La grève des scénaristes à Hollywood est officiellement terminée. Après 146 jours de lutte, la WGA (Writers Guild of America, le syndicat des scénaristes américains qui protège leurs droits d'auteur) a enfin obtenu gain de cause auprès de l'AMPTP (l'Alliance des producteurs de cinéma et de télévision) le dimanche 24 septembre en établissant un accord de principe.
Deux jours plus tard, le syndicat a officiellement annoncé la fin de la grève - la plus longue de l'Histoire pour les scénaristes - qui avait pour but de revaloriser leurs droits et leurs conditions de travail, d'augmenter leurs salaires fixes et résiduels (royalties) notamment sur les contenus de streaming mais aussi d'encadrer l'utilisation de l'Intelligence Artificielle.
Le comité de la WGA a indiqué qu'il s'agissait d'un accord historique à ses membres dans un communiqué : "Nous pouvons dire, avec une grande fierté, que cet accord est exceptionnel – avec des gains et des protections significatifs pour les écrivains et scénaristes de tous les secteurs du syndicat".
Victoire pour les scénaristes
Alors quels sont les détails de cet accord exceptionnel conclu entre le syndicat des scénaristes et les studios ? Deadline avait déjà indiqué que la WGA avait réussi à négocier la prolongation de l'assurance maladie de ses membres jusqu'à la fin de l'année pour ceux qui allaient la perdre.
Aujourd'hui, Variety révèle les principales modalités négociées par le syndicat des scénaristes, qui a publié le contrat complet de 94 pages ainsi qu'un résumé des nouvelles conditions.
L'accord comprend de meilleures conditions de rémunération et des protections pour l'utilisation de l'Intelligence Artificielle dans le processus d'écriture, comme :
- L’IA ne peut pas écrire ou réécrire une œuvre, et le contenu généré par l’IA ne sera pas considéré comme un matériel source dans le cadre du contrat, ce qui signifie qu'un contenu généré par l’IA ne peut pas être utilisé pour porter atteinte au crédit d’un écrivain ou à ses droits séparés.
- Un scénariste peut choisir d'utiliser l'IA lors de son travail d'écriture, si le studio y consent et à condition que le scénariste suive les politiques applicables de l'entreprise, mais l'entreprise ne peut pas exiger que le scénariste utilise un logiciel d'IA (par exemple, ChatGPT) lors de son travail d'écriture.
- Le studio doit divulguer à l'écrivain si des documents fournis au scénariste ont été générés par l'IA ou intègrent du contenu généré par l'IA.
- La WGA se réserve le droit d’affirmer que l’exploitation du matériel des écrivains pour former l’IA est interdite par le contrat ou toute autre loi.
Autre grosse victoire pour les scénaristes, comme le souligne Los Angeles Times : l'augmentation des paiements résiduels. Ils auront de meilleures primes en fonction de l'audience des films et séries sur les services de streaming sur la base d'un système qui se veut proportionnel au succès de l’œuvre.
Et les plateformes vont devoir être plus transparentes avec les auteurs à ce sujet : le nouveau contrat permet à la WGA de recevoir des mesures confidentielles d'audience pour les émissions originales en streaming, en fonction des heures visionnées.
Enfin, les scénaristes auront de meilleures conditions de travail puisqu'un minimum de staff a été établi de manière proportionnelle. Pour les séries notamment, un emploi minimum de scénaristes par épisode s'applique "à moins qu'un seul scénariste ne soit employé pour écrire tous les épisodes d'une saison".
Pour les autres séries, un plan a été établi comme tel : pour les séries comptant jusqu’à 6 épisodes, il faut par exemple embaucher trois scénaristes, et pour les séries de 13 épisodes ou plus par saison, l'effectif minimum est de six scénaristes, qui peuvent inclure trois scénaristes-producteurs.
Si les scénaristes ont obtenu gain de cause, les acteurs - toujours en grève - ne désespèrent pas de trouver eux aussi un accord avec les studios via leur syndicat la SAG-AFTRA. Selon Deadline, l'AMPTP et la guilde des acteurs pourraient enfin se revoir pour discuter d'un nouveau contrat dans les prochains jours.
