Formé à l'Actors Studio, tout comme son illustre collègue Al Pacino, Robert De Niro est à juste titre considéré comme un des plus grands acteurs de sa génération et du cinéma américain. Acteur de composition épousant totalement le profil de ses rôles, c'est aussi un très grand perfectionniste.
Il n'hésite pas à apprendre le saxophone pour la comédie musicale New York, New York, à vivre aux côtés de mineurs-sidérurgistes pour Voyage au bout de l'enfer (1978), à prendre trente kilos pour jouer un boxeur sur le déclin dans Raging Bull (1980) - performance qui lui vaut l'Oscar du Meilleur acteur - ou encore à apprendre la messe en latin pour les besoins de Sanglantes confessions...
Avec une aussi fabuleuse carrière, il n'a depuis longtemps plus rien à prouver.
"La pire nuit de ma vie" : Scorsese n'a pas gagné assez d'Oscars pour ce film selon sa monteuseEt si Bob a pas mal cachetonné dans les années 2000 dans des comédies parfois indignes (coucou les atroces aventures de Rocky et Bullwinkle), ou, plus récemment encore, en Dirty Papy vraiment embarrassant, il est encore à l'affiche de films très solides, comme The Irishman ou Joker.
A 80 ans, il s'offre même le luxe d'une extraordinaire composition, glaçante d'onctuosité maléfique, dans Killers of the flower moon. Mais, comme il le précisait dans cette magnifique interview confession accordée au journal Le Monde, un entretien crépusculaire aussi, l'heure n'est plus, depuis longtemps, aux excès de la Method acting, devenue beaucoup trop fatigante pour lui. Plus l'énergie.
De là ces considérations de l'acteur, qui déclare être entré dans une période "japonisante de son art", l'économie de gestes.
Le rôle le plus difficile de sa carrière ?
Dans une table ronde organisée par le Hollywood Reporter en 2019, en marge de la promotion de The Irishman, l'acteur a dévoilé le rôle qu'il considérait comme le plus difficile de son immense carrière, celui qui exigea un quasi abandon dans sa préparation.
"Je pense vraiment que c'est celui de Jake LaMotta dans Raging Bull", confiait-il, "avec toute cette prise de poids..."
Et de raconter ce qui l'avait convaincu pour ce rôle : "J'avais lu les mémoires de Jake LaMotta pendant que je faisais 1900 de Bernardo Bertolucci. J'ai alors appelé Marty depuis l'Italie et je lui ai dit : "Le livre n'est pas de la grande littérature, mais il y a beaucoup de cœur dedans".
Je me souviens avoir vu Jake LaMotta dans la 7e rue à New York, il travaillait dans une espèce de strip-club. Il se tenait dehors, sur le trottoir, il était en énorme surpoids. Je me suis dit : "Mon dieu, mais qu'est-ce qu'il lui est arrivé ?"
Et je pensais que la différence graphique entre être obèse comme il l'était et être un jeune boxeur était vraiment intéressante. Je pensais que j’aimerais voir si je pouvais prendre ce poids. C'était donc mon intérêt dans ce rôle".
