Les Essentiels de David Cronenberg - Page 3

Dead Zone de David Cronenberg (© Carlotta Films)

De quoi ça parle ?
Johnny Smith, jeune professeur dans une petite ville de province, est victime d'un accident de la route, peu de temps après avoir raccompagné sa fiancée, Sarah. Il ne revient à lui qu'au bout de cinq années de coma. Sarah est à présent mariée. Il s'aperçoit que passé, présent et futur se confondent dans son esprit. C'est ainsi qu'il réussit à sauver d'un incendie l'enfant de son infirmière et qu'il révèle à son médecin que sa mère, qu'il croyait morte en déportation, est en fait toujours vivante...

Pourquoi le (re)voir ?

Parce que Dead Zone est le chef-d’œuvre méconnu de David Cronenberg ! Le film "à part" d’un auteur qui, alors qu’il commence à s’imposer dans le cinéma d’horreur, tente une incursion dans le thriller, à la fois fantastique, judiciaire et politique. Tout en misant sur la sobriété, la non-violence et l’absence d’effets de style inutiles, Dead Zone conserve le suspense angoissant, l’intensité dramatique et l’atmosphère glaçante ; marques de fabrique du cinéaste canadien. Grâce à ce film, Cronenberg s’impose pour la première fois aux Etats-Unis, épaulé pour l’occasion par deux acteurs charismatiques, deux pointures en vogue du cinéma américain : Christopher Walken, émouvant en héros voué au sacrifice, et Martin Sheen, dérangeant en dictateur arriviste.

Mélange des genres réussi, Dead Zone est aussi et enfin une symbiose de talents : talent de Stephen King dont le film est ingénieusement adapté, talent surtout de Cronenberg qui transpose son œuvre tout en imposant les thèmes et les obsessions qui font la  force et la spécificité de son cinéma : un héros isolé par sa différence, une confusion entre le réel et l’imaginaire, une "contamination" de l’homme par la machine ici via l’accident de voiture...

Un questionnement passionnant au coeur d'un film accessible, intemporel et fascinant, à voir ou revoir absolument !

Le saviez-vous ?
Dans le film avant l'accident, Johnny, le personnage qu'incarne Christopher Walken, incite sa classe à lire "La légende de Sleepy Hollow". Un détail amusant, puisque quelques années plus tard, Christopher Walken jouera le personnage du cavalier sans tête dans l'adaptation cinéma de Tim Burton. De même, le personnage interprété par Martin Sheen a une vision prémonitoire au cours du film : il se voit en Président des USA. Quelques années plus tard, l'acteur aura l'occasion d'incarner plusieurs fois le rôle du chef d'état américain, d'abord dans la mini-série Kennedy (1983) puis dans À la Maison blanche. Coïncidences ou prémonitions ?

La bande-annonce du film :