BROADCHURCH - LA SAISON 3 ENGAGEE
Synopsis : Patricia Winterman, caissière de supérette d'une quarantaine d'années, a été ligotée, torturée et violée lors d'une soirée arrosée. Les premiers éléments indiquent qu'un prédateur sexuel se cache dans la communauté, apaisée mais toujours meurtrie, de Broadchurch. Et si ce n'était ni son premier ni son dernier crime ? Alec Hardy et Ellie Miller enquêtent...
ACTUELLEMENT SUR FRANCE 2
Pourquoi elle est importante : Alors que les violences faites aux femmes sont (enfin) au coeur du débat en France, à Hollywood, comme partout ailleurs, la saison 3 de Broadchurch prend le sujet à bras-le-corps et ne se contente pas de raconter une affaire de plus. Il y a bien sûr cette horrible agression sexuelle comme point de départ de la saison, traitée avec l'empathie, la justesse et le sérieux nécessaires, mais il y a surtout ce qui est dit en creux sur la société patriarcale par le prisme de cette ville et de ses habitant(e)s, parfaitement représentatifs de ce qui se joue à l'échelle mondiale.
Les femmes de la série sont ainsi plus que jamais au coeur du récit. Toutes différentes, elles bénéficient de portraits soignés et précis, qui ne cherchent ni à en faire des anges, ni à n'en faire que des victimes des hommes. Elles ne sont pas forcément aimables, elles ne correspondent pas forcément aux canons de beauté. Elles sont réelles. Ainsi, Ellie Miller refuse d'être réduite aux yeux des gens et notamment de ceux des suspects comme "la femme du violeur". Elle souffre, mais elle avance. Il va sans dire qu'Olivia Colman est à nouveau impeccable. Trish, la victime de viol, est par ailleurs une femme volage. Et alors ? La série bouscule les stéréotypes et comme toujours s'amuse à déconstruire les apparences.
En plus d'évoquer la sexualité dans tout ce qu'elle peut avoir de destructeur quand elle est utilisée à des fins perverses dans des rapports de domination et de pouvoir, cette salve d'épisodes traite également de la protection des mineurs, tant à travers le pouvoir de la pornographie sur les jeunes générations qu'à travers le harcèlement scolaire dont le fils d'Ellie est victime. Une preuve supplémentaire, s'il en fallait une, que Broadchurch est une série d'utilité publique, qui sous ses airs de thriller policier est surtout une oeuvre sociale et politique.
LIAR - QUI EST LA VICTIME ?
Synopsis : Très investi dans son travail, le chirurgien renommé Adam Earlham se décide - encouragé par son fils à sortir - à proposer un rencard à Laura Nielson, professeur fraîchement célibataire et soeur d'une de ses collègues. La soirée semble se passer à merveille. Et pourtant, au petit matin, Laura, choquée, prétend avoir été violée. Rien ne laissait présager un tel drame. Andrew, surpris par les accusations, clame son innocence. Lequel des deux ment ? Une chose est sûre, l'affaire va avoir des répercussions sur l'entourage respectif des deux intéressés.
PROCHAINEMENT SUR TF1
Pourquoi elle est importante : En évitant soigneusement de tomber dans le voyeurisme grâce à un montage malin, Liar démarre sur un épisode très fort et intimiste, qui n'est pas sans rappeler la subtile mise en scène de Broadchurch. Mais la série d'ITV vient y ajouter une narration moderne, entre flashbacks et flashforwards, qui permet de créer un véritable suspense lors des trois premiers épisodes. Qui ment ? Lui ou elle ? Y'a-t-il vraiment eu viol ? La fin du troisième épisode nous donne une réponse sans équivoque, qui fait basculer la série dans un tout autre genre, dont on ne dira rien ici pour ne pas divulgacher l'intrigue.
Ainsi, Liar expose les difficultés rencontrées par les femmes lorsqu'elles osent raconter ce qu'elles ont vécu, plus encore lorsqu'elles portent plainte. Le fait que ce soit vrai ou non ne change finalement rien à l'affaire : il y aurait une tendance à ne pas les croire. Le téléspectateur, qui ne sait donc pas la vérité, se retrouve dans une position délicate, déstabilisante, à ne pas savoir pour qui prendre parti. Sauf que cette fois, il ne peut pas fermer les yeux et passer à autre chose, comme cela arrive bien souvent dans la vie. La tentation de ne pas croire le récit de la jeune femme (Joanne Froggatt) est grande, quelques indices et manipulations laissent à penser qu'elle est peut-être folle, mythomane... Quant à lui (Ioan Gruffudd), si charmant, est-il vraiment capable d'un acte si atroce ?
Liar a ses défauts -une deuxième partie moins forte et surtout moins bien écrite- mais elle a le mérite d'aborder un sujet extrêmement délicat. Et devant un nombre de téléspectateurs important puisque le succès a été au rendez-vous en Angleterre.
THREE GIRLS : LE FAIT DIVERS QUI A SECOUE L'ANGLETERRE
Synopsis : Entre 2008 et 2012, neuf hommes ont été condamnés pour avoir violé des jeunes filles mineures dans la ville de Rochdale. Trois d'entre elles racontent leur expérience traumatisante, leur innocence brisée...
PROCHAINEMENT SUR ARTE
Pourquoi elle est importante : Three Girls, c'est la transposition rigoureuse, minutieuse, quasi journalistique, d'un fait divers réel qui a secoué l'Angleterre, raconté du point de vue des victimes. Plus encore qu'une "banale" affaire de viol, il s'agit d'un véritable trafic sexuel, d'un réseau de prostitution dévoilé au grand jour puis démantelé non sans difficultés par une poignée de personnes courageuses, issues de la société civile et non des autorités, lesquelles sont montrées comme dépassées, empêchées, pour ne pas dire négligeantes. Pas question ici de romancer ou de verser dans le sensationnalisme souvent lié à ce type de scandale. Tout est vrai et tout est montré de manière crue, réaliste, un peu à la manière du travail de Ken Loach au cinéma : sans concession.
Le premier épisode nous plonge dans l'horreur de ce que ces filles ont vécu, bien souvent sans même s'en rendre compte sur le moment, montrant bien à quel point l'engrenage est rapide et cruel. L'objectif, c'est évidemment de prévenir les adolescents autant que les parents des dangers. Le second épisode montre bien la détresse de l'une des filles, celle qui a osé libérer la parole, et qui se retrouve face à l'incrédulité de sa famille comme celle de la police. Le troisième est celui du procès, et de l'illustration des défaillances du système judiciaire. Diffusée sur la BBC, Three Girls relève de la mission de service public, assurément.
APPLE TREE YARD : CELLE QUI A FAIT POLEMIQUE
Synopsis : Yvonne Carmichael, une scientifique reconnue, mère de deux enfants, voit sa vie tranquille complètement chamboulée lorsqu'elle débute une liaison passionnée et inattendue avec un homme dont elle ignore la véritable identité.
PROCHAINEMENT SUR ARTE
Pourquoi elle est importante : Moralement complexe, incomprise par une partie du public à cause de maladresses dans l'écriture, Apple Tree Yard n'est pas une oeuvre exemplaire mais elle reste néanmoins intéressante. Le jeu d'Emily Watson, l'actrice révélée par le film Breaking The Waves, est remarquable de nuances et de sobriété. Elle y incarne une quinquagénaire en quête d'émancipation, à la recherche d'une féminité et d'un désir perdus, qui va être brisée par un viol, commis par l'un de ses proches collègues. Et c'est sur ce point précis que la série a fait polémique outre-Manche, au point certainement de brouiller son message, pourtant essentiel.
Cette scène de viol qui intervient à la fin du premier épisode a été vivement critiquée, notamment par plusieurs organisations d'aide aux victimes qui lui reprochaient d'être "atroce et navrante". En d'autres termes : sensationnaliste. Ce à quoi la production et la chaîne ont répondu qu'elle avait été documentée, qu'un grand soin y avait été apporté afin qu'elle soit le reflet de la réalité. Un avertissement était d'ailleurs présent en début d'épisode.
Comme Liar et Apple Tree Yard, mais dans un contexte différent, elle montre à quel point la libération de la parole est difficile pour la victime qui devient alors socialement, aux yeux de tous, "la femme violée", et même quand la femme en question évolue dans un milieu favorisé, qu'elle est accomplie dans sa vie professionnelle. Là encore, une série indispensable pour comprendre.
DOCTOR FOSTER : LE THRILLER FEMINISTE MAGISTRAL
Synopsis : Tout le monde dans le village fait confiance au docteur Foster. Mais la vie de la mère de famille est sur le point d'exploser lorsqu'elle apprend que son mari entretient une liaison avec une jeune femme depuis plusieurs mois. Débute alors pour elle une véritable descente aux enfers qui va la mener très loin...
LA SAISON 2 A PARTIR DU 14 NOVEMBRE SUR C8
Pourquoi elle est importante : Traiter le thème éculé de l'adultère sous forme de thriller, aucune série avant Doctor Foster n'avait osé, sans doute parce que c'était entrer en terrain miné, et le pari a été relevé avec brio. Enorme succès amplement mérité en Grande-Bretagne il y a trois ans, la série est revenue cette année avec une saison 2 -qui paraissait pourtant inutile sur le papier- tout aussi réussie et tordue que la première, encore plus noire et fascinante, d'une incroyable intensité. Suranne Jones, dans le rôle de l'héroïne, est bluffante scène après scène, tantôt flippante, tantôt bouleversante, et toujours d'une justesse sidérante.
Mais alors quelle pierre apporte Doctor Foster à l'édifice ? Elle est tout simplement profondément féministe, au-delà de la couche de rebondissements qui pourrait la faire passer pour un "simple divertissement" addictif. Le personnage de Gemma semble se venger de son mari au nom de toutes les femmes. Pas contre tous les hommes, mais contre ces hommes-là. Gemma est violentée par son mari au cours de la saison 1 et cela ne restera pas sans conséquences. Le fils de Gemma devient lui-même l'auteur d'un geste violent à l'égard d'une jeune fille dont il est amoureux et en découlera une conversation exemplaire entre la mère et le fils. Ce sujet des violences faites aux femmes est ainsi traité à plusieurs reprises avec le plus grand des sérieux au milieu du mélo.
La bande-annonce de la saison 1 de Doctor Foster :