Le gros succès, tout à fait mérité, de The Last of us, adapté de la franchise vidéoludique du studio Naughty Dog, est là pour nous rappeler une évidence : l'univers de certaines licences est tellement riche et vaste, immersif, que ce soit dans l'approche visuelle, narrative et thématique, sans compter parfois une galerie impressionnante de personnages, qu'elles méritent d'avoir un traitement sous forme de série, même une mini série, sous peine de les vider irrémédiablement de leur substance en passant avec pertes et fracas par la case cinéma.
Du reste, on partage assez les propos de Thomas Harlan, derrière la société Contradiction Films, productrice de la future série Alan Wake qui fut annoncée en septembre 2018 : "le format des séries TV est bien mieux adapté pour les adaptations de licences de jeux vidéo que le cinéma. Comment retranscrivez-vous une expérience de jeu de 20, 30 ou 40h ou plus encore en seulement 90 min ? je ne pense pas que ce soit possible".
S'il y a évidemment déjà eu des adaptations de licences vidéoludiques sous forme de séries, animées ou live (Resident Evil sur Netflix par exemple pour ne citer qu'un autre exemple récent), ou encore celle, à venir, de God of War, pour Hollwyood cela reste encore une vraie mine d'or de propriétés intellectuelles (IP dans le jargon) à creuser, avec un noyau dur de millions de fans déjà préexistant, qui peut constituer une base solide et ne demande qu'à grossir.
Rester suffisamment fidèle à l'ADN d'origine pour ne pas s'aliéner la communauté des fans, tout en étant capable d'aller chercher une audience qui n'était pas forcément réceptive aux jeux vidéo, et même ignorait qu'il s'agit d'une adaptation d'une licence vidéoludique. Un très difficile exercice d'équilibriste, qu'ont justement réussi à faire Craig Mazin et Neil Druckmann sur la série The Last of us.
De là l'idée d'une petite liste de souhaits de fameux jeux vidéo qu'on aimerait bien voir adaptés en série ! Au passage, au cas où vous demanderiez : vous ne trouverez pas dans cette courte liste le Space Opera Mass Effect. Parce qu'aux dernières nouvelles, la fantastique licence est prévue dans les cartons d'Amazon, sous forme de série. Même s'il va falloir s'armer de patience pour avoir quelques informations à se mettre sous la dent.
La saga des jeux Elder Scrolls (Oblivion, Skyrim, Morrowind...)
En juillet 2020, l'éditeur Bethesda annonçait la venue prochaine sur Amazon Prime d'une série basée sur sa cultissime licence vidéoludique post-apocalyptique Fallout, née au milieu des années 1990, et vendue à plus de 46 millions d'exemplaires. Déjà en cours de production, elle a été placée sous la houlette du tandem des créateurs de Westworld, Jonathan Nolan et Lisa Joy.
Tant qu'à parler des jeux de l'éditeur Bethesda, autant continuer sur cette lancée avec une autre colossale licence de l'éditeur : la saga des jeux de rôle Elder Scrolls. Une des franchises vidéoludiques les plus connues au monde et qui a vu le jour en 1994, les jeux Elder Scrolls se déroule dans un univers Fantasy.
Chaque épisode de The Elder Scrolls a toujours apporté des éléments uniques à la série en termes de style de jeu, entre autres un immense monde ouvert et le système de progression, et incorpore des références culturelles riches et diversifiées, bien au-delà de son inspiration initiale qu'est le médiéval-fantastique.
Basée sur un Lore d'une incroyable richesse, que ce soit le nombre de personnages croisés, le nombre de races créées ou le nombre de créatures rencontrées, sans oublier des paysages aussi diversifiés que fabuleux, la saga des Elder Scrolls pourrait donner une fantastique adaptation en série.
Soyons fous : une série qui possèderait même une bande originale composée par Jeremy Soule, déjà à l'oeuvre sur la licence jeu vidéo. Après tout, The Last of us a bien (re)mis à contribution le compositeur doublement oscarisé Gustavo Santaolalla, qui avait justement signé la fabuleuse BO du jeu de Naughty Dog.
Tous ceux et celles qui ont essoré l'extraordinaire jeu The Elder Scrolls V :Skyrim, sorti en 2011, savent à quel point Jeremy Soule est capable de signer de sublimes partitions. Le carton planétaire de la série Game of Thrones, avec certes un budget particulièrement costaud, a prouvé qu'il existe un vrai public pour ce type d'univers.
Au fond, une série TV The Elder Scrolls pourrait être une combinaison rêvée entre Game of Thrones, Vikings, et Le Seigneur des anneaux. Et lorsqu'on sait justement qu'Amazon a été capable de lâcher 1 milliard $ pour 5 saisons de l'adaptation de l'oeuvre de J.R.R. Tolkien...
Pour avoir une (toute) petite idée, ci-dessous, la formidable bande-annonce de Elder Scrolls V : Skyrim, baignée par la BO hypnotique et épique de Jeremy Soule. Dans le genre, ce Trailer est un chef-d'oeuvre. Notez d'ailleurs que la voix du narrateur n'est autre que celle de l'immense acteur Max Von Sydow, qui nous a quitté en 2020.
La franchise des jeux "Mafia"
Qu'on se le dise : Les Soprano, créé par David Chase, qui nous plongeait dans les arcanes de la famille du parrain Tony Soprano, incarné par l'inoubliable et regretté James Gandolfini, est une des meilleures séries jamais créées. La série, devenue culte, a fait les beaux jours de la chaîne HBO.
Dans ce registre, on ne serait pas contre une déclinaison en série de la franchise vidéoludique Mafia. Elle pourrait même s'articuler exactement comme la série phare de la plateforme Netflix, Narcos, qui s'est d'abord intéressée aux cartels colombiens de la drogue avant de poser ses caméras du côté des cartels mexicains; le tout à des périodes différentes.
La saga des jeux Mafia regroupe trois jeux, dont le dernier est sorti en 2016. Chacun d'eux a pour cadre une période historique bien distinct et une ville fictive, mais toujours basé sur une ville bien réelle. Par exemple, le premier jeu (2002) se déroulait dans les années 1930, dans la ville fictive de Lost Heaven, très largement inspirée du Chicago des années 1930.
Le joueur y incarnait Tommy Angelo, un chauffeur de taxi qui devait prouver sa valeur à la mafia de la ville avant de grimper petit à petit dans ses rangs. Dans le second jeu, la période débutait au lendemain de la guerre, en 1945, jusqu'au début des années 1960, et suivait un américain d'origine sicilienne, Vitto Scaletta, démobilisé après la guerre, ayant rejoint les rangs de la mafia. L'action se déroulait dans la ville fictive d'Empire Bay, très inspirée des villes de New York et de San Francisco.
En revoici d'ailleurs la bande-annonce...
Mafia III quant à lui se déroulait en 1968 dans la ville fictive de New Bordeaux, véritable pendant vidéoludique de la Nouvelle Orléans. Un jeu dans lequel on suivait l'ascension d'un afro-américain du nom de Lincoln Clay, démobilisé et désoeuvré après la guerre du Viêtnam, monter un empire du crime en faisant tomber la mafia italienne.
Les trois jeux ne sont pas connectés artificiellement, puisqu'on retrouvait par exemple dans Mafia II des personnages très importants issus du premier volet de la saga. La saga vidéoludique Mafia adaptée en série pourrait-elle devenir un nouvel équivalent de celle du Parrain au cinéma ?
Ci-dessous, notre reportage sur le jeu Mafia III. Vous saviez qu'historiquement, la mafia s'était d'abord installée à la Nouvelle Orléans avant de venir à New York ou Chicago ?
Le diptyque "Red Dead Redemption"
Les séries western ne sont pas exactement en terrain inconnu sur le petit écran. Elles sont nombreuses même ces dernières années, et parfois de grande qualité : Hatefields & McCoys, Hell on Wheels, Godless, 1883... Pour n'en citer qu'une poignée. Pourtant, il nous semble qu'il reste encore un (grand) espace possible pour une série qui serait basée sur le surpuissant diptyque créé par le studio Rockstar : Read Dead Redemption.
Respectivement sortis en 2010 et 2018, Red Dead Redemption et sa suite sont de gigantesques Open World à la sauce western donc, mettant en scène des personnages hyper attachants dans un Ouest vieillissant et agonisant. Un Ouest devant céder sa place à la civilisation moderne et industrielle du début du XXe siècle, de gré ou plutôt de force.
Le premier volet met en scène un personnage du nom de John Marston, en 1911. Hors-la-loi repenti, il a préféré se ranger pour couler des jours paisibles aux côtés de sa famille. Mais il n'est pas le seul à avoir changé : le monde qu'il a connu jadis n'est plus le même et a subi de profonds bouleversements. Le gouvernement fédéral, qui tente d'affirmer un peu plus chaque jour son autorité, s'affaire désormais à faire appliquer la loi sur tout le territoire, et-ce par tous les moyens nécessaires.
Et lorsque des agents fédéraux menacent de s'en prendre à sa famille retenue en otage, John Marston n'a d'autre choix que de reprendre les armes pour traquer ses anciens frères d'armes. Usé par ses années de bandit de grands chemins, le visage couturé de cicatrices, John Marston va sillonner les vastes étendues arides à la recherche de ses anciens compagnons d'infortune.
Etre à la fois le témoin des vestiges d'une époque révolue, celle des pionniers de la Nouvelle Frontière, et prendre part malgré lui aux soubresauts de la révolution mexicaine, qui met le pays à feu et à sang...
Dans Red Dead Redemption II, conçu en réalité comme un Prequel du premier volet et vendu à 50 millions d'exemplaires, les joueurs contrôlent l'infortuné destin d'Arthur Morgan, membre d'une bande de hors-la-loi, véritable pendant vidéoludique de la Horde sauvage de Sam Peckinpah, tentant de survivre alors même que les agents fédéraux, épaulés par la célèbre agence de détectives Pinkerton, les traquent sans relâche.
Jusqu'à un dénouement tragique, porteur d'une charge émotive à fendre les pierres en deux. Pour ceux et celles qui ne connaissent pas, le lien entre les deux jeux est tout sauf artificiel, puisque les deux personnages principaux de chacune des aventures sont liés.
Extraordinaire immersion naturaliste dans l'univers du western -un genre cinématographique par excellence- comme on en a jamais vu (et dont nous vous disions ici tout le bien que nous en pensions) Red Dead Redemption et plus encore sa suite étaient logiquement pétris de références cinématographiques : Pat Garrett & Billy The kid, Les 8 salopards, L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, La Chevauchée des bannis, Impitoyable, Open Range, Il était une fois la révolution...
Loin d'être un "simple" catalogue de références, celles-ci se glissaient, parfois de manière très subtiles, dans des récits ciselés de main de maître par les orfèvres de Rockstar, qui ont une science et une maîtrise absolue de l'écriture.
Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que leur licence phare, Grand Theft Auto, alias GTA pour les initiés, est devenue un authentique phénomène culturel. Ironiquement d'ailleurs, le studio fut déjà courtisé par Hollywood pour une éventuelle adaptation de son GTA III par Tony Scott.
Une tentative rapidement enterrée en deux coups de pelle par Rockstar, pas intéressé. Peut-être lâcher un peu de lest pour une série sur Read Dead Redemption justement, qui pourrait parfaitement se décliner en deux saisons vu les arcs narratifs établis par les jeux ?