Marronnier arrosé jusqu'à plus soif depuis des décennies par les chaînes TV, véritable martingale à audiences généreuses lorsque celles-ci ont régulièrement un ventre mou dans leurs grilles des programmes, c'est peu dire que Louis de Funès est une valeur ultra sûre pour la télévision.
On ne compte plus les multi-rediffusions de ses films, entre les saga des Fantômas et du Gendarme de Saint Tropez, Le Corniaud, La Folie des grandeurs, L'aile ou la cuisse, La Grande Vadrouille... Sans oublier bien entendu les indéboulonnables Aventures de Rabbi Jacob. Nouvelle démonstration ce soir sur France 2.
"Les malheurs, les gens les retrouvent bien assez tôt. Le rire, on en aura toujours besoin !" disait l'icône du cinéma français. Est-ce à dire que le public français avait une large tendance à souvent confondre l'acteur et ses personnages aux visages élastiques ? Absolument.
"Dans la vie, les gens guettent un peu sur son visage ce qu'ils attendent, ce qu'il est au cinéma, alors que dans la vie, il n'a aucune raison au monde de se comporter comme tel ou tel personnage, qui sont écrits pour lui" commentait Gérard Oury, interviewé par la chaîne CBC / Radio Canada alors qu'il assurait la promotion du film Rabbi Jacob aux côtés de son interprète.
"Louis était bloqué..."
Reste que l'acteur fut affecté par les critiques -car oui, il y en avait- sur ses mimiques et sa gestuelle. Au point qu'il refusa de tourner une scène dans Les Aventures de Rabbi Jacob. L'anecdote est racontée par Danièle Thompson, la fille de Gérard Oury, scénariste et dialoguiste sur le film, dans le n°45 du Mook Schnock justement consacré à Louis de Funès.
"Dans Rabbi Jacob, pour la scène où il interpelle le gendarme, il était écrit : "il fait des grimaces". On savait que ca serait sûrement génial. Or, le jour du tournage, Louis a refusé de faire ses grimaces. Il avait été tellement critiqué à ce sujet qu'il ne voulait plus en faire. Mon père dut lui expliquer pendant très longtemps que, dans l'action même de l'histoire, elles étaient justifiées. Louis était bloqué. Finalement il s'est résolu, et là encore, cela reste un moment d'anthologie".
"Comment vous appelez-vous ? Pivert, Victor Pivert, comme l'oiseau !" On ne se lasse décidément jamais du film et de cette séquence...