Les séries médicales américaines, ce n'est pas exactement ce qui manque dans le paysage audiovisuel. Entre les Grey's Anatomy, Nip / Tuck, Urgences, Chicago Med, Body of Proof, Dr House, New Amsterdam, pour n'en citer qu'une toute petite poignée, les séries médicales sont un genre absolument incontournable.
Mais dans ce vaste océan de scalpels, blocs opératoires, mais aussi dramas et histoires d'amour, certaines tirent leur épingle du jeu par leur singularité. C'est le cas de The Knick, disponible sur la plateforme Amazon via le pass Warner.
Une plongée électrisante dans la médecine moderne
Inspiré de la vie de William Halsted, authentique médecin du 19ème siècle considéré comme l'un des précurseurs du monde chirurgical, The Knick suit le combat mené par le docteur Thackery (Clive Owens) dans un hôpital new-yorkais où le taux de mortalité crève le plafond alors que la plupart des antibiotiques n'ont pas encore vu le jour.
À une époque où les opérations chirurgicales se déroulent en public dans un amphithéâtre, il devient le nouveau responsable du service de chirurgie. Il hérite du poste après le suicide de son mentor, suite à une opération qui a coûté la vie à leur patiente.
Thackery repousse sans cesse les limites de sa discipline – en créant notamment ses propres instruments chirurgicaux- mais souffre d’une addiction à la cocaïne de plus en plus grave.
Il va bientôt se retrouver en conflit avec Cornelia Robertson : la jeune femme, dont le père finance l’hôpital, lui impose un nouvel adjoint, le brillant Algernon Edwards. Mais selon Thackery, jamais ses patients n’accepteront d’être opérés par un médecin noir…
Et tandis que le "Knick" voit l’arrivée de l’électricité, les trafics les plus archaïques se poursuivent, entre corruption des services de santé, commerce de cadavres et menaces de la mafia...
C'est Steven Soderbergh qui réalise l’intégralité de la première saison de The Knick sur les deux qu'elle comporte. Elle n'ira en effet malheureusement pas jusqu'à la troisième saison, faute d'audience suffisante, et malgré d'excellentes critiques.
Portée haut par la qualité de ses interprètes, Clive Owen en tête qui incarne un personnage complexe et avant-gardiste, nimbée d'une bande-son formidable signée Cliff Martinez, qui surprend d'abord par son côté totalement décalé au regard du sujet et du contexte de la série, mais qui au final colle formidablement bien, The Knick est aussi une radiographie historique absolument passionnante d'une époque.
En l'occurrence celle de la ville de New York au tournant du siècle, en 1900. Une ville cosmopolite, grouillante de vie, avec ses candidats immigrés à l'American Way of Life mais sans le sou. Sa misère la plus crasse, sa lutte des classes, ses trafics en tous genres. Son racisme ordinaire dont est notamment victime le Dr. Algernon Edwards.
Les progrès (ou non) de la médecine moderne (c'est d'ailleurs le sens de la catchline de la série : "Modern Medicine had to Start somewhere"), à la fois guidée par un idéal de progrès mais aussi -déjà- par des considérations mercantiles.
Par sa finesse d'écriture exceptionnelle, l'élégance de sa mise en scène, la qualité de l'interprétation, son approche réaliste aussi (les interventions chirurgicales, à la fois réparatrices, mais aussi esthétiques, avec quelques scènes choc à la clé), Soderbergh pose un regard d'entomologiste sur une ruche foisonnante et fascinante. Immanquable.