De quoi ça parle ?
Professeur de littérature dans un lycée populaire de Pennsylvanie, Lou Mazzuchelli est chargé de relancer le département théâtre avant qu'il ne disparaisse. Dévoué et passionné, il décide alors de faire jouer aux ados la célèbre comédie musicale "Spring Awakening", particulièrement osée. Un choix qui ne sera pas sans conséquences pour les élèves et leurs familles, bousculés mais galvanisés...
Créee par Jason Katims. Avec Josh Radnor, Rosie Perez, Auli'hi Cravalho, Amy Forsyth...
Aucune chaîne française n'en a encore annoncé l'acquisition.
"Clear Voices, Full Hearts, Can't Lose!"
Entre 2009 et 2011, deux séries très différentes sur de jeunes ados américains et leurs familles ont cohabité à la télévision américaine : la très émouvante et réaliste Friday Night Lights et la très positive et délirante Glee. Près de 10 ans plus tard, la chaîne NBC propose une sorte de synthèse des deux, imaginée par Jason Katims, qui était déjà la tête de FNL et qui nous a également offert, entre autres beaux cadeaux Roswell et Parenthood. Du côté de l'équipe artistique, deux producteurs très en vogue (Jeffrey Seller et Flody Suarez) depuis le succès phénoménal de leur comédie musicale hip-hop Hamilton, qui attire les foules à Broadway.
Le point de départ de Rise est très proche de celui de Glee : un professeur passionné qui prend en main un département artistique en train de mourir, une rivalité avec l'équipe de football à qui tous les budgets sont alloués, des jeunes qui ont besoin d'être poussés pour prendre la pleine mesure de leurs talents et s'autoriser à rêver... Mais une façon diamétralement opposée d'écrire les situations et les personnages, tout en délicatesse. Rise cherche l'authenticité, et elle la trouve notamment dans l'histoire vraie qui l'a inspirée. Le héros de la série, Lou, a véritablement existé et il a raconté son histoire dans le livre Drama High. Il a été le professeur de théâtre d'une école de Pensylvannie pendant 44 ans et a amené quelques unes de ses troupes au sommet.
De la même manière que Friday Night Lights n'était pas, contrairement aux apparences, une série sur le football, Rise n'est pas une série sur la musique. Il n'y a d'ailleurs pas de véritable numéro dans le pilote, quelques extraits simplement, des auditions ratées et d'autres réussies, un chant au coin du feu... La série veut surtout raconter son époque avec un mélange de réalisme, de bienveillance et d'optimisme, qui sied parfaitement aux attentes du public d'aujourd'hui, en mal de douceur.
La petite musique de l'Amérique...
Avec la même mélancolie qui traverse la plupart des oeuvres de Jason Katims, et qui n'est pas sans rappeler une certaine This Is Us -qu'elle a la lourde tâche de remplacer pendant les prochaines semaines sur la grille de NBC- Rise possède la petite musique de l'Amérique dans toute sa splendeur mais aussi dans toute sa laideur. La ville dans laquelle se déroule l'action, industrielle mais en déclin, est représentative de l'Amérique qui vote Trump et qui a le sentiment de ne pas exister aux yeux des élites. Celle de "la ceinture de la rouille" ("rust belt") que le pouvoir a délaissé pendant trop longtemps et qui cherche à se faire entendre.
Pour autant, il n'est pas question de moquer ces américains, ni de les convaincre qu'ils ont fait une erreur. Katims indique explique dans un article sur EW qu'il a écrit pour raconter son projet : "Je voulais montrer que cette ville et ses habitants existent, je voulais leur donner la parole, les cajoler, les célébrer." De la même façon, Josh Radnor, le Ted Mosby de How I Met Your Mother qui interprète ici le professeur avec brio, tenait en acceptant ce rôle à "travailler sur un projet qui puisse me rendre fier et dont je savais qu'il prenait un sens, une importance, dans notre monde."
Rise tient également à mettre en avant l'importance de la culture, dont les budgets ne cessent d'être réduits, notamment à l'école. Et l'administration Trump n'a certainement pas arrangé les choses. De dire combien elle est importante. Les jeunes héros de la série ne deviendront pas des stars de Broadway, n'enregistreront pas de disques, ce n'est pas là l'ambition, mais ils auront pu s'exprimer à travers la chanson et grandir, davantage comprendre le monde en exprimant leurs émotions et en intégrant celles des autres. Rise c'est surtout un chant d'espoir au beau milieu d'une Amérique en crise, terrorisée. Et c'est là toute la beauté du projet, que l'on espère voir perdurer des années...