En septembre 2019, quelques mois à peine après la sortie au cinéma de la version photoréaliste du Roi Lion par Jon Favreau, Disney annonçait que le réalisateur Barry Jenkins allait mettre en scène un préquel centré sur Mufasa. Il faut dire que le remake en images de synthèse a rapporté 1,65 milliard de dollars au box-office international.
La surprise Barry Jenkins
Après avoir triomphé aux Oscars 2017 en remportant trois statuettes pour Moonlight, dont celle du Meilleur film, et permis à Regina King de remporter l'Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle pour son drame Si Beale Street pouvait parler, Barry Jenkins créait l'étonnement en acceptant de mettre en scène un blockbuster pour la firme aux grandes oreilles.
Pourtant, c'était une évidence pour le cinéaste de 45 ans, qui déclarait alors dans un communiqué relayé par le Hollywood Reporter : "Tandis que j’aidais ma sœur à élever deux jeunes garçons dans les années 90, j’ai grandi aux côtés de ces personnages. D’avoir l’opportunité de travailler avec Disney pour prolonger cette magnifique histoire d’amitié, d’amour et d’héritage, tout en continuant mon travail de chroniques de vies et d’âmes issues de la diaspora africaine, est un rêve devenu réalité."
J’ai grandi aux côtés de ces personnages.
Barry Jenkins ajoutait ensuite au micro de Variety : "J'ai lu le scénario et, environ 40 pages plus loin, je me suis tourné vers Lulu [NDLR : Wang, sa compagne également réalisatrice] et j'ai dit : 'C'est génial.' Et au fur et à mesure que je continuais ma lecture, je me suis éloigné de cette voix dans ma tête qui disait : 'Oh, un réalisateur comme toi ne ferait pas un film comme ça', et je me suis permis de m'immerger dans l'idée que ces personnages, cette histoire, sont incroyables.
Ce qui m'a vraiment convaincu, c'est quand James, mon directeur de la photographie, m'a dit : 'Tu sais quoi ? Il y a quelque chose de vraiment intéressant dans cette approche cinématographique que nous n'avons pas encore explorée.' C'est à ce moment-là que je suis retourné vers les puissances en place et j'ai dit : 'J'adorerais faire ça, mais je dois pouvoir faire ce que je veux.'"
Un préquel au Roi Lion
Dans ce film, Rafiki raconte à la jeune lionne Kiara — la fille de Simba et Nala — la légende de Mufasa. Il est aidé en cela par Timon et Pumbaa. Relatée sous forme de flashbacks, l'histoire de Mufasa est celle d’un lionceau orphelin, seul et désemparé, qui fait la connaissance du sympathique Taka, héritier d'une lignée royale. Cette rencontre fortuite marque le point de départ d’un périple riche en péripéties pour le petit groupe "d’indésirables" qui s’est lié à eux et qui est désormais à la recherche de son destin. Leurs liens d’amitié seront soumis à rude épreuve lorsqu’il leur faudra faire équipe pour échapper à un ennemi aussi menaçant que mortel…
Père du héros du film d'animation réalisé par Roger Allers et Rob Minkoff en 1994, Mufasa est rapidement devenu une figure emblématique de Disney. Sa tragique destinée, presque shakespearienne, a fait verser de nombreuses larmes à toute une génération d'enfants.
L'action de Mufasa se déroule des années avant celle du Roi Lion et nous permet enfin de comprendre pourquoi Scar déteste tant Mufasa. C'est lui qui était destiné à devenir roi car il était le seul héritier de sang royal, Mufasa ayant été recueilli alors qu'il n'était qu'un lionceau.
Des thématiques chères à Barry Jenkins
Lors de la D23 de 2022, AlloCiné a pu s'entretenir avec Barry Jenkins, qui nous précisait alors : "C'est différent du Roi Lion, mais il y aura la même énergie. Mufasa raconte la manière dont le père de Simba est devenu roi. On raconte son histoire, de son enfance à la naissance de son fils. Dans le film d'origine, Mufasa représente la grandeur. On admire sa royauté, son leadership. On pense qu'il a tout ceci car il est bien né…
Mais dans ce préquel, nous allons explorer la manière dont ses amis et sa famille ont fait de lui ce qu'il est. Nous allons découvrir son parcours. Pour moi, Mufasa représente beaucoup, et je pense que c'est un film que les enfants et leurs parents, qui ont grandi avec le classique Disney, aimeront voir."
Le long-métrage aborde des thématiques chères à Barry Jenkins et déjà abordées dans ses précédentes œuvres, notamment Moonlight : la quête d'identité, le passage à l'âge adulte, la transmission, l'importance des relations familiales et la loyauté.
"Mufasa n’est pas né avec des privilèges", souligne le réalisateur dans le dossier de presse. "Il avait une famille, mais il l'a perdue. Puis la foi en soi, le destin et la chance sont entrés en jeu et lui ont offert un nouveau clan auprès de qui il a pu faire son apprentissage et se construire. On ne lui a rien donné : il a tout gagné par son courage et sa résilience."
Un défi relevé mais éprouvant
Si les thématiques du long-métrage ont séduit le cinéaste, ce dernier confie cependant au magazine Vulture que le tournage de 147 jours sans décors physiques avec une mise en scène tout numérique a été quelque peu éprouvant.
"J'ai trouvé le défi stimulant au départ. Aujourd'hui, les gens font beaucoup de choses uniquement par ordinateur. Je me suis dit que n'importe qui devrait donc pouvoir le faire. Il n'y a rien de physique qui dise que je suis incapable de le faire également. Mais ce n'est pas mon truc.
Je me rends compte que ce n'est pas pour moi. J'aimerais retravailler dans l'autre sens, c'est-à-dire que je veux que tout soit physiquement sur place. J'aime me demander quelle est la bonne recette pour créer une alchimie sur un plateau. Comment ces personnes, cette lumière, cet environnement peuvent s'allier pour rendre un plan beau et émouvant. Comment créer un texte assez profond, assez dense, assez riche pour parler aux spectateurs..."
Mufasa : Le Roi Lion a été conçu avec la même technologie employée pour Le Roi Lion de Jon Favreau. A savoir, une combinaison de CGI photoréaliste et de réalité virtuelle pour recréer des environnements immersifs et des personnages réalistes.
Barry Jenkins, le réalisateur de Mufasa, a poursuivi cette approche, permettant à l'équipe de production de "filmer" des scènes dans un espace virtuel, comme s'ils utilisaient une caméra réelle. Aucun plan n'a donc été tourné en décors réels et c'est un des regrets du cinéaste. Pour autant, le résultat est bluffant puisque les premiers spectateurs trouvent le film "visuellement spectaculaire".
Mufasa : Le Roi Lion est à découvrir dans nos salles obscures dès 8 ans.