N'en déplaise à ses détracteurs : il faudra désormais compter avec The Rock. Loin d'être un simple "Nouveau Monsieur Muscles", l'ancien catcheur a su faire preuve d'un réel talent de comédien depuis ses débts dans Le Retour de la momie et Le Roi Scorpion. Bienvenue dans la jungle, Tolérance zéro, Be Cool : autant de films dans lesquels ce gentil colosse a pu évoluer, jusqu'au très attendu Southland tales de Richard Kelly (Donnie Darko) qu'il nous annonce lui-même au prochain Festival de Cannes ! A l'occasion de la sortie de Doom, le comédien s'est très gentiment prêté au jeu des questions-réponses avec vous, internaute d'AlloCiné . Morceaux choisis...
Etes-vous un fan du jeu vidéo "Doom" ? (nifferson)
The Rock : Bien sûr ! Je suis devenu un fan du jeu vidéo dès sa sortie. J'ai vraiment été séduit par cette approche très directe de la violence : quand vous tuez un monstre, ses tripes explosent partout à l'écran ! Et puis c'est également un jeu assez effrayant, un peu comme le film d'ailleurs : à chaque couloir, vous ne savez pas ce qui va vous tomber dessus. C'est un univers très sombre, avec beaucoup de suspense et de stress... J'adore !
Quel genre de gamer êtes-vous ? (ajinomoto)
Je joue sur Playstation 2, sur XBox, et j'attends d'ailleurs la prochaine avec impatience. Je suis très consoles en fait. J'adore les jeux de sports, notamment les jeux de football américain, j'aime beaucoup Halo, surtout en ligne, et puis bien sûr Doom 3 auquel j'ai joué tout l'été, les jeux type GTA...
Le jeu vidéo se résume à "Tuer, ou être tué". Est-ce que le film se limite à ça ? En quoi se démarque t-il du jeu ? (villou, Darkfalcon & jackie14)
Disons que c'est juste un poil plus profond... (Rires) Mais pas tellement. Avec Doom, nous n'avons pas cherché à faire un film avec un arrière-fond politique et un message antimilitariste ou quelque chose comme ça. Nous avons fait en sorte de rester fidèle au jeu vidéo qui comme vous l'avez dit se résume à : tuer ou être tué. Après, c'est évident que le film développe un peu plus les personnages et le contexte : nous devons aller sur Mars, comme dans le jeu, nettoyer le laboratoire, trouver les monstres qui s'y tapissent et les faire exploser avec notre arsenal de la mort. Exactement comme dans le jeu si ce n'est qu'il y a plus de dialogues ! (Rires)
Pourquoi avoir privilégié le rôle de Sarge dans "Doom" ? Quelles caractéristiques du personnage vous ont fait choisir ce rôle ? (Obiwan1984)
Dès que j'ai lu le scénario, j'ai tout de suite voulu interpréter ce personnage. Pour quatre raisons : il est le leader de ce commando, il est le anti-héros du film et puis c'est lui qui a le droit d'utiliser le BFG, le Big Fucking Gun. C'est LA machine à tuer. Et j'ai adoré ça. Et puis surtout, la quatrième raison était que j'avais l'occasion non seulement de chasser des monstres, mais également d'en devenir un. Et ça c'était cool ! Je n'avais jamais tourné dans un film de science-fiction auparavant... J'avais fait une apparition dans Star Trek à mes débuts il y a cinq ans et j'avais plein de maquillages et de prothèses collées sur mon visage, mais ce n'était rien à côté de ce que je deviens dans Doom.
Les gros flingues comme dans "Doom", est-ce que c'est aussi lourd que ça en a l'air ? Faut-il contracter les muscles pour le faire croire ? (fidu)
Toutes nos armes étaient assez lourdes. Dans le film, j'alterne entre mon arme, la mitrailleuse et le BFG, et elles pèsent toutes leur poids. Surtout la mitrailleuse et le BFG ! Pour ce dernier, c'est un peu le Saint-Graal des armes à feu : c'était donc une arme énorme et très lourde. Mais bond, rassurez-vous, j'ai de quoi la porter ! (Rires) Je suis un gros gosse vous savez ! C'était donc génial de pouvoir tirer avec des engins pareils ! Et puis le rendu à l'écran est vraiment impressionnant, surtout avec la mitrailleuse lourde...
Qu'est ce qui vous a poussé à quitter le milieu du catch pour celui du cinéma ? (Jean-Didier)
En tant qu'artiste, je voulais passer à autre chose et évoluer. Et le cinéma s'imposait comme un nouvel univers susceptible de me faire évoluer. J'avais travaillé à la télévision durant six ans, et je commençais à en avoir fait le tour. Et puis mon rêve a toujours été, dès le départ, de faire du cinéma. Après, je ne savais pas comment y parvenir... J'ai simplement attendu d'avoir le bon scénario avec Le Retour de la momie, c'est-à-dire une grosse franchise, un film de qualité, un petit rôle et donc aucune responsabilité sur mes épaules. Et c'était la meilleure chose à faire. Et puis dans le catch, j'avais gagné tout ce que j'avais à gagner, j'avais atteint quasiment tous les buts que je m'étais fixés. Quand j'ai décidé de prendre ma retraite sportive, je voulais le faire de cette façon, calmement, en remerciant tous les gens que j'avais à remercier -et surtout les fans- et passer à autre chose. Et puis faire des films, c'est tellement énorme : c'est le meilleur job au monde. (Sourire)
Est-ce que votre envie de cinéma est née de votre travail d'acteur dans les mises en scène des matchs de catch ? (villou)
Le catch m'a donné l'opportunité de laisser libre cours à ma créativité. Tous les soirs, je travaillais sur mes monologues, mes tirades, mes blagues... C'est un peu comme le théâtre effectivement, car vous avez la réponse immédiate du public et vous pouvez vous adapter et improviser en temps réel. Mais après, la plupart des catcheurs pensent que s'ils sont bons dans ces moments-là sur le ring, ils peuvent facilement passer au cinéma. C'est une erreur, croyez-moi : c'est la chose la plus difficile au monde que j'ai eu à faire. Faire des films est incroyablement difficile. Bien jouer, c'est dur. Très bien jouer, c'est encore plus dur. Faire des films, c'est dur. Faire de bons films, c'est encore plus dur ! Je savais que ce serait difficile, et le catch m'a fourni une sorte de scène sur laquelle je pourrais jouer devant un public chaque soir. Mais après, vous ne m'entendrez jamais dire "Oh oui, faire du cinéma, c'est assez facile !" (Rires) Non, c'est la chose la plus difficile au monde.
Est-ce que certaines critiques plutôt acerbes qui vous sont parfois adressées quant à votre image de "Mr. Muscle" vous horripilent ? Ou les considérez-vous comme une perche tendue pour montrer aux spectateurs que vous valez mieux que cela et qui vous pousse à vous surpasser ? (YanHik)
Je les ai acceptées. Dès le départ, ma seule ambition était de pouvoir tourner un maximum pour apprendre et me perfectionner. Et j'ai pu le faire en travaillant avec de grands comédiens, mais également avec trois fantastiques acting-coaches qui m'ont beaucoup apporté. Après, c'est évident que tout le monde veut faire du cinéma : dès que quelqu'un a un minimum de succès dans le monde du spectacle, et particulièrement dans le monde du sport, vous l'entendez toujours dire en interview "Oui, j'aimerais bien faire du cinéma..." (Rires) Donc oui, quand j'ai commencé, les gens se sont sans doute dits "Ca y est, encore un Steven Seagal... (Rires)
Par la suite, j'ai travaillé en espérant qu'avec le temps mes performances, notamment dans Be Cool, prouvent aux gens qu'ils se trompaient et que plus personne ne tiquerait sur mon passé de catcheur.
Avez-vous l'intention de nous surprendre à nouveau dans un certain certain registre de jeu d'acteur comme vous l'avez fait avec "Be cool" ? (Obiwan1984)
J'adore ça, même si je ne choisis pas mes scénarios pour prendre une direction inattendue par rapport à l'attente des gens. Je choisi un rôle parce qu'il me touche, parce que je crois que ça fera un bon film et parce que je sais que je pourrais m'y investir totalement et offrir aux gens quelque chose qui leur plaira. Pour Be Cool, je savais que les gens ne s'y attendaient pas. Tous les gens qui me connaissent savent que j'adore me moquer de moi-même : ils n'étaient sans doute pas surpris par ce choix. Après, le coup du comédien qui croit être talentueux grâce à son coup de sourcil ou qui chante à un homme des chansons country écrites pas une femme, ça en a surpris quelques-uns. (Rires) Et j'aime ça.
Que pouvez-vous nous dire de vos prochains projets, notamment "Southland tales" ? (Obiwan1984)
Je viens de terminer le tournage. Southland tales, c'est le second long métrage de Richard Kelly, le réalisateur de Donnie Darko. C'est un peu un croisement entre les univers de Andy Warhol et Quentin Tarantino. C'est un projet auquel je tiens beaucoup. J'espère d'ailleurs y surprendre les gens, car j'y joue une star de cinéma qui perd la mémoire et qui est kidnappée, et qui devient par la suite paranoïaque, schizophrénique et névrosé. Un peu comme la plupart des stars de cinéma en fait... (Rires) Mon personnage peut prédire l'avenir, il entend des voix, il a une femme (Mandy Moore) et une petite-aime (Sarah Michelle Gellar) et ça crée plein de problèmes. C'est une comédie très noire, mâtinée de film-noir. Un peu comme Shane Black's Kiss kiss, bang bang, avec plein de références aux films du genre. Vous allez adorer. Et puis nous allons à Cannes. On se reverra là-bas... (Sourire)
Propos recueillis par Yoann Sardet le 26 octobre 2005
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