La sortie de "Jack le chasseur de géants" nous montre bien à quel point le cinéma sait prendre un conte en main pour le transformer à sa sauce. La preuve avec quelques exemples… - Dossier réalisé par Maximilien Pierrette
Il était une fois...
Publié en 1812 par Jacob et Wilhelm Grimm, "Blanche-Neige" c'est d'abord l'histoire d'une reine, qui désespère de ne pas avoir d'enfant. Une frustration qui accapare tellement ses pensées qu'elle se pique le doigt en cousant, faisant tomber quelques gouttes de sang sur la neige typique de l'hiver que son pays traverse. Voyant ceci comme un signe, et prise d'un élan poétique, elle se met alors à souhaiter avoir une fille au teint blanc comme la neige, aux lèvres rouges comme le sang et aux cheveux noirs comme l'ébène. Laquelle naît quelques mois plus tard (neuf au minimum), causant la mort de sa mère et le remariage de son père, avec une femme dont le but principal dans la vie est d'être la plus belle femme du royaume.
Son miroir magique est d'ailleurs là pour la rassurer, jusqu'au jour où il lui annonce que Blanche-Neige, sa belle-fille, l'a dépassée sur ce terrain. La nouvelle reine décide alors de la faire tuer, mais le chasseur chargé de la tâche abandonne la jeune fille, qui trouve refuge dans la (petite) maison de sept nains pris de pitié par son histoire. Alors que Blanche-Neige officie comme servante chez eux, sa marâtre apprend sa non-mort et prend elle-même les choses en main.
Après deux tentatives infructueuses, c'est déguisée en paysanne qu'elle parvient à lui faire croquer une pomme empoisonnée. Éplorés, les nains décident alors de l'exposer dans un cerceuil de verre, et un prince passant dans le coin en tombe amoureux, obtenant du groupe la possibilité d'emporter avec lui le nouvel objet de son affection. Bien leur en a pris puisqu'un porteur trébuche en chemin et déloge le morceau de pomme coincé dans la gorge de Blanche-Neige, à qui le prince demande immédiatement sa main. Les deux tourtereaux invitent même la belle-mère de la jeune femme qui, lorsqu'elle la reconnaît, s'effrondre, terrassée par sa propre jalousie.
Quand l'animation s'en mêle
Quand "Blanche-Neige" et "animation" se retrouvent dans la même phrase, il y a 99% de chances pour que cela concerne l'adaptation signée Walt Disney, et ce n'est pas parce que le papa de Mickey est le seul à avoir tenté le coup : le dessinateur Picha nous a en effet offert le grivois Blanche Neige, la suite, en 2005, et l'héroïne a également visité un Château hanté, le temps d'un film qui sent bon la contrefaçon, et n'arrive donc pas à la cheville de son homologue de 1937. Moins sombre que le conte original, il est cependant globalement fidèle au matériau dont il est issu, en conservant les grandes lignes de son histoire, à laquelle il ajoute des chansons, de l'humour et des animaux sympas, qui ont contribué à faire de lui LA référence quand il est question de Blanche-Neige. Et ça fait 75 ans que ça dure !
La formule magique de Tarsem Singh
Sur le plan graphique, cette Blanche-Neige rejoint celle de Walt Disney, en remplaçant la noirceur originelle par un festival de couleurs. L'humour est également présent et se permet même quelques pointes d'irrévérence à travers les piques que lance une reine plus amusante que flippante, ou l'élixir pour chien que boit le prince, et qui le fait se frotter un peu partout. Autre détail qui a son importance : ici, quand les nains vont au boulot, cela signifie qu'ils partent détrousser les voyageurs, surtout ceux qui sont du côté de la Reine. Et forcément, à leur contact, Blanche-Neige va s'endurcir et apprendre quelques rudiments de combat.
La formule magique de Rupert Sanders
On a, là aussi, affaire à une Blanche-Neige badass (et aussi souriante que Kristen Stewart peut l'être, c'est-à-dire très peu) : après s'être enfuie du cachot où la Reine la retenait prisonnière depuis une dizaine d'années, c'est au contact du chasseur qu'elle apprend à se défendre, avant de mener une armée pour faire tomber sa belle-mère. Le ton est donc plus sombre, plus épique, mais également plus magique, comme en témoignent les nombreuses créatures qui peuplent ce long métrage, où l'on croise également... huit nains !
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