Badass, anti-conformiste, puissante et toujours prête à répliquer, Jessica Jones n’est pas comme les autres. Elle n’est pas sans rappeler l’une des héroïnes pop les plus influentes de ces dernières générations : Buffy, la tueuse de vampires.

QUI EST BUFFY ?

C’est en 1998 que Buffy Summers, interprétée par Sarah Michelle Gellar, débarque à Sunnydale et dans notre petite lucarne par la même occasion dans la regrettée Trilogie du Samedi sur M6. D’apparence ordinaire, la jeune lycéenne qui s’affaire en classe, s’intéresse aux garçons du bahut et traîne au Bronze a d’autres chats à fouetter la nuit tombée. Elle endosse ainsi son rôle d’Élue, la seule et l’unique, choisie pour combattre les vampires, les démons et autres forces du Mal.

Avec sept saisons au compteur, truffées de combats légendaires, d’intrigues intelligentes et progressistes, de répliques assassines et de personnages bien écrits, Buffy a ouvert une voie importante pour les héroïnes modernes telles que Jessica Jones. Comme sa prédécesseure, la détective privée a un sacré franc parler, ne revêt pas de costume en latex, ne compte pas ses coups, ne se laisse pas faire et, surtout, ne suit aucune règle.

DES ANTI-HÉROÏNES BIEN ENTOURÉES

À l’opposé même de l’archétype d’une gentille super-héroïne affublée d’un super-nom avec le sens aigu du devoir et des responsabilités, Jessica Jones est comme Buffy, une superwoman qui n’a choisi ni sa vie ni ses pouvoirs. D’ailleurs, son côté humain et random est plus exploité dans la série que ses pouvoirs (parmi lesquels aucun éclair, laser ni invisibilité) et c’est ce qui fait d’elle une digne héritière de Buffy pour les millenials. Les deux peuvent compter uniquement sur leur force surhumaine qu’elles ont acquise contre leur gré à l’adolescence.

Toutefois, elles sont aidées par un petit groupe de proches dans leurs missions et autres enquêtes. Si Buffy pouvait compter sur son Scooby gang, composé d’Alex, Willow, et Giles pour les plus proches, Jessica, de son côté, peut s’appuyer sur sa sœur adoptive Trish, son voisin Malcolm et sa boss Jeri. Les deux jeunes femmes vivent aussi des histoires d’amour compliquées même si leurs mecs respectifs (Angel, Riley et Spike pour Buffy et Luke Cage pour Jessica) leur viennent en aide quand ils le peuvent.

DES TRAJECTOIRES PSYCHOLOGIQUES SEMBLABLES

Malgré des équipes de choc, Buffy et Jessica ressentent une certaine solitude dûe à leurs capacités extraordinaires. Elles ont beau sauver des innocents à longueur de journée, elles ressentent un certain complexe et ne se présentent jamais comme de véritables héroïnes parfaites. Ce sont leurs failles et leurs fêlures, toujours traitées avec justesse, qui les rendent si intéressantes et si authentiques. Buffy a traversé de lourdes épreuves : un père absent, un compagnon violent, une mère décédée, une sœur attribuée de force, deux morts, une tentative de viol…

Quant à Jessica Jones, jouée par Krysten Ritter, sa famille est morte dans un accident de voiture dont elle se tient pour responsable. Elle a été abusée psychologiquement, physiquement et sexuellement par Kilgrave pendant des mois. La série Netflix s’aventure sur l’épineuse question du stress post-traumatique que Jessica essaie tant bien que mal de gérer. Ce passage douloureux a amplifié le sarcasme et la combativité de notre héroïne mais l’a aussi rendue alcoolique.

UN SCHÉMA NARRATIF EFFICACE

Chaque saison de Buffy était rythmée par un super méchant (le Maître, le Maire, Adam, Gloria, entre autres) que la Tueuse terrassait toujours à la fin. Mais avant chaque affrontement final, elle s’occupait de dégommer deux ou trois démons dans des histoires annexes. Marvel’s Jessica Jones semble prendre le même chemin puisque le super méchant de la première saison n’est autre que Kilgrave, alors que son boulot de détective privée l’amène à se frotter à quelques protagonistes bien costauds.

Force est de constater que la vie des deux héroïnes n’est jamais de tout repos. En même temps, Buffy a atterri à Sunnydale alias la Bouche de l’Enfer, point d’origine et de convergence des forces du Mal. Quant à Jessica, cette dernière habite dans le quartier d’Hell’s Kitchen (littéralement "la cuisine de l’enfer") à Manhattan, comme ses compères Luke Cage et Daredevil. Intéressante, cette coïncidence. Inutile de dire qu’on ne conseille pas ces deux lieux diaboliques pour partir en vacances...

POURQUOI SONT-ELLES DES MODÈLES ?

Super femmes extraordinaires, fortes, imparfaites, Jessica Jones et Buffy Summers partagent beaucoup de points communs. Chacune d’entre elles est bien ancrée dans son époque mais traite de questions intemporelles sur les femmes. À travers l’adolescence pour l’une et par un chemin plus adulte pour l’autre, Buffy et Jessica sont des modèles d’empowerment féminin, elles luttent contre le système établi, s’affranchissent des codes et des normes de la société et prennent l’ascendant sur des ennemis pervers.

Rien d’étonnant à ce que la série Buffy contre les vampires, avec qui une génération d’adolescents a grandi, soit étudiée dans les universités américaines. Véritable inspiration académique, les Buffy Studies s’attardent sur tous les aspects du show, qu’ils soient sociologiques, psychologiques ou philosophiques. Le public peut s’identifier à ce genre de personnages surtout lorsqu’ils sont aussi bien écrits et puissants que sont ces deux anti-héroïnes. En tout cas, Jessica Jones est bien partie pour marcher sur les traces de sa grande sœur...

La saison 2 de Marvel's Jessica Jones est disponible sur Netflix.