Dans son spectacle L'Exoconférence, Alexandre Astier évoque la plaque de Pioneer, objet envoyé dans l'espace au début des années 70 sur lequel étaient gravés des symboles représentant l'humanité. Le but ? Espérer qu'une espèce d'une autre planète tombe dessus et soit informée de notre existence. Une honorable initiative dont l'auteur et comédien souligne pourtant, à juste titre, les limites : qui sait si les extraterrestres auront déjà les capacités physiques pour déchiffrer un tel message ? Et si oui, ne seront-ils pas offensés par les dessins ?
C'est exactement ce dont il est question dans Premier Contact. L'histoire : l'armée américaine recrute une linguiste dans le but d'établir une communication avec des extraterrestres fraîchement débarqués sur Terre. Une étape cruciale donc dans le rapport Hommes/aliens afin éviter toute incompréhension qui pourrait mener à une guerre entre les espèces. N'est-ce pas Tim Burton ?
Se déroule alors sous les yeux du monde entier, et les nôtres, un long et méticuleux processus d'analyse, d'observations et de réflexion mené par ladite linguiste, incarnée par Amy Adams. "Mon personnage étudie la signification anthropologique du langage et de la culture, la manière dont les gens communiquent et dont le langage est né. J’ai lu de nombreux ouvrages sur le sujet et j’ai réalisé que je ne ferais pas une bonne linguiste !" a-t-elle constaté.
Fabriquer une langue
Avant d'en arriver là, il a fallu créer ce langage. Fort heureusement pour Denis Villeneuve, l'auteur Ted Chiang lui a facilité la tâche en décrivant avec précision cette langue dans le roman L'Histoire de ta vie duquel est tiré le film. Inspiré par de véritables principes mathématiques et physiques tels que celui de Fermat, il a ainsi donné suffisamment de matière au réalisateur pour façonner l'élément central du long-métrage.
"Nous voulions créer un langage esthétiquement intéressant. Mais il devait être étranger à notre civilisation, à notre technologie et à tout ce que notre esprit connaît. Lorsque Louise [la linguiste, ndlr] le voit pour la première fois, il ne doit pas immédiatement faire penser au public qu'il s'agit d'une langue" s'est expliqué le directeur artistique Patrice Vermette. C'est le scénariste Eric Heisserer qui a spécifié dans le script que le moyen de communication extraterrestre devrait être circulaire, en rapport avec leur manière de percevoir le temps : de façon non-linéaire.
"Nous voulions que les spectateurs soient aussi surpris et émerveillés que Louise" a déclaré Vermette. Après avoir consulté plusieurs linguistes et graphistes pour concevoir le design de ces symboles, l'équipe a jeté son dévolu sur des dessins produits par sa femme, l'artiste Martine Bertrand. Au final, plus de 100 logogrammes différents ont été créés, représentant un véritable alphabet logique et opérationnel.
Pour finir, et afin de donner un maximum de réalisme à l'histoire, l'équipe a fait appel à un spécialiste de code, Stephen Wolfram. Son travail a été de déterminer les différentes étapes de l'analyse du personnage principal, comme le ferait un.e véritable linguiste. Ses réflexions face aux symboles, ses conclusions et ses réactions : tout le processus développé dans le film est authentique. Ainsi, nul besoin de craindre une invasion extraterrestre, grâce à Denis Villeneuve, l'humanité est prête.
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