De quoi ça parle ?
Cette série en six épisodes nous conduit au cœur d’un régime autoritaire moderne alors que celui-ci commence à s’effondrer. La Chancelière Elena Vernham (Kate Winslet), que l’isolement entre les quatre murs du palais a rendue de plus en plus paranoïaque et instable, s’entoure du soldat Herbet Zubak (Matthias Schoenaerts), un confident aussi improbable qu’imprévisible. Tandis que son emprise sur la Chancelière ne cesse de croître, les tentatives infructueuses de cette dernière pour étancher sa soif de pouvoir provoquent une fracture au sein du Palais et conduisent à l’embrasement du pays.
The Regime, une série créée par Will Tracy avec Kate Winslet, Matthias Schoenaerts, Guillaume Gallienne, Andrea Riseborough... Disponible sur Prime Video via le Pass Warner à raison d'un épisode par semaine.
C'est avec qui ?
Pour son nouveau rôle à la télévision, Kate Winslet choisit d'incarner rien moins qu'une dictatrice. On l'avait déjà vue camper une dirigeante autoritaire dans Divergent, mais le ton est ici radicalement différent. C'est Guillaume Gallienne qui joue son mari, Nicholas, qui semble plus avoir la fonction d'accessoire que d'époux bien-aimé.
Quant à Matthias Schoenaerts, il tient le rôle d'Herbert Zubak, un soldat qui ne brille pas par son intelligence. C'est une brute épaisse – qui a tiré sur des manifestants pacifiques – dont s'est entichée Elena pour des raisons qui dépassent l'entendement.
On y croise aussi Andrea Riseborough et même Hugh Grant (!) mais on ne vous en dit pas plus sur son personnage qui n'entre en scène que dans la deuxième partie de la série.
Ça vaut le coup d'œil ?
The Regime, nouvelle satire politique de HBO, s'en prend aux dictateurs. Et ils n'ont qu'à bien se tenir ! À ce stade de l'Histoire, on a eu le temps de remarquer que tous les dictateurs sont complètement fous. Il n'y en a pas un seul sain d'esprit. Marque de leur singularité psychologique, ils ont également tendance à faire des choix personnels pour le moins étranges.
Qu'il s'agisse d'arborer une coupe de cheveux ridicule (coucou Kim Jong-un) ou de s'afficher avec un visage orange (hello Donald Trump), il y a quelque chose d'intrinsèquement bizarre chez ces gens-là. Et il est évident qu'on n'a pas envie de s'asseoir prendre un verre avec l'un d'entre eux. C'est le cas avec Elena, une dictatrice d'un petit pays situé quelque part au milieu de l'Europe.
Comme tous les dictateurs, c'est quelqu'un... de singulier. Elle a notamment une obsession folle pour les moisissures qui l'amène à installer des déshumidificateurs dans chaque pièce du palais présidentiel, et à employer quelqu'un – Herbert Zubak, surnommé "le boucher" – qui la suit partout avec un détecteur de moisissures, de peur qu'elle ne pénètre dans une pièce dont le taux d'humidité serait trop élevé.
Un cœur d'artichaut...
Un autre trait toxique d'Elena, outre la dictature, est qu'elle est sujette aux amourettes. Au grand soulagement de ses assistants et conseillers, ces amours sont généralement de courte durée. Cependant, lorsque Herbert entre en scène, Elena et lui développent une sorte d'attirance psychosexuelle qui le fait passer rapidement du statut d'homme de main à celui de commandant en second.
Rongé par la culpabilité, les traumatismes, les problèmes de santé mentale et une foi inébranlable dans les "vieilles méthodes" – y compris le pouvoir de guérison des pommes de terre cuites à la vapeur – il n'est pas le genre de personne qui devrait s'approcher des leviers du pouvoir. Pas plus qu'Elena.
... et de pierre
Mais pour Elena, il représente "le peuple". Lorsque Herbert lui dit que le peuple pense qu'elle est faible parce qu'elle a conclu des accords commerciaux avec l'Amérique, ou que le ressentiment est à son comble parce que leur fier pays est ridiculisé par des nations plus importantes, elle le croit. Elle le croit, notamment parce que cela fait appel à ses tendances fascistes, qu'elle cache sous le vernis (mince) de la démocratie.
Très vite, d'anciens amis de confiance, des assistants et des alliés sont arrêtés voire pire au fur et à mesure que l'influence d'Herbert s'accroît. Ce qui, à son tour, suscite la crainte au sein de son cercle rapproché pour sa propre sécurité. Entre les murs aseptisés de son enceinte, les complots commencent à fuser.
The Regime ne s'en prend pas à la simple figure du dictateur. Elle s'en prend plutôt à chacun d'entre eux. Elena présente des traits de caractère et des actions qu'on peut reconnaître chez de nombreuses personnes aujourd'hui au pouvoir. Si cela permet à Winslet d'exprimer ses talents d'actrice, la satire s'en trouve affaiblie.
Satire ou fiction sérieuse ?
La série est clairement influencée par le travail du grand Armando Iannucci, dont la satire politique pointue a fait mouche dans des séries brillantes comme The Thick of It et Veep, ainsi que dans le long métrage La Mort de Staline. Dans The Regime, on retrouve les dialogues rapides qui sont sa marque de fabrique, mais pas la même précision.
Winslet, bien sûr, est extraordinaire dans le rôle d'Elena. La série est jonchées de grandes performances et de grands talents. On retient surtout que Kate Winslet captive dans le rôle de la dictatrice qui se fait berner. Elle est à la fois drôle et terrifiante.
Si le premier épisode est une longue mise en place, ne lâchez pas l'affaire : la série s'accélère par la suite, à mesure qu'elle s'installe, elle trouve son rythme de croisière. Se met alors en place un spectacle sombre et captivant qui présente de nombreuses analogies avec le monde réel. The Regime aurait en effet pu contenir un peu plus de gags dans chaque épisode mais, en fin de compte, il n'y a rien d'amusant à propos des dictateurs.