Depuis la sortie de Dans leur regard, Linda Fairstein ne mène pas une existence tranquille. Celle qui est jouée par Felicity Huffman dans la série disponible sur Netflix, subit des campagnes Twitter (#CancelLindaFairstein) et a même perdu son contrat pour son prochain livre. L’ex-procureure s’est en effet reconvertie en autrice de romans pour enfants.
Il faut dire que le portrait qui est fait d’elle dans la série ne la présente pas sous un éclairage très aimable. Elle est responsable de la détention des cinq adolescents injustement accusés du viol d’une joggeuse dans le célèbre parc de la Grosse Pomme, accumule les biais et n’hésite à tordre les règles et les droits des enfants pour les faire entrer dans la case des coupables. Devant les conditions d’interrogatoires, la violence (verbale ou physique) et l’instrumentalisation quasi politique de leur incarcération, la procureure apparaît comme une vile personne opportuniste aveuglée par une soif de revanche.
Seulement Linda Fairstein (la vraie) prétend que depuis l’exonération des cinq adolescents, on pointe du doigt un peu facilement la maigreur de l’enquête et le manque de preuves, chose qu'elle dément. De plus, elle rappelle que les différents interrogatoires ne sont pas déroulés comme dans la série : « Dans leur regard montre de façon répétée que les suspects étaient retenus sans la présence de leurs parents ou d’aides, privés de nourriture et non autorisés à aller aux toilettes. Si cela avait été vrai, ces manquements auraient été rapportés et auraient remis en question la valeur de leurs aveux lors de l’audience préliminaire, de même que lors des poursuites contre la ville. Ils ne l’ont pas fait, parce que ce n’est jamais arrivé ».
De plus, elle reproche à la série de faire omission de certains faits : « les autres charges, pour crime contre d’autres victimes, n’auraient pas dû être évacué. [...] Et il y avait bien plus de preuves que nécessaires pour soutenir ces condamnations pour agression au premier degré, vol, émeute et autres ». Enfin Linda Fairstein accuse Ava DuVernay de s’être tellement concentrée sur l’innocence des Central Park Five qu’elle a négligé « énormément d’éléments à propos du gang des 30 et de la souffrance de leurs victimes ».
L’adaptation en fiction de faits réels est toujours soumise à l’idée de point de vue et dépendante des personnes référentes à qui l’on s’adresse. On doute qu’Ava DuVernay ait engagé une discussion avec Linda Fairstein à l’aune des déclarations de cette dernière. Il demeure malgré tout que les Central Park Five ont injustement purgé une peine de prison pour un acte qu’ils n’avaient pas commis.
