Révélé au grand public par Les Bronzés et sur les planches avec ses amis de la troupe du Splendid, Michel Blanc, décédé tragiquement dans la nuit du 3 au 4 octobre à l'âge de 72 ans, n'a pas toujours connu que des bons moments avec la troupe. Il la quittera même en 1980, après le tournage des Bronzés font du ski. Voici ce qui s'est passé.
Nous sommes en 1978. Suite au succès des Bronzés, le Splendid est forcé à écrire une suite qu'ils ne désirent pas vraiment. Taquins, les membres de la troupe décident alors de signer une comédie qui est plus proche du délire collectif : une excursion à la montagne en mode survie, inspirée par le crash du vol 571 Fuerza Aérea Uruguaya (qui inspirera notamment Le Cercle des neiges sur Netflix). Cannibalisme, sexe avec un ours, le film va très loin !
Les autres l'ont pris comme si je la jouais perso
L'humour très Monty Python de leur proposition est rejeté en bloc par leur producteur de l'époque, Yves Rousset-Rouard, qui leur demande un ton bien plus léger, dans l'esprit du premier film, et l'équipe doit repartir de zéro.
Trinacra Films
Si Jugnot, Clavier, Lhermitte et Chazel acceptent la décision, le rejet de leur vision initiale amènent Josiane Balasko et Michel Blanc à se retirer de l'équipe d'écriture. Leur départ tend la situation, et Michel Blanc va en faire l'expérience lors du tournage des Bronzés font du ski, sous la direction de Patrice Leconte, comme il l'avait confié à Alexandre Raveleau dans Michel Blanc - Sur un malentendu."
"A partir du moment où je n'étais pas coauteur, j'ai estimé que je n'avais pas à discuter avec mes camarades de la manière de jouer mon texte, mais avec le metteur en scène puisque je ne devenais qu'un simple exécutant. Et les autres l'ont pris comme si je la jouais perso".
Un choix qui déplait notamment à Thierry Lhermitte : "Il y a eu une ambiance relativement de chiottes entre nous. On s'est même engueulés une fois, Thierry et moi. Il a été très froid, mais il n'y a pas eu de fâcherie. On a malgré tout fait le film jusqu'au bout."
La lutte pour imposer ses idées
D'ailleurs, une fois le film terminé, la troupe se remet à écrire, une pièce cette fois, intitulée Le Père Noël est une ordure. Et c'est au cours de ces séances que Michel Blanc comprend que ce qu'il veut n'est pas en adéquation avec ce que souhaite le reste de l'équipe : "Il y avait quelque chose de distendu. (...) Quand nous avons commencé à écrire Le Père Noël, je me suis rendu compte que ça allait être la lutte pour imposer ses idées".
Les Films Christian Fechner
Michel Blanc reprend donc contact avec Patrice Leconte, avec qui il avait beaucoup échangé durant Les Bronzés font du ski et tourne trois films en trois ans avec le metteur en scène : Viens chez moi, j'habite chez une copine (1981), Ma femme s'appelle reviens (1982) et Circulez y a rien à voir ! (1983). Il passera ensuite lui-même à la réalisation avec Marche à l'ombre (1984). S'il est présent dans les films suivants du Splendid, c'est en caméo (une voix au téléphone dans Le Père Noël) ou en petit rôle (Papy fait de la Résistance).
Il collaborera deux fois au théâtre avec son amie Josiane Balasko est elle aussi partie de son côté au moment du Père Noël en refusant le rôle de Thérèse. Ils joueront ensemble les pièces Bunny's Bar et Nuit d'ivresse, dont le rôle tenu par Blanc sur les planches sera assuré au cinéma par... Thierry Lhermitte !
