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C'est devant une presse unanime et élogieuse que Quentin Tarantino, réalisateur du très attendu Kill Bill : volume 1 (en salles ce 26 novembre), s'est plié au traditionnel cérémonial des questions-réponses lors d'une conférence organisée au Forum des Images à Paris. Décontracté et portant un survêtement aux couleurs du film, le cinéaste est venu accompagné de l'actrice française Julie Dreyfus, également tout de jaune vêtue, et du producteur Lawrence Bender. Morceaux choisis...
Pourquoi un film d'arts martiaux ?
Quentin Tarantino : Au risque que ma réponse paraisse académique, j'ai grandi dans une communauté noire où les films d'arts martiaux étaient très populaires. Je souhaitais rendre hommage à ce type de cinéma et retrouver cette énergie vitale qui lui était inhérent. Le thème de la vengeance me permet d'ailleurs d'utiliser les vieilles qualités des Shaw Brothers. Concernant mes influences en termes de bande dessinée, je préfère simplement parler de feeling. Le personnage qui se veut le plus proche de cet univers n'est autre que la reine du crime O-Ren Ishii (Lucy Liu). Quant au volume 2, vous ne serez pas déçus, il y aura moins d'action mais plus de dialogues décalés, dont un savoureux sur Superman !
Une fascination pour les personnages féminins
Quentin Tarantino : Pam Grier et Uma Thurman sont des femmes que j'adore. Je fais en sorte que vous les chérissiez à travers mes yeux. Je construis l'intrigue du film autour d'elles pour ainsi magnifier leurs qualités et faire en sorte qu'elles donnent le meilleur d'elles-mêmes. Quant au travail d'écriture, je pars d'une idée originale que je laisse mûrir pendant de longs mois dans ma tête. J'y pense de manière obsessive et de temps à autre se dégagent des perles que je couche aussitôt sur le papier. Une fois les personnages établis, je les laisse parler dans mon esprit et ils guident ainsi ma plume.
La scène de combat en noir et blanc
Quentin Tarantino : J'ai toujours pensé à faire cette scène en noir et blanc, car ce procédé stimule l'oeil et donne un côté encore plus écarlate au sang. Comme disait Godard, "Il n'y a pas de sang dans mon film mais de la couleur rouge !" En fait, ce qui pose problème pour le public occidental, ce n'est pas le sang, mais la couleur rouge.
Collaborer avec Tarantino
Lawrence Bender : J'obéis à tout ce qu'il me dit de faire. C'est un perfectionniste qui sait ce qu'il veut. Quand je l'ai connu à ses débuts, il n'avait aucune expérience du milieu du cinéma. Mais voyant qu'il apprenait très vite, j'ai eu peur pour ma place. Pendant le tournage de Reservoir dogs, je craignais même d'être viré du tournage ! Je lui fournis l'environnement le plus créatif possible pour respecter sa vision du film et faire en sorte qu'il puisse donner libre cours à son imagination. Je lui fais totalement confiance et je me déclare satisfait lorsque je reçois au matin la feuille de tournage du jour même. Pour Kill Bill, Quentin Tarantino voulait aboutir à une expression artistique forte en compliquant tout lui-même. Il ne voulait pas faire comme ces "charlatans", mais tout en vrai, en grandeur nature. Rien que filmer les scènes de combat dans le cabaret japonais a pris plus de huit semaines.
Tarantino fétichiste des pieds ?
Quentin Tarantino : Chaque gros plan de pied est parfaitement justifié ! (rires)
Julie Dreyfus : A un moment du film, on voit un gros plan de mon pied sur la pédale d'accélérateur d'une voiture. Rien que pour cette scène, je me suis rendu à plusieurs reprises chez le pédicure. En tant que perfectionniste, Quentin écrit de façon détaillée les caractéristiques de chaque personnage, tout est déjà pensé par lui et cela nous facilite la vie dans notre approche d'acteur.
Et la vengeance ?
Quentin Tarantino : Je ne l'ai jamais expérimentée personnellement. La vengeance appartient aux hommes en colère... J'ai un tempérament trop calme et une vie trop belle pour me laisser aller à ce type de dérive. Je préfère ignorer mon adversaire plutôt que le dénigrer.
La bande-son
Quentin Tarantino : Obtenir les droits n'a pas posé de difficultés particulières. Il suffisait d'appeler la maison de disque, heureuse que vous utilisiez l'un de ses titres. J'ai réussi à avoir des compositeurs qui ne le savent pas eux-mêmes. Les Shaw Brothers ne s'embarrassaient pas de ce type de problème, ils prenaient et combinaient des sons et des musiques comme bon leur semblait, posant par exemple une musique d'Isaac Hayes sur un combat de kung-fu ! (rires) Cette juxtaposition musicale fait partie intégrante du genre. Le rappeur RZA, qui a composé une partie de la bande originale, partageait le même amour que moi pour les films d'arts martiaux et comprenait tout à fait ce que je recherchais. Des raccourcis mentaux se créaient automatiquement entre nous, me facilitant ainsi le travail.
Les projets en vue
Quentin Tarantino : Pendant ces cinq dernières années, j'ai écrit deux scénarii sur des films ayant pour cadre la Seconde Guerre mondiale, deux histoires séparées, n'ayant pas de lien de cause à effet, mais interprétées par les mêmes personnages. Mon prochain projet, ce pourrait bien être un western spaghetti "made in Seconde Guerre mondiale", une sorte de Il était une fois une France occupée par les nazis (rires). A part ça, pendant le tournage de Kill Bill, beaucoup d'idées m'ont traversé la tête, j'y réfléchirai réellement après la sortie du volume 2.
Guillaume Martin
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