Faire partie de la distribution principale d'une série Netflix est-il synonyme de jackpot ? Pas vraiment si l'on se penche sur les déclarations des principaux intéressées. Ce n'est en tout cas pas le cas pour l'actrice Diane Guerrero, qui a joué le rôle de Maritza Ramos dans la série Netflix Orange is the New Black.
Elle travaillait dans un bar où les clients la reconnaissaient. "Comment pourriez-vous dire à un parfait inconnu combien vous êtes payée pour jouer dans une série télé ?", dit-t-elle dans les colonnes de Deadline. "Parce que tout le monde réagirait en disant : 'Oh, mon Dieu, je vous 'adore dans cette série ! Mais qu'est-ce que vous faites ici ?' C'était d'une incrédulité à la limite de l'offense."
Selon un article paru cette semaine dans The New Yorker, cette confrontation était typique de certains acteurs de cette série et d'autres qui cartonnent sur les plateformes de streaming. Bien que les acteurs aient acquis une notoriété mondiale et des hordes de fans, les sommes d'argent qu'ils gagnent grâce à leurs séries ne leur permettent pas d'abandonner leurs activités diurnes ou nocturnes. Cela a souvent conduit à la situation décrite par Diane Guerrero.
Ces luttes sont au cœur des grèves actuelles à Hollywood, qui opposent les acteurs et les scénaristes aux studios qui les financent et qui veulent se tailler une part (encore) plus importante à l'ère du streaming.
L'histoire de l'actrice Kimiko Glenn fait écho à celle de Diane Guerrero. Elle a reçu par courrier une déclaration de ses royalties de la part de la SAG-AFTRA (le syndicat des acteurs) pour son rôle de Brook Soso, une détenue idéaliste dans Orange is the New Black. Le document mentionnait des montants minuscules, de l'ordre de quelques centimes. "Je me suis dit : 'Oh, mon Dieu, c'est tellement triste'", raconte l'actrice. Elle a posté une vidéo dans laquelle elle montre la déclaration – "Je vais être tellement riche !" dit-elle ironiquement dans le post – qui atteint le total de vingt-sept dollars et trente cents et s'écrie "QUOI ?".
La précarité devenue une norme
Dix acteurs de la série, dont beaucoup ont passé plusieurs saisons en tant que guest stars récurrentes, ont été interrogés pour l'article du New Yorker. "La première chose que nous nous disons quand nous nous voyons, c'est 'Ouais, c'est vraiment la merde. Tous mes droits résiduels ont disparu". Orange is the New Black a été distribuée par Netflix mais produite par Lionsgate, qui a déterminé les paiements initiaux des acteurs.
Lorsque Kimiko Glenn a rejoint l'équipe de la saison 2, la production de la série ne payait pas son transport à moins qu'elle ne soit appelée avant 6 heures du matin. "Les trajets en taxi n'auraient pas représenté quelque chose de si important si nous avions été suffisamment payés pour ne pas avoir l'impression d'y passer notre salaire" dit-elle.
Le lendemain du lancement de la dernière saison, la scénariste et productrice Tara Herrmann a déclaré : "Jenji (la co-créatrice de la série, Jenji Kohan) et moi-même avons été amenées dans une salle de conférence, et ils nous ont enfin communiqué les chiffres : cent millions d'utilisateurs avaient vu au moins un épisode, et au moins la moitié d'entre eux avaient suivi l'ensemble des six saisons. D'un point de vue artistique, ces chiffres sont à couper le souffle. D'un point de vue commercial, ils sont absolument stupéfiants. Après avoir révélé les chiffres, le directeur nous a demandé : 'Qu'est-ce que vous ressentez en entendant cela ? Jenji est restée silencieuse et m'a regardée, et j'ai répondu : "Comme une envie de renégocier mon contrat.'"
La grève des acteurs est censée apporter du soutien à celle des scénaristes, engagée depuis plus de deux mois maintenant. Cela suffira-t-il à faire infléchir les studios d'Hollywood et les plateformes de streaming ? Rien n'est moins sûr...
Quelles séries sont à l'arrêt depuis le début de la grève des scénaristes ? Et quelles sont les deux grosses productions déjà mises en stand-by depuis l'annonce de la grève des acteurs ? Suivez l'actualité des grèves sur AlloCiné.