De quoi ça parle ?
Les aventures personnelles et professionnelles de Jane, Kat, et Sutton, trois amies new-yorkaises qui réalisent leur rêve en travaillant pour Scarlet, un magazine féminin à succès. Mais alors qu'elles tentent de trouver leur place au sein de cet univers glamour et sans pitié, elles vont aussi devoir s'accomplir en tant que jeunes femmes, entre histoires d'amour, trahisons, et dictat des réseaux sociaux.
Créée par Sarah Watson. Avec Katie Stevens, Aisha Dee, Meghann Fahy, Sam Page, Melora Hardin...
À partir du dimanche 3 février à 20h50 sur Téva
Le journalisme pour les millenials
A première vue, les héroines de The Bold Type ne sont pas submergées de travail : elles prennent de nombreuses pauses café/thé/redbull, elles passent un certain temps à s'envoyer des textos ou des mails alors qu'elles sont à quelques mètres les unes des autres, elles twittent, elles instagramment, elles snappent toutes les heures... Oui mais elles bossent quand même dur, quitte à multiplier les heures supp' en restant tard le soir et en faisant une croix sur leurs week-ends ! Ces journalistes 2.0 sont finalement assez proches d'une certaine réalité, certes privilégiée et très citadine, mais pas si farfelue que ça si l'on se réfère à des sites comme Buzzfeed, Konbini & co, qui emploient beaucoup de jeunes pousses avides d'expériences et ultra-connectées.
Par ailleurs, la série est en partie inspirée par la carrière de Joanna Coles, ex-rédactrice en chef de Cosmopolitan aujourd'hui âgée de 56 ans et membre du conseil d'administation de Snapchat, qui a exercé le métier de journalistes pendant des années. Les scénaristes l'ont interrogée elle, ainsi que son entourage proche et ses anciens collaborateurs, pour trouver des idées dans ce qu'elle a pu vivre, notamment quand elle était reporter débutante. Jane, Kat, et Sutton sont ainsi d'une certaine manière différentes versions modernes de Joanna, tandis que Jacqueline Carlyle, la rédactrice en chef de Scarlet, se rapproche davantage de ce qu'elle est aujourd'hui.
Le féminisme pop et le progressisme pour tous
Le féminisme, un sujet prise de tête et chiant ? C'est trop souvent ainsi qu'il est labelisé, alors qu'il est pourtant d'une importance capitale. Certainement pas dans The Bold Type qui en propose une version certes moins intellectuelle qu'on ne peut l'aborder traditionnellement dans les médias mais parfaitement accessible. Elle permet de poser les bases auprès d'une jeune génération peut-être pas (encore) sensible à la question. Sans virer pour autant au féminisme pour les nuls et sans se poser en donneuse de leçons, elle se veut engagée, libérée, audacieuce (comme son titre "bold" l'indique), à l'image du magazine fictif Scarlet qui aborde aussi bien les questions de sexualité sous toutes ses formes, que les sujets plus sensibles, parfois polémiques, qui agitent la société (harcélement, slut-shaming, male gaze, égalité salariale...). A noter d'ailleurs que, cerise sur le gâteau, ces articles sont véritablement disponibles sur internet ! C'est ce qui s'appelle aller jusqu'au bout des choses.
De façon plus globale, The Bold Type, qui a aujourd'hui deux saisons à son actif et reviendra prochainement aux États-Unis sur Freeform pour une saison 3, se démarque de ses consoeurs qui ont défriché le terrain comme Sex & The City ou Girls. Elle montre des femmes ambitieuses, qui l'assument, et surtout qui font preuve de bienveillance les unes envers les autres. Pas question de se battre pour attirer les faveurs d'un homme, ce qui ne les empêchent pas de ne pas toujours être d'accord et d'en débattre. En cela, Jacqueline Carlyle est un personnage très loin du cliché dans lequel on la pensait prédestinée : elle n'est pas Le Diable s'habille en Prada, elle est le soutien infaillible des héroïnes, intraitable mais toujours à l'écoute et de bon conseil, qui fait profiter de son expérience plutôt que de craindre d'être poussée vers la sortie par ces filles plus jeunes et talentueuses, qui en veulent. Surréaliste ? Un peu. Le monde est bien plus dur que dans la série, la réalité bien moins idyllique, mais c'est aussi ce qui permet d'en faire un divertissant feel good et novateur.