En 1977, cinq ans après un traumatisant Dernière maison sur la gauche d'une extrême violence, Wes Craven mettait à nouveau au supplice les spectateurs avec La Colline a des yeux. S'inspirant d'un atroce fait divers sur une famille écossaise anthropophage qui tendait des embuscades aux voyageurs au tout début du XVIIe siècle, Wes Craven plantait son récit en Californie.
Là, une famille traversait le désert, sous prétexte d’y visiter une mine d’argent dont elle avait hérité. Un accident, et elle se retrouvait isolée au milieu de collines rocailleuses et désolées. Du haut des collines, une tribu de sauvages les observaient... A commencer par "Pluto", le cannibale dégénéré de la famille, incarné par l'inquiétant Michael Berryman.
Ci-dessous, la bande-annonce, pour la piqûre de rappel...
Déviant et glauque à souhait, le film, toujours interdit aux moins de 16 ans, est devenu culte. Près de 30 ans plus tard, Wes Craven donnera sa bénédiction pour la mise en chantier d'un remake de son film (il en sera même le producteur), qui sera confié aux bons soins d'Alexandre Aja, qui réalisait là, à 27 ans, son second film, après le très remarqué Haute Tension.
Un choix plus que judicieux. Si Aja a été largement biberonné par les films de genre qui garnissaient les rayons des vidéo-clubs, il ne fallait évidemment pas trahir l'essence du matériau d'origine. "C'est un projet intimidant, ca reste un film qu'on a vu tellement de fois, qu'on connait par coeur. Comment va-t-on pouvoir le réinventer, et surtout pourquoi le réinventer ?" nous confiait-il lorsque nous l'avions rencontré à l'époque de la sortie du film.
Si j'aime tellement La Colline a des yeux, c'est parce qu'il y a Michael Berryman dedans. Pour le look des mecs dans les collines. Le côté un peu kitsch dans le jeu des acteurs. Il y a un côté humour noir décalé aussi que j'adore. L'idée était de tenter de le réinventer, d'une manière plus terrifiante, beaucoup plus accès sur le côté survival, quelque chose qui serait davantage dans la veine d'un film comme Délivrance ou Chiens de paille. Beaucoup plus que sur le "simple" côté cannibale de mecs habillés de fourrure et de plumes qui courent dans les collines".
Le moins que l'on puisse dire, c'est que Aja n'a pas menti en faisant cette profession de foi. Car disons-le sans détour : sa version millésime 2006 de La Colline a des yeux est, de l'aveu même de nombreux fans, très supérieure au film original. Ce qui n'arrive pas franchement souvent lorsque l'on évoque les remakes, pour être tout à fait honnête...
Sorti dans une période où les salles de cinéma étaient régulièrement inondées par la vague de films estampillés Torture Porn, entre les Saw et autres Hostel, La Colline a des yeux est un film d'une brutalité et d'une cruauté assez inouïe. Il sera même, dans un premier temps, estampillé NC-17 aux Etats-Unis; contraint de raboter sensiblement sa violence pour parvenir à décrocher un classement "R" par la MPAA, soit une interdiction stricte aux moins de 17 ans. Dans tous les cas, son interdiction aux moins de 16 ans en France est plus que justifiée.
Armé d'une mise en scène tendue à craquer, mettant plus d'une fois les nerfs à très rude épreuve, ce remake poisseux et viscéral (dans le sens le plus littéral du terme d'ailleurs...) au propos politique subversif est sans conteste un des meilleurs films du genre sorti dans les années 2000. La suite, sortie en 2007, n'arrive pas à la cheville du film d'Alexandre Aja.
Si vous n'avez jamais vu cette pépite, vous savez ce qui vous reste à faire. Âmes sensibles s'abstenir ! Tant qu'à rester dans les recommandations de visionnage, toujours dans le même rayon, on vous conjure de découvrir ce pur chef-d'oeuvre.