Synopsis : Viré de la PJ pour insubordination, Antoine Verlay, flic opiniâtre et un brin sanguin, est rattaché à l’OCBC (Office central de lutte contre le trafic des biens culturels) grâce à l’influence de Pardo, son ami et désormais patron. Excellent enquêteur mais franchement inculte, Antoine fait équipe avec Florence Chassagne, historienne de l’art réputée à l’imagination débordante. Elle a l’art, il a la manière. Ensemble, ils vont assembler les pièces d’énigmes artistiques et résoudre des crimes.
Tous les vendredis à 21h sur France 2 à partir du 17 novembre
Après Candice Renoir, Les Petits meurtres d'Agatha Christie, ou encore Cherif, France 2 lance demain une nouvelle fiction policière dans sa case du vendredi soir : L'Art du crime. Une série portée par le duo Nicolas Gob-Eléonore Bernheim, qui nous emmène dans l'univers de l'art et des musées via les enquêtes à la fois ludiques et prenantes d'un flic un peu inculte mis au placard et d'une historienne de l'art un brin loufoque. Avec à la clé un double pari pour la chaîne : apporter quelque chose de neuf au schéma vu et revu du duo d'enquêteurs mal assortis, et parvenir à parler d'art en prime-time sans jamais tomber dans le pompeux. En restant toujours accessible et divertissant.
Un duo à la Castle... avec un twist contraphobique !
"Florence Chassagne et Antoine Verlay, c'est deux solitudes qui se rencontrent", nous avoue la comédienne Eléonore Bernheim lors d'une présentation de la série à la presse dans les couloirs déserts du Louvre (là où a été tournée une partie des épisodes), un jour de fermeture. Elle, l'historienne fille d'un expert en art (campé par le très bon Philippe Duclos vu dans Engrenages), "légèrement" névrosée et phobique, qui accepte sa part d'imaginaire et se laisse aller à des rêveries dans lesquelles elle s'imagine en train de parler aux peintres les plus célèbres de l'Histoire... afin d'oublier sa vie affective quelque peu désertique ? Lui, le flic instinctif et bourru à la vie personnelle compliquée, qui ne connaît rien à l'art et voit sa mutation à l'OCBC comme une vraie punition. Et c'est de ce duo que tout oppose que va naître l'un des attraits majeurs de la série, de par l'alchimie assez incroyable entre Eléonore Bernheim, encore assez peu connue du grand public, et Nicolas Gob, que l'on a plaisir à retrouver après Les Bleus, premiers pas dans la police, Un Village français, et Chefs.
En reprenant le schéma classique du duo dans les séries, très familier des fans de Castle, de Bones, du Mentalist, ou encore de X-Files, L'Art du crime ne révolutionne rien, mais parvient tout de même à apporter un touche d'originalité bienvenue grâce à la relation assez spéciale qui se noue entre les deux héros. "Antoine a besoin de Florence pour résoudre ses enquêtes parce qu’il est absolument nul en art", explique la créatrice de la série, Angèle Herry-Leclerc. "Et elle aussi est liée à lui car est acrophobe, elle est victime de vertiges à tous moments. Et elle s’est rendue compte avec sa psy que la seule chose qui l’empêchait d’avoir ces vertiges c’est un objet contraphobique. Qui peut également être une personne. Et son objet contraphobique c’est lui, c'est Antoine. Et c’est une des clés qui fait qu’ils doivent être ensemble". Une révélation (Florence parvient à affronter ses phobies en présence d'Antoine) qui fortifie leur relation de co-dépendance et promet pas mal de scènes de comédies tout au long des 6 épisodes de cette première saison.
Alors évidemment, de la à penser que Florence Chassagne et Antoine Verlay finiront par tomber dans les bras l'un de l'autre après quelques saisons, il n'y a qu'un pas... et les scénaristes le savent très bien. "Nous jouons avec les codes, et ce qui nous amuse dans ce jeu-là c'est qu'il y a effectivement un Clair de lune entre ceux deux-là, mais qu'ils n'en sont pas conscients", confie Pierre-Yves Mora, co-créateur de la série avec Angèle Herry-Leclerc, en faisant référence à la série des années 80 Clair de lune (avec Bruce Willis et Cybill Shepherd), qui a longtemps joué sur l'attirance entre ses deux héros, avant de voir ses audiences sombrer une fois le couple formé.
"La singularité de la série c'est l'art"
Tournée en partie au Louvre l'hiver dernier, L'Art du crime trouve sa vraie originalité dans la thématique qu'elle explore (l'histoire de l'art et la peinture), et dans le fait d'y associer des enquêtes criminelles. Une formule assez inédite qui vise évidemment à divertir, grâce à un genre chouchou des téléspectateurs (la série policière) et à de vrais moments de comédie. Mais qui tente aussi de nous apprendre des choses au fil des tableaux, et des peintres, croisés tout au long de la saison. "La singularité de la série c'est l'art. On a créé ce personnage de flic qui n'y connaît rien en peinture car c'est notre porte d'entrée", révèle Pierre Yves-Mora. "On est tous des Antoine Verlay. Il nous décomplexe par rapport à l'art". Et nous entraîne avec lui dans ses enquêtes, sur les traces de mystères liés, d'une manière ou d'une autre, aux tableaux de Géricault, d'Antoine Watteau, ou de Léonard de Vinci. Comme au cours des deux premiers épisodes, centrés sur la découverte d'un cadavre dans les jardins du château d'Ambroise et sur le vol d'un tableau qui pourrait renfermer une toile inestimable peinte par celui à qui l'on doit La Joconde.
Un petit pari pour France 2, qui fait donc le choix d'un univers un peu déconcertant au premier abord, loin des fics américains ou des serial killers de Profilage. "Nous avons cette ambition de parler d'art aujourd'hui en prime-time en fiction, sans que cela devienne une leçon", confie Fanny Rondeau, la directrice de la fiction de France 2. "C'est un univers très fort, nouveau, et particulier. Notre défi c'est d'en faire un spectacle, quelque chose de très ludique, pour le vendredi soir. (...) C'est avant tout un divertissement, avec ses codes de divertissement, de plaisir de la comédie, et de comédie sentimentale qui affleure". Et si l'on se base sur les 6 épisodes de cette première saison, le pari est plutôt rempli puisqu'on s'attache rapidement aux personnages de Florence et Antoine, très bien interprétés par Eléonore Bernheim et Nicolas Gob, qui s'imposent comme les points forts de L'Art du crime.
Qui ne font pas totalement oublier un format un peu étrange et daté dans la construction même de la saison. En effet, chaque enquête s'étale sur 2 épisodes de 52 minutes... ce qui ressemble donc davantage à du 90 minutes déguisé. Un choix suprenant, à un époque où le 90 minutes a quasiment disparu en série télé en France et où des séries comme Clem ou Une Famille formidable ont enfin délaissé ce même format d'épisodes découpés en deux parties de 52 minutes chacune (intitulées "partie 1" et "partie 2") pour du 52 minutes pur. Les enquêtes de L'Art du crime peuvent donc par moments paraître un peu longues, en comparaison avec le rythme de ce qui peut se faire ailleurs, mais les auteurs assument ce choix à 100% : "Comme nous tenions à ce que la partie artistique de l'intrigue ait une certaine ampleur, on s'est rendu compte qu’il nous fallait ces 2 épisodes à chaque fois pour la traiter en même temps que l’intrigue policière et la partie comédie sur notre duo. On avait besoin de cet espace d’une soirée pour pouvoir vraiment donner cette ampleur. Donc ça s’est imposé de le faire en 2 fois 52 minutes".
Reste maintenant à savoir si les téléspectateurs de France 2, amateurs des séries policières du vendredi soir, se laisseront emporter dans les mystères du Louvre et dans les aventures de ce duo attachant, dans la veine de Rick Castle et Kate Beckett. Car ce qui est certain c'est qu'en cas de succès une saison 2 verra le jour puisque de nouveaux épisodes sont déjà en écriture et ne demandent qu'à être commandés par la chaîne.
Un extrait de L'Art du crime, qui débute ce vendredi à 21h sur France 2 :