Fellow Travelers : la série la plus poignante de l'année
Le charismatique Hawkins Fuller mène une carrière politique et évite les relations sentimentales, jusqu'à ce qu'il rencontre Tim Laughlin, un jeune homme débordant d'idéalisme. Ils entament une romance au moment où Joseph McCarthy et Roy Cohn déclarent la guerre aux "subversifs et aux déviants sexuels", initiant ainsi l'une des périodes les plus sombres de l'histoire américaine du XXe siècle. Au cours de quatre décennies, Hawk et Tim se croisent à travers les manifestations contre la guerre du Vietnam des années 1960, l'hédonisme disco alimenté par la drogue des années 1970 et la crise du sida des années 1980.
Pourquoi on l'aime :
C'est un véritable voyage dans l'histoire américaine moderne que nous propose Fellow Travelers, le tout à travers le point de vue de deux hommes qui ont entretenu une liaison cachée pendant des années. Le maccarthysme, la libération sexuelle, la guerre du Vietnam, l'épidémie du sida... La série de Ron Nyswaner - le scénariste de Philadelphia - est aussi ambitieuse qu'elle est bouleversante.
Au-delà d'une simple histoire d'amour entre ses deux héros - interprétés avec brio par Matt Bomer et Jonathan Bailey -, le récit suit le combat de celles et ceux qui ont bravé les interdits et vécu dans le silence pour être eux-mêmes. Une grande partie de Fellow Travelers est inspirée de faits réelles, comme nous l'expliquait Ron Nyswaner, qui a réécrit au mot près les différents procès et interrogatoires visibles dans la série. Politique, romanesque et sexy, Fellow Travelers est un chef-d'oeuvre à ne pas manquer. TD
La Fièvre : la série la plus prophétique de l'année
Comme à chaque fin de saison, la grande famille du foot français fête ses héros : sourires, selfies, récompenses – c’est la soirée des Trophées UNFP. Tout bascule quand devant les caméras, Fodé Thiam, la star du Racing, assène un violent coup de tête à son entraineur et le traite de "sale toubab". "Toubab", cela signifie "blanc" en wolof. Sidération : la tempête médiatique peut commencer. Appelée au chevet du club, Sam Berger, communicante de talent mais dévorée par son hypersensibilité, pressent que cette fois la crise ne sera pas balayée par un nouveau scandale plus "vendeur".
Depuis la scène de son théâtre toujours complet, Marie Kinsky instrumentalise l’événement en attisant les déchirures identitaires et sociales qui lézardent le pays. Sam craint d’autant plus Marie qu’elles ont été très proches... Les deux femmes "spin doctors" vont se livrer un combat sans merci ni répit pour orienter une opinion publique défigurée par la puissance des réseaux sociaux et leur culture du clash. Au coeur de ce combat, le destin d’un grand joueur, et avec lui celui de la France. Car cette fièvre, c’est avant tout la nôtre.
Pourquoi on l'aime :
C'était déjà une claque à sa sortie en mars sur Canal+. La Fièvre, nouvelle œuvre du talentueux Eric Benzekri à qui l'on doit déjà Baron Noir, raconte la France d'aujourd'hui. Fracturée et pratiquement irréconciliable. Toujours sur le point de s'embraser à la moindre polémique attisée par les forces de l'extrême droite. C'est Ana Girardot, sidérante, qui joue la dangereuse Marie Kinsky qui souffle sur les braises jamais éteintes d'un pays en mal de savoir-vivre-ensemble.
Et face à elle, Nina Meurisse, décidément aussi excellente que surprenante de rôle en rôle, campe la courageuse et inspirante Sam Berger. Elle est extrêmement lucide quant à l'état délétère du pays, mais toujours prête à donner toutes ses forces quitte à y laisser sa santé pour défendre des valeurs fédératrices et républicaines. On avait déjà froid dans le dos en voyant comment la série déroule le malaise qui ronge la France depuis quelques années.
Et on a fait une vraie chute de tension en constatant son caractère prophétique le soir du 30 juin à l'annonce par Emmanuel Macron de la dissolution de l'Assemblée Nationale suite à l'arrivée du RN en tête des élections européennes. Tout le grand chambardement politique que subit la France depuis quelques semaines a été annoncé il y a déjà des mois par La Fièvre, laquelle a d'ailleurs été subtilement mentionnée par Emmanuel Macron lors de son annonce de la dissolution. Une série à voir ou revoir donc, pour son acuité et sa parfaite analyse d'un pays complètement divisé. ES
Mary & George : la série la plus sexy de l'année
L'histoire vraie et scandaleuse de Mary Villiers, comtesse de Buckingham, qui, dans l'Angleterre du XVIIè siècle, a utilisé son fils George afin qu'il séduise le roi Jacques Ier et devienne son amant tout-puissant. À force d’intrigues, la famille Villiers est devenue la plus titrée et la plus influente que la cour d’Angleterre ait jamais connue.
Pourquoi on l'aime :
On nous avait promis une série scandaleuse, la promesse est tenue. Mary & George nous offre un éclairage intéressant sur une partie méconnue de l'histoire anglaise et même s'il s'agit d'une production d'époque, elle n'en reste pas moins moderne dans ces propos en nous montrant comment une femme, à force de ruse, de mensonges et de malice, a réussi à faire sa place dans la plus haute sphère. Julianne Moore y est édifiante et Nicholas Galitzine étonnant. Alors oui, il y a de la nudité (beaucoup), des scènes chocs (comme celle qui ouvre le premier épisode sur les 7 proposés sur Canal+), mais on prend plaisir à suivre ces deux-là naviguer dans un monde d'hypocrites. CTC
Mon petit renne : la série la plus angoissante de l'année
Inspirée du one man show de Richard Gadd, crée à Edinburgh Fringe 2019, qui suit sa relation tordue avec une harceleuse et l'impact qu'elle a sur lui alors qu'il est finalement obligé de faire face à un traumatisme profond et sombre enfoui…
Pourquoi on l'aime :
C'est un phénomène que personne n'avait vu venir, pas même Netflix, le diffuseur. Pourtant, en quelques semaines seulement, Mon petit renne est devenue l'une des séries les plus regardées de toute l'histoire de la plateforme. Impressionnant ? Oui, mais pas étonnant. La fiction de Richard Gadd - qui signe le scénario et joue le rôle principal - a tout d'une œuvre majeure.
L'auteur s'inspire de sa propre vie et d'un cas de harcèlement dont il a été réellement victime pour tirer une histoire sur la résilience et la parole. Mon petit renne a cette force de pouvoir parler de sujets sensibles de façon intelligente et nuancée. Le personnage inquiétant de Martha est plus complexe qu'on ne le croit et révèle, surtout, une grande actrice : Jessica Gunning. Accrochez-vous, ça secoue. TD
Le Problème à 3 corps : la série la plus intelligente de l'année
Une décision prise par une jeune femme en Chine dans les années 60 a des répercussions spatio-temporelles jusque dans le présent. Lorsque les lois de la nature se délitent inexplicablement sous les yeux d'un groupe soudé de brillants scientifiques, ils unissent leurs forces à celles d'un inspecteur inflexible pour affronter la plus grande menace de toute l'histoire de l'humanité.
Pourquoi on l'aime :
C'est une série qui a fait grand bruit en mars dernier, principalement parce qu'elle est écrite par le duo David Benioff / D.B. Weiss (Game of Thrones) mais aussi parce qu'elle a coûté relativement cher. Et c'était nécessaire, étant donné l'ambition du projet : celui d'adapter la trilogie littéraire fleuve de Liu Cixin.
Si Le Problème à 3 corps parle principalement d'une invasion extraterrestre imminente et quelle réponse scientifique on peut y apporter, la série place l'humain au coeur même de son récit. À l'heure où la population mondiale doit se serrer les coudes pour résister, est-ce que l'unité peut-elle vraiment exister ? À noter que Le Problème à 3 corps n'est pas la série cérébrale que certains ont vendu (c'est okay de ne rien comprendre à certaines théories) et reste totalement accessible. Huit épisodes vous attendent sur Netflix. CTC
Ripley : la série la plus belle et envoûtante de l'année
Tom Ripley, un escroc new-yorkais qui tire le diable par la queue au début des années 60, est engagé par un homme richissime qui l'envoie en Italie pour tenter de convaincre son fils bohème de rentrer à la maison. En acceptant cette mission, Tom met le doigt dans un engrenage complexe qui va le mener au mensonge, à la fraude et au meurtre.
Série adaptée des cinq romans de Patricia Highsmith mettant en scène le personnage de Tom Ripley.
Pourquoi on l'aime :
Après deux chefs d'œuvre qui ont adapté le livre de Patricia Highsmith - Plein soleil et Le Talentueux M. Ripley - avions-nous encore besoin d'une nouvelle déclinaison en série de cette histoire certes passionnante, mais déjà connue et archi-connue ? La réponse est OUI ! Sans aucun doute. Ripley, version série signée Steven Zaillian, s'avère même un parfait complément et juste une œuvre indispensable pour raconter encore une autre facette de ce personnage si déviant et fascinant.
Le magnétique Andrew Scott apporte, curieusement, une très subtile touche humoristique au personnage tout en composant un Ripley assez stoïque et complètement dénué d'empathie. Et bien sûr, une ambigüité qui n'a pas encore été franchement assumée par ses prédécesseurs quant à la sexualité de Tom.
Impossible aussi de ne pas évoquer le caractère absolument sublime de la photographie et de la réalisation de Steven Zaillian en général. Chaque plan est une œuvre d'art, un tableau magnifiquement composé et qu'on pourrait accrocher au mur. Il est rare d'avoir l'occasion de voir une série d'une telle beauté, assumée et revendiquée de bout en bout. Pas simplement pour le geste, mais aussi au service de la narration. Car ce Tom Ripley, aussi affreux soit-il en son for intérieur, est un esthète et il le revendique jusque dans ses crimes. ES
Samuel : la série la plus nostalgique de l'année
Samuel a 10 ans. Il tient un journal et il a un problème. Son problème c’est que Basile a dit à la grande Julie que Samuel l’aimait. C’est faux, il s’en fiche de Julie. C’est juste qu’elle a rigolé à l’une de ses blagues et qu'il a trouvé ça sympa de sa part. Bon, en fait Samuel aime Julie mais personne ne doit savoir.
Même pas Corentin, son meilleur ami qui mâche sa langue et sait faire la chandelle. Surtout pas Dimitri, que Samuel déteste, et dont toutes les filles sont amoureuses car il court très vite, a de bonnes notes et un humour subtil. Ni Bérénice que toute la classe appelle "La Folle" car elle est colérique et parfois même agressive. Et ni la maîtresse, ni ses parents, ni le monde entier.
Pourquoi on l'aime :
Paradoxalement, Samuel est la série la plus transmédia de l'année (avec une grande présence sur les réseaux sociaux, notamment TikTok avec des reels, des contenus inédits et des créations originales des fans) et pourtant elle est celle qui touche le plus à notre fibre nostalgique. Car cette fiction animée de 21 épisodes raconte les affres de la jeunesse des années 2000 à travers le regard d'un jeune garçon de dix ans qui observe sa famille, ses amis et le monde qui l'entoure avec une telle franchise et un tel humour qu'il est difficile de ne pas s'attacher à lui.
Avec une animation soignée et dynamique, une bande sonore savamment choisie et une brillante et sincère écriture, Émilie Tronche a créé un journal intime vivant, poétique, authentique et touchant, bourré de références pour les millennials. La petite pépite française qu'on n'avait pas vu venir et qui reste bien ancrée dans notre cœur. MC
Shōgun : la série la plus épique de l'année
En 1600 au Japon, à l’aube d’une guerre civile qui marquera le siècle, John Blackthorne, le commandant anglais d’un mystérieux navire abandonné sur la plage d’un village de pêcheurs voisin, est porteur de secrets qui pourraient faire pencher la balance en faveur du seigneur Yoshii Toranaga, engagé dans une lutte à mort contre ses ennemis du Conseil des régents.
Ils réduiraient du même coup l’influence des ennemis de Blackthorne, les prêtres jésuites et commerçants portugais. Les destins de Toranaga et Blackthorne seront inextricablement liés à leur traductrice, Toda Mariko, une mystérieuse chrétienne de noble extraction, dernière d’une lignée tombée en disgrâce. Tout en servant son seigneur dans ce paysage politique tendu, Mariko devra concilier sa relation avec Blackthorne, son engagement envers la foi qui l’a sauvée et le devoir d’une fille envers son défunt père.
Pourquoi on l'aime :
On attendait la digne héritière de Game of Thrones et on l'a peut-être trouvée ! Cette adaptation du best-seller éponyme de James Clavell avait tous les arguments pour se hisser à la hauteur d'un grand divertissement exigeant, épique, organique et émouvant. Avec sa première saison (qui devait être unique initialement), Shōgun se révèle quasi-parfaite avec un excellent casting diversifié et bilingue, des effets visuels maîtrisés, des moyens et des décors ambitieux et une intrigue percutante. On est complètement envouté par cet univers reconstitué avec minutie, sorte de songe brutal et violent qui prend aux tripes. Une très grande série à rattraper d'urgence. MC
True Detective: Night Country : la série policière choc de l'année
Alors qu’une longue nuit d’hiver tombe sur la ville d’Ennis, en Alaska, les huit hommes en charge de la station de recherche arctique de Tsalal disparaissent sans laisser de traces. Pour résoudre l'affaire, les détectives Liz Danvers et Evangeline Navarro vont devoir surmonter leurs propres démons et sonder les glaces éternelles à la recherche des secrets les plus profondément enfouis.
Pourquoi on l'aime :
Après cinq ans d'absence, on a enfin retrouvé True Detective. Pour ces retrouvailles, tout est pareil et tout est différent dans cette saison 4. Nic Pizzolatto, le créateur de la série, n'est plus à la barre, remplacé par la scénariste et réalisatrice mexicaine Issa Lopez. Et la magie fonctionne dès le premier coup d'œil.
Pour cette nouvelle saison, elle convoque l'immense Jodie Foster - absolument criante de vérité dans le rôle de l'inspectrice Liz Danvers, brillante et revêche - et la révélation Kali Reis, dans le rôle de l'agent Evangeline Navarro. Cette dernière, championne de boxe, impressionne par sa carrure mais aussi son charisme. Et on ne boude pas notre plaisir devant cette histoire finement déroulée qui parle de violences faites aux femmes, et avec deux femmes puissantes à sa tête. Une franche réussite ! ES
Un jour : la série la plus romantique de l'année
Emma Morley et Dexter Mayhew se rencontrent le jour de leur remise de diplôme universitaire, le 15 juillet 1988. Ils vont grandir, se rapprocher et se séparer, connaître des joies et des peines ensemble.
Pourquoi on l'aime :
Des séries de 14 épisodes, on en n'avait plus l'habitude sur Netflix. Mais c'est ce qu'il fallait pour Un jour, l'adaptation du roman éponyme de David Nicholls, afin de raconter, au fil des années, la relation entre Emma et Dexter. Vous allez forcément vous attacher à ces deux-là, grâce à la prestation de leurs interprètes respectifs, Ambika Mod et Leo Woodall. Il y a beaucoup de tendresse et d'honnêteté dans le parcours de ces deux adulescents qui se cherchent, se perdent et se retrouvent au gré de la vie. C'est beau et triste à la fois, et ça va vous faire passer par toutes les émotions... CTC