Contes et cinéma : il était plusieurs fois… - Page 8

Il était une fois...

Charles Perrault vs les frères Grimm : nouvel épisode. Très souvent impliqués dans les contes les plus célèbres, le Français et les Allemands ont récidivé sur "Le Petit Chaperon rouge", d'abord publié par le premier, en 1698, dans une version dénuée de tout happy end. Sur le chemin qui la mène vers la maison de sa grand-mère, l'héroïne est en effet un peu trop bavarde avec le loup qui dévore son aïeule avant de faire de la fillette son dessert. Point. A l'époque où la France connaissait la plus meurtrière attaque d'humains par les loups depuis quatre siècles, ça a dû faire son petit effet.

Nettement moins sombre et moralisatrice, la version des frères Grimm, publiée en 1812 (puis modifiée et rééditée en 1857), se rapproche plus de l'histoire racontée aux enfants. Si le point de départ ne change pas, la galette et une bouteille de vin (!) y font en effet leur apparition, et la fillette et sa grand-mère doivent leur salut à un chasseur qui traquait le grand méchant loup, et ira même jusqu'à les tirer de son ventre. Urgences bien avant l'heure en somme.

Quand l'animation s'en mêle

Comme Cendrillon la même année, Le petit Chaperon Rouge a fait l'objet d'un court métrage de Walt Disney en 1922. Puis Tex Avery s'y est collé en 1943, avec son célèbre loup, et il faudra attendre un bon bout de temps avant de revoir l'héroïne s'animer. Jusqu'en 2004 et la sortie de La Véritable histoire du petit chaperon rouge, qui surfe sur la vague parodique initiée par Shrek en 2001 : ici la fillette colle des coups de latte au loup, qui soudoie des moutons pour avoir des infos, pendant que Mère-Grand pratique des sports extrêmes et que le bûcheron a le QI d'une branche morte. Le tout sous l'oeil d'un inspecteur chargé de tirer cette affaire au clair.

Succès public, le film a eu droit à une suite sortie directement en DVD chez nous, et qui s'est gentiment plantée avec 16 petits millions de dollars de recettes dans le monde. Pour le happy end, on repassera...

La formule magique de Catherine Hardwicke

Mis en scène par la réalisatrice du premier Twilight, Le Chaperon Rouge, c'est donc le conte... à la sauce Twilight. Entendez par-là que l'héroïne (plus proche de l'adulte que de la fillette) va tomber amoureuse d'un jeune homme alors que son village fait la chasse aux loups garous qui rôdent dans le coin. Et comme par hasard... La tunique et la grand-mère ont beau être là et le casting, emmené par Amanda Seyfried et Gary Oldman, pas moche, cette opération "dépoussiérage" s'enlise vite dans un scénario pas très fin qui réivente l'expression "prendre ses libertés avec le matériau d'origine". A tel point qu'on comprend mieux pourquoi ni Perrault ni les frères Grimm ne sont crédités au générique.