Varsovie, 1940. Wladyslaw Szpilman, pianiste officiel de la radio d'État polonaise, joue en studio le Nocturne en do mineur de Chopin quand une explosion vient éventrer le bâtiment. La Wehrmacht est entrée dans la ville. Avec les autres juifs de Varsovie, Szpilman et sa famille vont plonger dans l'horreur du ghetto.
Premières exactions, assassinats de masse, puis mise en place implacable des déportations. Recueilli par des amis polonais, le pianiste assistera caché à la tragédie des siens, marquée par la révolte désespérée du ghetto et par sa destruction finale. D'hôpitaux bombardés en caches sommaires, Wladyslaw le témoin continue de jouer en pensée, faisant résonner dans sa tête la musique qui risquerait de trahir sa présence...
En évoquant le bouleversant destin du pianiste juif polonais Wladyslaw Szpilman, décédé d'ailleurs au moment où le film était en phase de préproduction, Roman Polanski exorcise avec Le Pianiste son douloureux passé, celui d'enfant rescapé du ghetto de Cracovie.
Palme d'or à Cannes, couronné par trois Oscars dont celui du Meilleur réalisateur, Le Pianiste est porté par un extraordinaire Adrien Brody, plus transfiguré et habité que jamais par ce rôle. Le comédien y joue ni plus ni moins le rôle de sa vie.
Un investissement douloureux
Il faut dire que l'acteur a vraiment payé de sa personne. Il a d'abord perdu 13 Kg, puis s'est mis à apprendre le piano pendant des mois, à raison de 4h de pratique par jour. Suite à cela, il estima qu'il devait se perdre autant que son personnage, s'isoler au maximum.
Il opta pour une solution radicale : il lâcha son appartement, coupa tous ses téléphones, vendit sa voiture, et partit en Europe comme un itinérant, avec seulement deux sacs... Pendant ce temps de préparation, "tout le monde et toutes les bonnes choses me manquaient" déclara-t-il dans une interview donnée à la BBC.
Il s'était tellement isolé, à se plonger aussi dans les mémoires du pianiste survivant de l'Holocauste, qu'il lui a fallu six mois pour se réacclimater avec la "civilisation". A la clé : un Oscar du meilleur acteur bien mérité en 2003.