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    Les Témoins : une saison 2 encore plus réussie que la première ?

    Deux ans après la première saison, le polar "Les Témoins" est de retour sur France 2 pour huit épisodes haletants à découvrir tous les mercredis soirs. Nous avons rencontré le co-créateur Hervé Hadmar qui nous raconte cette saison 2...

    Synopsis de la saison 2 : L’amour est-il le plus grand des dangers ? Une route de campagne le long de la mer du Nord le premier jour du printemps. 15 hommes morts, congelés, retrouvés sagement assis dans un bus. Catherine Keemer : une femme mystérieuse, amnésique, découverte le lendemain, dans sa voiture, 100 km plus loin. Les 15 victimes dans le bus : la totalité des hommes qui ont, pour une nuit ou pour un an, partagé son amour. Sandra Winckler, une flic maniaque et obsessionnelle qui ne supporte les mystères que lorsqu’ils sont résolus. Sandra Winckler et Catherine Keemer : deux femmes qui vont devoir s’unir pour le meilleur et contre le pire.

    Créée par Hervé Hadmar & Marc Herpoux. Avec Marie DompnierAudrey Fleurot, Jan Hammenecker...

    Tous les mercredis soirs sur France 2 

    A l'image du générique envoûtant, qui reste le même à un détail non sans importance près -des enfants bizarres remplacent le grand méchant loup- la saison 2 de Les Témoins reprend les ingrédients qui ont fait la qualité et le succès de la première. Exigeante et grand public, efficace et sombre, divertissante et réfléchie, elle explore plus en profondeur encore son héroïne, toujours plus humaine et attachante, sur le thème de l'instinct maternel et de la filiation après que Sandra ait "tué le père" en saison 1.

    Toujours d'une grande justesse, Marie Dompnier est rejointe par Audrey Fleurot, la flamboyante reine des séries françaises, particulièrement convaincante en femme amnésique au passé trouble. Un duo féminin à la Thelma et Louise, rare à la télévision, qui prend les routes brumeuses de Normandie, jamais loin de la mer du Nord, à la recherche d'un serial killer qui semble tuer par amour... de l'amour; et qui les pousse à se chercher elles-mêmes, à fouiller leurs passés, à se retrouver peut-être. Souvent borderline, les deux femmes complices étonnent constamment et nous embarquent aisément dans leur aventure.

    Si l'enquête rythmée de scènes d'action et de révélations est captivante, parfaitement maîtrisée et cohérente, tout en parvenant à s'éloigner des modèles du genre pour trouver sa propre identité, les séquences de la vie quotidienne, familiales ou amoureuses, l'ancrent dans la réalité et offrent des respirations bienvenues face à la noirceur aspirante. Les références à la mythologie grecque, qui viennent certes souligner les thématiques, peinent à trouver naturellement leur place dans le récit, bien qu'elles correspondent au style des créateurs, jamais loin de la fantasmagorie.

    La tentative ambitieuse de la première saison -faire une série entre le thriller américain et le polar Nordique en restant très français- est cette fois totalement réussie et pleinement exploitée. Cette deuxième salve, particulièrement riche, parvient ainsi à dépasser la première. Elle mérite tout autant de succès, si ce n'est plus encore.

    L'INTERVIEW DU CO-CREATEUR ET REALISATEUR HERVE HADMAR

    AlloCiné : Peut-on voir la saison 2 sans avoir vu la saison 1 ?

    Hervé Hadmar : Totalement. On a fait en sorte que ce soit possible. 

    Comment vous résumeriez le principe de la série à ceux qui ne l'ont pas encore vue ?

    Les Témoins, c'est avant tout l'histoire de Sandra Winckler. Et avant d'être flic, elle est une femme. A chaque saison, il y a un mystère à résoudre, amené par un guest, et en résolvant ce mystère, Sandra va évoluer dans sa vie de femme et sa vie de flic. La nouveauté, c'est que l'on est passé de 6 à 8 épisodes et ça implique une écriture différente. On a plus de place pour développer les personnages secondaires et leur humanité. Sur six épisodes, on est plus esclave du rebondissement et de la culture du cliffhanger.

    C'est votre première saison 2 alors que Pigalle et Signature n'en ont pas eu et qu'Au-delà des murs était une mini-série. L'avez-vous appréhendée différemment ?

    On commence à parler de série à partir d'une saison 2. Une saison 1 ce n'est qu'une tentative de série. Ce qui est bien avec la saison 2, c'est qu'on peut faire le bilan de ce qui a marché et de ce qu'on a raté auparavant. On se nourrit aussi des retours des téléspectateurs et des critiques. On démarre sur des acquis, des personnages, une identité. Ce qui est passionnant c'est de faire évoluer les choses et pouvoir améliorer la série. 

    Quels sont les retours que vous avez eus justement ?

    Des retours très positifs. Il y a une reponsabilité : on sait qu'on a une série plutôt grand public alors Marc et moi devons trouver un moyen de concilier cette exigence-là à notre univers très sombre. Les Témoins a été vendue dans 71 pays et pas pour être diffusée à 2h du matin sur une chaîne obscure donc on avait de retours de l'international aussi, assez différents des retours français d'ailleurs. Chez nous, elle est considérée comme une série mainstream. Pas à l'étranger. On est comparé à The Killing ou Bron, à quelque chose de plus osé que la moyenne. Il fallait absolument garder cette spécificité-là. 

    Deux ans se sont écoulés depuis la saison 1. Y'avait-il une pression de la part de France 2 à la livrer le plus rapidement possible ?

    C'est nous qui nous somme mis la pression, en fait. On aurait livré la saison 2 plus vite si on n'avait pas fait Au-delà des murs entre temps. C'était beaucoup de post-production notamment. J'ai perdu un an. Mais je suis content : au final j'ai livré 17 épisodes de séries en 2 ans et demi. C'est énorme. L'enjeu industriel est fort. La série ça n'a d'intérêt que si on peut livrer 6 ou 8 épisodes tous les 18 mois. On y est presque avec Les Témoins. Quelques-uns en France y arrivent déjà, comme Un Village Français ou Le Bureau des Légendes. Après, je suis un petit artisan comparé à eux. Je réalise tous les épisodes tout seul. 

    Le personnage de Justin, plus présent en saison 2, apporte beaucoup d'humour, de décalage. C'est aussi ce qui fait la différence entre Les Témoins et d'autres polars du genre...

    On avait l'envie et l'ambition d'avoir du second degré. On en a injecté un peu. L'histoire que l'on raconte est très noire donc il fallait un peu de lumière aussi. On avait envie de donner plus de place aux enfants de Sandra également. On voulait des scènes familiales. 

    Les enfants sont d'ailleurs des personnages à part-entière, comme c'est rarement le cas à la télévision française.

    J'ai un petit garçon de 12 ans et demi et il m'a un peu influencé sur l'écriture de cette saison. A cet âge, les enfants sont toujours des enfants mais sont aussi des personnes constituées, responsables et parfois matures. J'ai des conversations avec mon fils que moi j'aurais été incapable de tenir à 12 ans. J'avais envie d'évoquer ça.

    Le choix d'Audrey Fleurot pour "remplacer" Thierry Lhermitte s'est imposé à vous ou c'est le fruit d'un casting ?

    On n'a pas pensé à Audrey tout de suite mais je la connaissais depuis quelques années car l'on avait approchée pour la saison 2 de Pigalle La Nuit qui ne s'est pas faite. C'est une grande fan de séries. On ne parle que de ça quand on déjeune ensemble, de ce qu'on aime et de ce qu'on déteste. On a réfléchi à qui pouvait incarner ce personnage très mystérieux et amnésique de Catherine Keemer. Il fallait une grande comédienne, connue du public, qui puisse s'intégrer à notre univers et faire face à Marie Dompnier. C'est au milieu de l'écriture, quand j'ai commencé à comprendre qui était ce personnage, que je me suis dit qu'Audrey Fleurot serait formidable.

    Et à partir de ce moment-là, est-ce que ce choix a influé sur votre écriture ?

    Tant que je ne lui avais pas proposé, tant qu'on n'avait pas son accord, je me suis refusé à le prendre en compte. Quand elle a manifesté son intérêt, j'ai modifié des choses dans le script pour que ça lui convienne mieux. Mais pas plus que ça.

    On avait beaucoup comparé la saison 1 à Broadchurch. Cette saison 2 semble plus urbaine initialement...

    D'abord, on ne pouvait pas rester au Tréport car s'il y avait deux histoires de dingue comme ça se passant là-bas, personne n'y aurait cru. C'est la suite mais on voulait quelque chose de différent, de plus urbain effectivement, même si au fur et à mesure de la saison on va vers la côte, on passe par le Mont St Michel, on remonte jusqu'à Boulogne-sur-Mer. 

    Vous aviez un projet pour M6, La Réserve. Où en est-il ?

    Il s'est arrêté. C'est nous, les auteurs, qui avons décidé d'arrêter pour être plus précis. Avec M6 il n'y avait pas de problème mais avec la production... disons que l'on n'avait pas envie de faire la même chose. Il pourrait renaître ailleurs mais j'ai beaucoup d'autres projets avant.

    Propos recueillis par Jean-Maxime Renault le 16 février à Paris

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