Depuis le décès d'Alain Delon, beaucoup citent Le Guépard, Rocco et ses frères, La Piscine ou encore Le Samouraï comme certains de ses plus grands films, et ils ont raison ! Mais parmi sa longue filmographie de plus de 100 films, un long métrage est nettement moins cité alors qu'il s'agit de l'un de ses plus beaux rôles : L'Insoumis d'Alain Cavalier.
Delon passionné par son rôle
En pleine guerre d'Algérie, Thomas, jeune membre de la Légion étrangère joué par Delon, désobéit à un ordre de ses supérieurs et déserte. Il se réfugie chez son amie Maria, qui vit à Alger, et souhaite regagner au plus vite le Luxembourg, son pays natal. Ayant besoin d'argent, Thomas accepte d'enlever une avocate pour le compte de l'OAS, Dominique Servet (Léa Massari).
Delon croit en Cavalier et en son film :
Le sujet, la rencontre avec Alain Cavalier, tout cela me plaît, et c’est pour cela que je joue dans L’Insoumis, qui est aussi mon premier film en tant que producteur.
En effet, à l'époque, Delon sort du triomphe en salle de Mélodie en sous-sol avec Jean Gabin (3,5 millions d'entrées en France) et il décide de créer sa firme de production, Delbeau, cofondée avec son imprésario Georges Beaume, et finance L'Insoumis, même si Beaume est le seul producteur apparent au générique.
Un film largement coupé à sa sortie
Tourné en noir et blanc, mis en musique par Georges Delerue, L'Insoumis raconte l'histoire d'un chasseur qui devient chassé, et Delon y est impérial, incarnant physiquement la force au début du film, puis la peur dans la seconde partie. Une évolution qui rappelle la large palette dont était capable l'acteur, qui livre une prestation remarquable, et Alain Cavalier, pourtant malade une grande partie du tournage, le dirige parfaitement, tout en sachant placer ses gros plans au bon moment pour saisir l'émotion de ses acteurs dans la scène.
Le film sort le 25 septembre 1964, mais une véritable avocate, Mireille Glaymann, se reconnaît dans le personnage incarné par Léa Massari et porte plainte contre la production. L'Insoumis est retiré des écrans au bout de 15 jours par référé, recoupé par le tribunal et redoublé pour changer le tutoiement des deux personnages survenant au milieu du film, en vouvoiement. Il ressort dans cette version amputée de 20 minutes fin 1966 et totalise 711 339 entrées en fin d'exploitation.