Au début, je n'avais aucune intention de regarder la mini-série Black Bird. Malgré ses deux têtes d'affiche que j'adore (Taron Egerton et Paul Walter Hauser) et la petite réputation qu'elle avait avec ses quelques nominations aux Golden Globes. Puis, sur un coup de tête, et en lisant des avis de spectateurs, j'ai voulu tenter, sans y réfléchir à deux fois. Ce fut une excellente décision et la série d'AppleTV+ m'a marqué.
Le générique commence d'abord et le nom de Dennis Lehane apparaît. En effet, j'ai vraiment bien fait de commencer Black Bird, un autre point positif.
La série est courte (6 épisodes) mais rien n'est à jeter. Rien n'est superflue, inutile, ou en trop. Black Bird emprunte un rythme tout en tension et suspens, bien servi par une réalisation soignée et maligne. À chaque épisode, chaque moment, on crève d'envie de connaître la suite.
L'histoire secrète en prison est, tout comme l'enquête qui se poursuit en dehors, à la fois prenante, pesante, terrible sans jamais virer dans le gore ou le graphique. Tout reste très 'discret' et l'accent est mis sur les mots des protagonistes et leur narration.
À ce jeu-là, la performance de Paul Walter Hauser, incroyable, y est pour beaucoup : il parvient à être à la fois effrayant, sympathique (à la surface), amical et écoeurant. En face, Taron Egerton le lui rend bien. L'acteur est parfait dans la peau du jeune premier contraint de sous-tirer des détails de plusieurs disparitions/ meurtres en se liant d'amitié avec l'accusé. La pression monte de plus en plus et on bouillonne pour découvrir la résolution de cette histoire dingue inspirée de faits réels.
En dehors des murs de la prison, la paire d'enquêteurs n'a pas à rougir de son duo principal : deux flics/ agents du FBI géniaux, bad-ass, investis et pleins d'humanité sont chargés de trouver des preuves pour laisser croupir en prison ce même accusé. Les deux acteurs sont formidables.
La série est bien évidemment servie par l'écriture simple, accessible mais non moins aiguisée de Dennis Lehane. La bande-son des années 1990 est une pépite.
Dans ce côté éloigné et reculé des États-Unis où se déroule Black Bird, on pense forcément à l'exellente et regrettée Mindhunter. Deux séries soeurs qui redonnent leurs lettres de noblesse au genre True Crime sur petit écran.
Dans Black Bird, comme dans Mindhunter, on n'est pas dans la surenchère ou le racolage comme ce peut être le cas avec d'autres séries du même genre (Dhamer). Ce sont les personnages et leur humanité qui sont mis en avant et qui transpirent d'abord ; le drame et la cruauté humaine les opposent.
On voudrait ralentir le moment fatidique où la série devra se conclure. Mais à la fin, on sait finalement que l'on a assisté à l'une des meilleures séries de ce genre (et l'une des meilleures séries tout court). Black Bird, malgré son sujet difficile et désolant, se conclut sur un sentiment d'amertume, de tristesse et de soulagement pour un final sans effusion mais en apothéose.