À découvrir sur Apple TV+, Defending Jacob est une mini-série rondement bien menée et interprétée par des acteurs au top. Son épisode final, haletant et tout en suspens, pense relancer les cartes dans une dernière énigme qui en fait trop et son dénouement peut laisser le spectateur perplexe.
Porté par Chris Evans dans un rôle de père assistant du procureur cherchant à prouver l'innocence de son fils accusé du meutre d’un camarade d’école, Defending Jacob est une vraie enquête sur un homicide. Contrairement à The Undoing par exemple, où l’enquête était peu exploitée et menée, Defending Jacob vous gâtera si vous êtes passionnés de séries criminelles.
Du début à la fin, l’accent est mis sur l’enquête et les indices récoltés dans la série pour tenter de reconstruire le déroulé du tragique événement. Pour se faire, Defending Jacob parvient superbement à explorer ses personnages, la famille Barber (les parents et le fils Jacob), les camarades et amis du collégien mais aussi des protagonistes à l’importance non négligeable.
On plonge avec envie dans cette bourgade dont le meurtre est devenue l’attraction des médias, véritables vautours auprès de la famille Barber. Chaque épisode réserve son lot de révélations et de surprises. Ces dernières sont évoquées et dévoilées avec justesse et intelligence, venant servir efficacement le récit. Rien n’est ajouté dans la pure envie de créer un faux suspens qui ferait l’effet d’un pétard mouillé. On se surprend à en vouloir plus encore et toujours et la mini-série, produite par Morten Tydlum (réalisateur de Imitation Game), est parfaitement dosée.
La photographie, grise et sombre, nous immerge dans un quotidien devenu morose et pesant. L’ambiance qui s’en dégage est très alléchante et nous embarque dans un récit noir. La musique du générique, effrayante et accablante, vient servir efficacement cette impression mystérieuse et douteuse, excellente !
Enfin, si la mise en scène est solide, soignée et efficace, la série est incarnée avec force et justesse par un casting réussi. Chris Evans, loin de ses rôles mainstream de chez Marvel, propose une interprétation juste, sincère et touchante. L’acteur est secondé par Michelle Dockery en mère brisée, triste mais obstinée, et le duo dévoile un couple solide et uni dans l’adversité. Le jeune Jaeden Martell (Ça, À couteaux tirés) incarne avec brio un personnage à la fois touchant, énigmatique, ambigu, louche et manipulateur. Les acteurs secondaires ne sont pas en reste (Cherry Jones en avocate bienveillante, ou Pablo Schreiber).
La fin, d’abord en suspens, se dirige alors vers une conclusion quelque peu décevante. Elle s’embarque dans une dernière énigme lors du dernier épisode qui n’a pas lieu d’être et conforte un sentiment d’inachevé qui, comme l’enquête principale, sera balayée rapidement. Après cela, c’est au spectateur d’y mettre du sien. Malheureusement, Defending Jacob laisse un goût de déception alors qu’il avait réussi jusqu’ici à mener à bien son sujet. Ce dernier épisode conclut cette mini-série vaguement comme si Defending Jacob avait peur de s’engager et d’aller au bout de son désir. Une fin moins timide et plus éloquente aurait gagné à inscrire cette série réussie jusque-là comme une incontournable.