Annoncé une première fois lors du salon de la Gamescom en 2020, le jeu Unknown 9 - Awakening avait disparu des écrans radars, pour ne refaire surface qu'en mars dernier. Un développement compliqué, dû aussi à la pandémie et la période post-Covid qui a mis en souffrance les studios de développement.
Créé par le studio Reflector Entertainment, une structure née en 2017 et rachetée par l'éditeur Bandai Namco en 2020, le jeu Unknown 9 - Awakening se veut ambitieux. Car il doit constituer la clé de voûte d'une approche transmédias.
L'expérience est en effet complétée par un podcast, un comic book, deux web séries, et une trilogie de livres. Rien que ça. Chacune des approches pouvant s'apprécier de manière autonome, mais toujours avec cette idée d'élargir les fondations posées par le jeu. Et, dans cette logique, elles ont plutôt intérêt à être solides...
Ce jeu marque aussi la première incursion de l'actrice Anya Chalotra dans le monde des jeux vidéo, s'essayant à la motion capture. C'est elle qui prête ses traits à l'héroïne principale, baptisée Haroona.
Une expérience qu'elle semble avoir grandement apprécié : "C’était étonnant non seulement pour répondre aux attentes de ce travail très physique, mais aussi pour que l’on puisse saisir les émotions du personnage. C’est très inspirant. [...] Jouer un personnage de jeu vidéo rend plus libre" a-t-elle confié au micro de l'émission Tech & Co de BFM TV.
Lui proposer d'incarner ce personnage fait sens pour le coup. Comme elle, Haroona a des origines indiennes. Un personnage énigmatique au passé complexe, née avec la capacité de s’aventurer dans le Revers, une mystérieuse dimension parallèle à la nôtre.
Anya dans le métaverse, ou presque
A la recherche de puissants savoirs secrets, elle doit apprendre à maîtriser son lien unique avec le Revers (le Fold, en VO), ce qui lui permet de canaliser ses pouvoirs dans notre monde. Mais une telle puissance attire l’attention et elle devient bientôt la cible des Ascendants, une branche de la Leap Year Society, une organisation secrète qui désire utiliser le Revers pour modifier le cours de l’histoire de l’Humanité.
Découpé en 13 chapitres qui se terminent au gré d'une aventure d'une dizaine d'heures environ (sans se presser), l'histoire se suit sans déplaisir, mais souffre toutefois pour convaincre et capter suffisamment l'attention.
La faute à une écriture heurtée et maladroite, qui peine à dégager suffisamment ses enjeux et surtout à donner suffisamment de chair à ses personnages. Un récit au bout du compte assez confus, qui s'éclaire davantage, et paradoxalement, en lisant le carnet de voyage qu'Haroona emporte avec elle et dans lequel elle consigne toutes ses observations.
La principale qualité et force d'Unknown 9 - Awakening, c'est sa direction artistique, d'inspiration souvent très "Unchartedesque", sans en avoir quand même le génie (ni le budget non plus). Se déroulant au début du XXe siècle avec un zeste de steampunk, l'univers du jeu étend sa toile au gré d'environnements vraiment variés et visuellement réussis.
De la ville indienne de Chamiri, regorgeant de détails et vraiment superbe, à la jungle luxuriante de Suknasari, en passant par les coursives d'un immense dirigeable ou les étendues semi désertique de l'Anatolie, la direction artistique est inspirée. Pas question toutefois de partir dans tous les sens : toute l'aventure se fait sur des rails ultra balisés et linéaires. Une observation qui n'est, ceci dit, pas un reproche.
Des affrontements brouillons et redondants
Le gros écueil du jeu reste à nos yeux la structure même du jeu, qui comporte beaucoup trop d'affrontements systématiques et au final très, très peu d'explorations. Il aurait certainement été plus judicieux de doser davantage, en mettant par exemple plus d'énigmes / puzzles à la place. Il y en a, mais très, très peu, et ils sont d'une facilité déconcertante et jamais bloquants.
Non seulement les affrontements sont ultra redondants, mais les ennemis, au nombre d'une dizaine, du tireur d'élite à la brute épaisse au corps-à-corps en passant par les sous boss, sont toujours les mêmes. Il nous est souvent arrivé de nous emmêlé les pédales dans les combats virant à la foire d'empoigne, entre une caméra qui fait des siennes, et une ergonomie pas très bien pensée.
Haroona est aidée grâce à des capacités se débloquant dans un arbre de compétences, ce qui ne sera pas de trop, car elle est finalement assez vulnérable et peut se faire rapidement envoyer au tapis. Mention spéciale d'ailleurs au très sympathique pouvoir permettant de prendre le contrôle d'un ennemi et de le retourner contre ses petits camarades, histoire qu'il vous aide à faire un peu le ménage dans les rangs adverses.
Au bout du compte, la somme des griefs listés au-dessus pourrait faire passer Unknown 9 - Awakening pour un mauvais jeu. Ce qu'il n'est pas. Mais il manque de finition (bug bloquant par exemple, forçant à relancer une sauvegarde). Et avec un positionnement tarifaire à 50€ (en édition standard), la concurrence est particulièrement féroce pour tenter de s'imposer.