Première fois à Hollywood...
jeudi 16 décembre 2010 - 05h00

Ils sont venus, ils ont vu, ils ont vaincu… ou pas. Comme Florian Henckel Von Donnersmarck, qui réalise avec "The Tourist" son premier film américain, d’innombrables réalisateurs étrangers sont venus se frotter aux majors, pour le meilleur ou pour le pire. Une étude exhaustive des différents cas nécessiterait quelques thèses... En attendant, voici déjà dix "premiers films à Hollywood" qui peuvent en évoquer pas mal d’autres. [Dossier réalisé par Alexis Geng]

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4 / 10

 

Avant : avant de découvrir l’Amérique, le prolifique sir Alfred (pas encore sir à l’époque), sans rentrer dans les détails d’un parcours que ses biographes ont déjà retracé sur plusieurs milliers de pages, tourne plus de 25 films pour plusieurs compagnies britanniques (Gainsborough Pictures, British International Pictures, Gaumont British), succès remarquables ou échecs douloureux (au tout début notamment), films muets puis parlants. Parmi ceux qui font date, citons notamment The Lodger (Les Cheveux d'or), le film qui le lança véritablement, L'Homme qui en savait trop (dont il réalisera lui-même un remake américain) ou Les 39 marches, œuvre programmatique. Commençant vraisemblablement à se sentir à l’étroit au Royaume-Uni, le cinéaste accepte en 1939 la proposition de David O. Selznick de venir à Hollywood - les moyens mis à disposition étaient déjà sans commune mesure.

Le film : Rebecca (1940), adapté de Daphné Du Maurier (comme plus tard Les Oiseaux), avec l’immense Laurence Olivier et Joan Fontaine en vedettes de cette production somme toute très british. Première de ses quatre collaborations avec le producteur David O. Selznick, Rebecca est aussi la seule œuvre du réalisateur à avoir remporté un Oscar du meilleur film, fort logiquement remis à ce même Selznick -  mais cause d’irritation supplémentaire pour Hitchcock qui n’entretint pas, loin s’en faut, des rapports idylliques avec le producteur. La volonté de contrôler, l’interventionnisme de ce dernier exaspérèrent le cinéaste, mais ne surprennent pas outre mesure à une époque où le réalisateur est avant tout considéré comme un technicien en chef - Hitchcock fera partie de ceux qui changeront (en partie) la donne. Quoiqu’il en soit, le film est acclamé, nommé neuf fois aux Oscars, et en rafle deux (meilleur film donc, et meilleure photo), Hitchcock étant battu par John Ford pour celui du meilleur réalisateur.
Anecdote savoureuse (et qu’on espère non romancée, du coup) : Laurence Olivier, qui aurait souhaité que sa compagne Vivien Leigh partage l’affiche avec lui, se comporta de façon odieuse avec Joan Fontaine… ce qui poussa Hitchcock à en rajouter une couche en affirmant à l’actrice que le plateau entier la haïssait, afin que son malaise la rende timorée - soit ce qu’il attendait d’elle dans le rôle.

Après : on ne va pas tenter de vous résumer l’immensité d’une carrière unique en quelques lignes, mais rappelons tout de même qu’à compter de ce film le maestro collaborera successivement avec la plupart des grands studios hollywoodiens (RKO, Fox, Universal, Warner, Paramount, MGM…), puisqu'il avait pu constater entretemps qu'il ne pouvait en être autrement. Ses rapports exécrables avec Selznick l’amèneront  en effet après l’échec du Procès Paradine (dernière collaboration des deux hommes en 1947) à vouloir tenter sa chance seul : c’est ainsi que pour devenir son propre producteur et rester maître du cut il fondera la Transatlantic, coulée après deux films. Anomalie remarquable, Hitchcock n’a jamais remporté la moindre statuette de meilleur réalisateur (comme Kubrick, Malick, ou le plus virtuose des disciples du maître anglais, Brian De Palma). On pourrait dire qu’avec la compagnie de tels exemples, le fait de n’avoir rien reçu de l’Académie devient presque pour un cinéaste une distinction en soi… Encore faut-il préciser que lorsqu’il a été nommé, Hitchcock n’a cédé la récompense qu’à John Ford, Leo McCarey, Elia Kazan et Billy Wilder (autre grand exilé) par deux fois. Défaites honorables.

On aurait aussi pu parler de :
-ce flot ininterrompu d’expatriés britanniques (la transition est moins rude pour eux), qui composerait une liste interminable...
-dans la catégorie géants, Jean Renoir (L'Etang tragique). D’aucuns citeront Julien Duvivier, Sergio Leone, Jacques Demy,...  Bref, on vous a prévenu, il y aura des oubliés.

 



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Commentaires

  • P-F

    Dossier extrêmement et intéressent comme toujours avec Allocine.

  • Aladdyen

    beau travail !! bravo et merci ^^

  • KIDICARUS

    Domme que vous ne parliez pas pour polanski de son film pirates :).
    Du moins si ce film est bien US

  • wakaing

    ils ont oublié Paul Verhoeven le réalisateur Hollandais qui a fait des films américain Culte comme (Roboocop, Basic Instinct, Starshic Troopers) et Faite Un Dossier sur Les Acteurs et Actrices Français première fois à Hollywood.

  • Lingard

    @wakaing : ben...si, ils en parlent. Toi, par contre, t'as oublié de le lire ;)

  • blowinup

    Bon, je dois bien avouer que je ne suis pas toujours d'accord avec l'auteur de ce dossier quant à certains films, mais dans l'ensemble, excellent boulot. ;)

  • Cineaster khalid's

    Sa fait long temps la cinéma Américain était super avec les meilleur acteur , aussi à l'année 2010 y'a toujours les super vivement Hollywood

  • Sir_Incubus

    Comme signalé plus bas, il manque selon moi un réal culte : le hollandais Paul Verhoeven, qui a débarqué aux USA avec La chair et le Sang, avant d'enchainer avec des film cultes comme Robocop, Total Recall, Basic Instinct....

  • Alexdrum

    @Sir_Incubus : Je pense qu'Allociné a essayé de faire référence à de bons réalisateurs. Citer Verhoeven ca n'aurait pas été dans le sens de cette thématique. Comme le cheveu sur la soupe, tu sais ?

  • Lingard

    @Alexdrum : Ah là, pas d'accord du tout, Verhoeven c'est un grand, il a toute sa place! Il est d'ailleurs cité en bas de la première page du dossier et c'est bien normal. Mais comme il est question de premier film, Witness est peut-être plus resté dans la mémoire du grand public que La Chair et le sang. Ils peuvent quand même pas traiter tous les films, ils ont choisi des cas représentatifs

  • Frech11

    Ya pas à tortiller du fion, LE NEO-ZELANDAIS qui va marquer notre décennie et qu'on n'oubliera pas de si tôt, ce n'est ni Lee Tamahori, ni Martin Campbell, ni même Peter Jackson, mais Andrew Niccol.

  • vincent2505

    hum hum, l'aurore est plus un film allemand tourné aux us, que le premier film américain de murnau.... qui serait plutôt city girl...

  • cinephile74

    Ce dossier n'est pas avare de grands écarts. Murnau et Tamahori ne boxent pas vraiment dans la même catégorie...mais ne soyons pas sectaires après tout !

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