre mère endeuillée qui finit par faire ce choix terrible. Cet élément fait partie intégrante de l'histoire : choisit-on toujours la vie dans ce genre de situation ?"

    Pour Gabriel Byrne, qui interprète Bill, un scientifique tentant de comprendre l'origine des aliens et de sauver à tout prix son ex-femme, Helen, "la raison pour laquelle l'influence du livre [de H.G. Wells, ndlr] a duré si longtemps, c'est parce que d'une certaine façon, le monde décrit en 1908 est méconnaissable d'un point de vue technologique, mais certains thèmes sont inchangés." La série suscite des interrogations encore plus grandes sur la signification d'être en vie : "qu'est-ce que la force vitale ? Qu'est-ce qui nous permet d'avancer face au désespoir et à la destruction ? Qu'est-ce qui nous fait tenir jusqu'au dernier souffle ?" interroge-t-il. "Parfois, nous sommes plus touchés à travers la fiction que par les faits. Nous devenons insensibilisés face aux flux d'informations... Il est parfois nécessaire de s'élever au-dessus de cela, et de se demander quelles sont les circonstances qui nous ont conduit jusque au monde dans lequel nous vivons. Qu'est-ce qui cause les inégalités de richesses, les flux de réfugiés ? Quel est l'héritage du colonialisme moderne, autrement dit l'impérialisme corporatiste ? Qu'est-ce qui change dans la façon dont nous reçevons l'information ? Nous sommes tellement submergés qu'il nous est difficile d'avoir ne serait-ce qu'une opinion sur un sujet, parce que nos opinions sont inconsciemment biaisés par ce qu'on entend et ce qu'on lit. On ne prend plus le temps d'avoir une véritable vue d'ensemble." 

    Pour l'acteur irlandais, aussi brillant que soient le livre et la série, ils ont lieu à un moment où l'humanité n'a plus le choix, et où la catastrophe a eu lieu. "Mais comment gère-t-on la catastrophe graduelle, celle que nous vivons actuellement avec le réchauffement climatique ?" conclue-t-il sans appel. "Il y a un conflit permanent entre la détermination à survivre de chacun, et notre immense capacité au déni. C'est là qu'intervient la fiction, en ayant le pouvoir de changer nos consciences."

    La Guerres des Mondes, actuellement en diffusion tous les lundis à 21h sur Canal+ :

     

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