De quoi ça parle ?
Durant la Seconde Guerre mondiale, un spectre terrifiant menace la communauté nippo-américaine regroupée dans des camps d'internement au sud de la Californie suite à l'Attaque de Pearl Harbor.
The Terror : Infamy (10 épisodes), développée par Alexander Woo et Max Borenstein
Avec Derek Mio, Kiki Sukezane, Shingo Usami, Naoko Mori, George Takei, Cristina Rodlo, ...
Dès le 16 août en France sur Amazon Prime Video au rythme d'un épisode par semaine.
À quoi ça ressemble ?
Ça vaut le coup d'oeil ?
Après avoir revisité à la sauce surnaturelle une tragédie bien réelle (la disparition dans l'Arctique en 1845 d'une expédition de la Marine Royale britannique ), The Terror, la série anthologique d'horreur produite par Ridley Scott revient dès ce soir sur AMC aux États-Unis, et à partir de vendredi en France sur Amazon Prime Video, pour une deuxième saison qui, une nouvelle fois, se sert d'événements historiques pour nous faire frissonner.
Supervisée par Alexander Woo et Max Borenstein, qui succèdent au créateur de la première saison David Kajganich, cette seconde fournée, intitulée Infamy, nous propulse fin 1941 en Californie, sur la petite île de Terminal Island, où vit une importante communauté japonaise. C'est là que réside notamment la famille Nakayama, que l'on suit au fil des 10 épisodes de la saison, et qui est composée d'Henry (Shingo Usami), un pêcheur, de sa femme Asako (Naoko Mori), et de leur fils Chester (Derek Mio), un étudiant passionné de photographie et de baseball né aux États-Unis, qui rêve de pouvoir vivre librement son amour avec Luz (Cristina Rodlo), sa petite amie d'origine mexicaine qui est enceinte de lui. Une famille dont le quotidien finit par être complètement bouleversé en février 1942 lorsque, suite au bombardement de Pearl Harbor, le président Roosevelt promulgue le décret présidentiel 9066, permettant ainsi au gouvernement américain d'enfermer arbitrairement dans des camps de concentration les membres de la communauté nippo-américaine, dont certains sont soupçonnés d'espionnage. Le début d'une descente aux enfers qui va s'accompagner d'une série de morts étranges provoquées par un esprit vengeur bien décidé à faire payer Chester et ses proches.
Moins glaçante que la première saison, qui reposait davantage sur les codes du survival (malgré une grosse part d'horreur humaine également présente au coeur de l'intrigue), Infamy est avant tout une réussite en tant que drama familial et drame historique. George Takei (Star Trek), qui tient ici un rôle secondaire que l'on aurait aimé voir plus développé, a lui-même connu les horreurs des camps d'internement lorsqu'il avait 4 ans et a servi de consultant sur cette reconstitution impressionnante et fascinante d'une triste page de l'histoire américaine relativement méconnue et trop souvent passée sous silence (au point d'être quasi inexistante dans les manuels scolaires américains). Le soin apporté aux décors, à l'image, aux costumes, et à la bande-son fait de cette deuxième saison un produit haut de gamme, qui doit également beaucoup à une distribution au diapason et à une narration prenante, qui nous fait peu à peu glisser vers l'horreur des camps, certainement plus glaçante que les histoires de fantômes que l'on nous propose en toile de fond. On regrette simplement que le choix de se limiter quasi intégralement à une seule famille ne permette pas toujours de se rendre compte du nombre de personnes envoyées dans ces camps durant les années 1940.
Finalement, c'est sur le plan purement horrifique et surnaturel que cette deuxième saison déçoit un peu. Car si le yurei, l'esprit vengeur issu des croyances populaires japonaises qui persécute les Nakayama, permet d'approfondir de manière plutôt intelligente le propos de la série (notamment en ce qui concerne le fossé qui sépare les Japonais de première génération et ceux de seconde génération, nés aux États-Unis, et enclins pour certains à gommer leur héritage pour être assimilés à la culture américaine), les effets horrifiques et les attaques de ce fantôme capable de posséder les corps tournent vite en rond et semblent avoir été ajoutés, çà et là, sans réel lien avec ce qui se raconte avant ou après, comme si les scénaristes s'étaient souvenus au dernier moment qu'il leur fallait incorporer du sang et de la peur dans cette histoire qui se suffisait pourtant à elle-même. Car sur la base des cinq épisodes que nous avons pu visionner, c'est bien en tant que révélateur de l'horreur du monde dans lequel on vit (à travers les camps, le racisme ambiant visant les Nippo-Américains, ou le désir de suprématie des nationalistes américains sur les immigrés) que The Terror fonctionne le mieux. Parce qu'à la télévision aussi, les monstres bien réels qui nous entourent sont souvent plus terrifiants que les monstres qui peuplent notre imaginaire. Mais si l'on oublie que The Terror est censée faire peur, alors on tient un drame historique de haute volée.