La sortie de "Jack le chasseur de géants" nous montre bien à quel point le cinéma sait prendre un conte en main pour le transformer à sa sauce. La preuve avec quelques exemples… - Dossier réalisé par Maximilien Pierrette
Il était une fois...
Contrairement à un conte comme "Blanche-Neige", "La Belle et la Bête" a connu plusieurs versions, et ce depuis le IIème siècle. Mais la plus connue reste celle de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont (1757), qui a revu et corrigé celle de Gabrielle-Suzanne de Villeneuve publiée 17 ans plus tôt. Dans cette histoire, il est question d'un pauvre marchand qui trouve refuge dans un chateau où il dîne et s'endort. Le lendemain matin, il cueille une rose pour sa fille, Belle, et là c'est le drame puisqu'une Bête apparaît, menace de le tuer avant de l'épargner en échange de l'une de ses enfants. Les autres (trois garçons et deux filles) ayant refusé la proposition, c'est Belle qui se sacrifie.
Mais lors de son séjour, elle apprend à dompter la Bête, qui se révèle moins dangereuse que prévu et semble même faire preuve de sentiments à son égard. Il autorise d'ailleurs la jeune femme à rendre visite à sa famille, pendant 8 jours, grâce à une bague qui lui permet de voyager dans l'espace et le temps. Mais ses soeurs décident de la retenir plus longtemps, afin de faire enrager la Bête qui se laisse alors dépérir. Belle l'ayant vu dans un rêve, elle se précipite à son chevet pour lui avouer son amour et le voit se transformer en prince charmant. Les deux tourtereaux peuvent alors convoler en justes noces, et une fée profite de l'occasion pour punir les soeurs de Belle, et les change en statues de pierre. Elles restent ainsi figées mais conscientes du bonheur de leur cadette, jusqu'à ce qu'elles reconnaissent leurs fautes.
Quand l'animation s'en mêle
De toutes les adaptations de "La Belle et la Bête", la plus célèbres est sans nul doute celle de Disney (1991), qui a entériné le redressement spectaculaire du studio au début des années 90. Si l'histoire est globalement suivie, beaucoup de changements sont à noter, à commencer par la disparition des frères et soeurs de Belle, "remplacés" par un prétendant aussi beau que bête et - surtout - une galerie d'objets animés : les domestiques du chateau. Parfois sombre, le film brille également par ses nombreuses séquences musicales dignes de Broadway et il sera suivi par deux suites, toutes deux sorties en vidéo, et de qualité moindre. De là à y voir un lien...
La formule magique de Jean Cocteau
Le film date certes de 1946, mais impossible de passer à côté ici, surtout qu'il inspire encore des metteurs en scène aujourd'hui (voir plus bas). Même en étant du pur Cocteau dans le style, cette Belle et la Bête est certainement la plus fidèle au conte d'origine, tant au niveau de l'époque que de la trame. Contrairement à la version de Disney, les soeurs y sont effectivement présentes, et leur méchanceté ne change pas. Même son de cloche au niveau d'éléments de l'intrigue tels que la rose ou la bague permettant de se téléporter. Emmené par Josette Day, le film voit également la muse de Jean Cocteau, Jean Marais, interpréter 3 rôles : la Bête, le prince et Avenant, le prétendant de Belle (l'une des seules entorses au récit de base d'ailleurs).
La formule magique de Daniel Barnz
Si les adaptations de "La Belle et la Bête" sont nombreuses, beaucoup de films renvoient eux aussi au conte, de façon plus ou moins prononcée. Et si Sortilège a sa place dans ce dossier, c'est qu'il en reprend le postulat de départ, tout en déplaçant l'action de nos jours, dans un lycée américain. Toujours transformée par un sort (d'où le titre), la Bête n'est plus un prince mais un jeune homme populaire et obsédé par son image (un peu comme Gaston chez Disney), alors que la Belle, Lindy, est une lycéenne timide. Interprétée par Vanessa Hudgens, cette dernière ne se lance jamais dans des numéros musicaux à la High School Musical, ce que l'on pouvait pourtant redouter.
Et après ?
Comme avec Blanche-Neige l'an dernier, deux versions de "La Belle et la Bête" s'affronteront dans les salles l'an prochain : une signée Guillermo del Toro, avec Emma Watson en vedette ; une autre réalisée par Christophe Gans, avec Léa Seydoux et Vincent Cassel dans les rôles principaux, et qui s'inspirera aussi bien du conte original que de son adaptation par Jean Cocteau. Ou plutôt, comme nous l'a révélé Cassel, ce sera "Cocteau rencontre Miyazaki."
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