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    "Un silence embarrassant" : c'est la meilleure saga de science-fiction de tous les temps pourtant sa première projection s'est mal passée
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Si "Star Wars" est devenu un film séminal de la pop culture, l'affaire fut pourtant bien mal partie pour le réalisateur George Lucas. Qui a eu bien du mal à convaincre en interne du bien fondé de sa vision artistique. Même ses amis proches.

    Les coulisses de tournage des films regorgent souvent d'anecdotes passionnantes. C'est encore plus vrai avec des oeuvres qui ont profondément marqué l'Histoire du cinéma. Si Star Wars est devenu un film séminal de la Pop Culture, l'affaire fut pourtant bien mal partie pour George Lucas, qui a eu bien du mal à convaincre en interne du bien fondé de sa vision artistique. Y compris d'ailleurs son cercle d'amis le plus proche, venu assister à la toute première projection test d'un Nouvel espoir. Et c'est peu dire que l'accueil fut réservé...

    "Dire que ce n'était pas fini est une gentillesse"

    Membre de la bande de copains aux côtés de Steven Spielberg et Francis Ford Coppola, Brian de Palma fut une des premières personnes à découvrir le tout premier montage de Star Wars, aux côtés de Spielberg, Jay Cocks, Willard Huyck, Hal Barwood, Matthew Robbins, et Alan Ladd, un des exécutives de la Fox.

    Le résultat fut une douche froide pour Lucas. Dans son ouvrage de référence sur le Nouvel Hollywood, Easy Riders, Raging Bulls, Peter Biskind écrit que lorsque le film s'est terminé, "il n'y a eu aucun applaudissement, juste un silence embarrassant".

    L'un des abcès de fixation de cette projection-test fut le manque criant des effets spéciaux, qui n'étaient pas terminés. Pour combler cette lacune, fut-elle temporaire, Lucas avait remplacé les scènes de combats par des images d'archives de combats aériens... de la Seconde Guerre mondiale.

    En fait, les seuls dans la pièce à avoir aimé ce qu'ils avaient vu étaient Spielberg et Alan Ladd. "George, c'est super ! Ca fera 100 millions de dollars !" a lâché le papa des Dents de la mer à son ami dépité. Ce même soir, Alan Ladd appela Spielberg à propos de la projection, pour le sonder de nouveau sur le potentiel de ce film.

    S'il avait relativement apprécié le spectacle, il avait quand même des doutes légitimes sur l'entreprise. Spielberg répéta alors que le film de Lucas serait un gros succès. Dans le formidable documentaire Light & Magic disponible sur Disney+, Spielberg clarifie un peu plus les propos qu'il avait tenu à l'issue de cette projection-test : "dire que ce n'était pas fini est une gentillesse".

    "Tu n'as jamais fait un film commercial de toute ta vie !"

    La suite, c'est Spielberg lui-même qui la raconte : "Quand nous sommes sortis dîner après, Brian a commencé à crier à George : "Je ne comprends pas ton histoire ! Il n'y a pas de contexte ! C'est quoi cet espace ? Qu'est-ce qu'on en a à foutre ? Je suis largué !"

    Et George a commencé à crier après Brian, en disant : "Tu n'as jamais fait un seul film commercial de toute ta vie ! De quoi est-ce que tu parles ?" Et Brian lui a répondu : "Ca ne marchera pas. Personne ne va rien comprendre. C'est juste un truc vide avec des étoiles et des vaisseaux idiots qui se déplacent".

    Et c'est là que Brian lui suggéra une idée de génie : "Pourquoi tu ne commences pas le film avec une sorte de légende ? Tu n'arrêtes pas de dire que tu veux faire de ce film une sorte de série spatiale, alors pourquoi tu ne fais pas une légende comme autrefois, un truc remontant l'écran et racontant toute l'histoire ?" Ainsi naquit le pré-générique le plus célèbre de l'Histoire du cinéma.

    Non seulement Lucas a retenu la suggestion de son copain, mais de Palma est même allé jusqu'à réécrire le texte lui-même, aux côtés du scénariste Jay Cocks, pour faire une version plus concise; celle que nous connaissons aujourd'hui.

    Spielberg ne s'est évidemment pas contenté d'être solidaire de son ami. Sa plus grande contribution sur Star Wars fut d'avoir présenté John Williams à Lucas, qui deviendra, comme chacun sait, un collaborateur des plus précieux pour le Space Opera qui a changé à jamais le visage du Box Office et de la Pop Culture.

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