La situation est toujours aussi tendue à Hollywood. La grève des acteurs - représentés par la SAG-AFTRA (Screen Actors Guild ‐ American Federation of Television and Radio Artists, le syndicat professionnel américain des acteurs) - suit toujours son cours depuis son lancement le 14 juillet dernier.
L'espoir d'une issue se profilait pourtant avec la fin de la grève des scénaristes, représentés par la WGA (Writers Guild of America, le syndicat des scénaristes américains qui protège leurs droits d'auteur) après 5 mois de grève.
Si les scénaristes ont approuvé et ratifié le nouvel accord de trois ans établi, incluant des meilleures conditions de travail et des revalorisations de salaires conséquentes, avec l'AMPTP (l'Alliance des producteurs de cinéma et de télévision), la situation est plus délicate pour les acteurs, les actrices et les artistes-interprètes.
Pas de fin de grève pour les acteurs... pour le moment
Alors que les négociations avaient repris entre la SAG-AFTRA et l'AMPTP, Deadline nous apprend que les studios ont arrêté les discussions avec le syndicat des acteurs, les accusant de ne pas accepter les mêmes conditions et termes accordés aux scénaristes.
"Après des conversations significatives, il est clair que le fossé entre l'AMPTP et la SAG-AFTRA est trop grand, et les conversations ne nous font plus avancer dans une direction productive", a déclaré le groupe dirigé par Carol Lombardini, dirigeante de l'AMPTP dans un communiqué. Les pourparlers semblent être plus difficiles que d'habitude.
La plus récente proposition d'accord faite par la SAG-AFTRA n'a pas été acceptée par l'AMPTP. La cause de la discorde ? L'augmentation des revenus résiduels sur les contenus de plateforme à succès demandée par les acteurs.
Outre la revalorisation des droits, des conditions de travail et des salaires, la SAG-AFTRA a placé au centre des négociations avec l'AMPTP deux enjeux majeurs pour l'avenir de l'industrie des films et des séries : le streaming et l'intelligence artificielle.
Le syndicat des acteurs demande en effet à partager les revenus des œuvres de streaming, en fonction du succès sur les plateformes.
L'AMPTP estime que cette demande de partage des bénéfices, qui devrait représenter environ 2 % des bénéfices potentiels, serait un "fardeau économique intenable", qu'elle a estimé à plus de 2,4 milliards de dollars sur la période des trois ans établis du futur nouveau contrat.
De son côté, la SAG-AFTRA a estimé que leur demande coûterait aux studios moins de 57 centimes par abonné par an.
L'Alliance des producteurs de cinéma et de télévision a également refusé d'augmenter les salaires des membres de la SAG-AFTRA pour suivre l'inflation et a surtout refusé de protéger les artistes-interprètes de la possibilité d'être remplacés par des intelligences artificielles ou des répliques numériques sur des franchises.
Si l'AMPTP espère que la SAG-AFTRA reviendra à la table des négociations, le syndicat des acteurs ne compte pas se laisser faire et a fait parvenir un message combatif sur leurs réseaux sociaux :
"À nos collègues membres de la SAG-AFTRA, c'est avec une profonde déception que nous apprenons que les PDG de l'industrie ont quitté la table des négociations après avoir refusé de prendre en compte notre dernière offre.
Nous avons négocié avec eux en toute bonne foi, en dépit de leur offre choquante présentée la semaine dernière qui valait moins que ce qu'ils proposaient avant le début de la grève.
Ces entreprises refusent de protéger les artistes du remplacement par l’IA, elles refusent d’augmenter vos salaires pour suivre l’inflation et elles refusent de partager une infime partie des immenses bénéfices que VOTRE travail génère pour elles. [...]
Ces entreprises utilisent la même stratégie ratée qu’elles ont tenté d’infliger à la WGA : diffuser des informations trompeuses pour tenter de manipuler nos membres et les amener à abandonner notre solidarité et à faire pression sur nos négociateurs."
La SAG-AFTRA obtiendra-t-elle gain de cause ? Ou va-t-elle résister et devoir poursuivre sa grève, même si elle doit être menée encore des mois jusqu'en 2024 ?
Si les scénaristes ont pu retourner au travail et écrire les scénarios de films et séries à venir à Hollywood, la plupart des tournages ne pourront pas reprendre sans les artistes-interprètes et les campagnes promotionnelles sont également en péril. "Nous sommes unis et prêts à négocier aujourd’hui, demain et chaque jour", a exprimé la SAG-AFTRA, qui ne lâchera rien.