12 hommes en colère, Philadelphia, Le Procès Goldman, Une intime conviction, ou encore Anatomie d'une chute, tous ces films ont un point commun : leur caméra s'invite au tribunal.
Mais il y en a un autre dont on parle moins souvent, et qui est pourtant tout aussi important : Saint Omer, le premier long métrage d'Alice Diop, très étroitement inspiré d'un fait divers qui s'est déroulé en novembre 2013.
Sorti au cinéma en 2022, ce film raconte l'histoire de Rama, une jeune écrivaine, qui se rend au procès de Laurence Coly, à la cour d’assises de Saint-Omer, dans le Pas-de-Calais. Objectif de sa visite ? Trouver l'inspiration pour l'écriture de son prochain roman.
La suspecte d'origine sénégalaise (tout comme Rama) est accusée d’avoir tué sa fille de quinze mois en l’abandonnant sur une plage, à la marée montante. Mais dans ce tribunal, la parole de Laurence Coly renvoie Rama à son propre passé et sa future condition de mère.
Dans les pas d'Anatomie d'une chute
Pour sa première fiction sur le grand écran (après plusieurs documentaires), Alice Diop s'est inspirée de l'histoire de Fabienne Kabou, accusée d'infanticide sur son enfant. Et en puisant son récit dans celui de cette mère meurtrière, la réalisatrice livre un puissant huit-clos de deux heures au cœur du processus judiciaire.
Ici, plusieurs thématiques s'entrechoquent. Il est question d’éducation, de pression, d’ambition et d’humiliation, sur fond de racisme ordinaire. Dans le cadre d’une cour d’assise, la réalisatrice traite ces nombreux sujets sensibles avec une délicatesse infinie.
Les actrices Kayije Kagame (Rama), Guslagie Malanda (Laurence Coly), et Aurélia Petit (Maître Vaudenay) brûlent l'écran dans leur rôle de civile, d'accusée et d'avocate (qui livre une plaidoirie finale poignante).
Et après avoir conquis la presse française, avec une note de 4,2 sur 5, le film Saint Omer a été récompensé du César de la Meilleure première œuvre, ainsi que du Lion d’argent à la Mostra de Venise. Preuve qu'il mérite amplement sa place au rang des meilleurs films de procès…
Ce soir sur Arte à 20h55