Mis en scène par Nicolas Boukhrief, Trois jours et une vie (2019) est la troisième adaptation consécutive du cinéaste après La Confession (tiré du roman Léon Morin, prêtre) et Un Ciel radieux (tiré du manga de Jiro Taniguchi).
Adapté du roman éponyme de Pierre Lemaître, le film est surtout une commande directe de l’auteur au réalisateur : le premier a en effet sollicité le second en lui envoyant le scénario qu’il a écrit lui-même à partir de son roman.
Et alors que Nicolas Boukhrief n’avait encore jamais tourné de films sans l’avoir aussi écrit, le projet est tellement fascinant qu’il met en pause le développement du long métrage sur lequel il travaille alors pour privilégier l’adaptation de cette œuvre douloureuse.
Décembre 1999, à Olloy dans Les Ardennes belges, le petit Rémi, 6 ans, disparaît. Voisinage et proches interrogés, villageois suspectés : l’enquête est lancée mais personne n’a été témoin de ce qu'il s’est passé… enfin presque.
Antoine, 12 ans, lui, sait, mais a honte et se tait, et laisse la petite communauté se déchirer. Mais bientôt, un événement inattendu marque la fin des recherches et de l’enquête. Quinze ans plus tard, Antoine, devenu médecin, retourne au village et se voit confronté à son sombre et secret passé.
Préparez-vous pour un marathon d’émotions et de complexité désarmante, le tout dans une œuvre redoutablement efficace, réalisée avec brio et portée par un jeu d’acteur irréprochable – dont Sandrine Bonnaire, Charles Berling et Philippe Torreton qui entourent le jeune Pablo Pauly, dérangeant à souhait.
Un drame, une enquête, des suspects, jusque là rien de compliqué. Puis tout est chamboulé et des questions éthiques sont soulevées : Trois jours et une vie va au-delà du simple polar et bouscule les attentes de son spectateur jusqu’à le questionner sur le bien et le mal et ses nuances grisées.
Ici, les enjeux sont puissants : on parle du pardon que l’on accorde à un enfant face à la condamnation de l’adulte qu’il devient et qui s’obstine à ne rien confesser. Et on parle du poids des secrets, ceux qui sont terribles et trop lourds à porter. Le point de vue du protagoniste, donné à trois âges de sa vie, ne laissera pas indifférent un public subjugué et hanté par d’intenses questionnements.
Mis en scène avec brio, le long métrage, tout en proposant une fine réflexion sur le deuil, passe du fait divers tragique au thriller psychologique âpre et cruel à l’ambiance pesante, qui joue avec nos nerfs sans compassion.
Trois jours et une vie est l’un des meilleurs films policiers du cinéma français et il s’agirait, si ce n’est pas déjà fait, d’en faire l’expérience troublante.
Trois jours et une vie, de Nicolas Boukhrief avec Sandrine Bonnaire, Pablo Pauly, Jeremy Senez...
À partir de 10 ans
Ce soir sur ARTE à 20h55