Le personnage de Spike était le plus gros défi, la complexité de sa psychologie torturée et mélancolique, faisant de lui un spectateur bienveillant de l'humain ou un juge impitoyable à la Kenshiro mais sans l'invincibilité, est un échec.
Spike dans cette série est un arrogant sûr de lui rayonnant la victoire ou, en son absence la frustration et le dépit. Ce qui le rend ridicule, et capricieux. Enfantin. Il n'y a pas ce mélange de Bruce Lee qui serait devenu un Diogène ayant accepté de bosser parce qu'il faut bien et qu'il a tout perdu : amour de sa vie, statut, presque sa vie, et un oeil.
Dans l'oeuvre originale Spike est quelqu'un qui accepte la défaite, l'échec, c'est ce qui le définit, mais avec panache et en essayant de servir protéger les âmes qui le méritent plus que lui, pendant sa (ses) chute(s) dans lesquelles tout pète autour de lui. Avant il avait ce feu de la jeunesse qui rend invincible et immortel. Et de temps en temps, quand la cause l'exige ou que son passé le rattrape, l'ancien Spike se réveille. C'est une œuvre qui parle de survivre, sans perdre ce qu'on a de plus précieux en soi, après avoir connu l'échec dans la vie, et lui c'était un échec du genre qui tue normalement.
Bref ça passe un peu à côté du propos et pas que pour lui, Jet, ou plutôt la lecture du personnage par son acteur, aussi a du mal à trouver sa propre cohérence.
Les références et les reworks (la 1ère scène du 1er épisode est clairement tirée de l'ouverture du film Knockin on Heaven's Door et replacée dans un Casino du genre ou ils rencontrent Faye dans l'animé.) sont partout avec plus ou moins de bonheur. Par exemple ils remettent le coup du wok qui saute les nouilles en rythme mais ce n'est pas rythmé avec les poings et les mouvements de spike qui s entraîne. La scène originale avait pour but de faire comprendre que Spike impose une discipline de fer à son corps par ses exercices de Jeet Kun Do tandis que Jet est plus la maman à physique d'ours du bateau qui fait à manger, et en effet il est tout le temps inquiet pour tout le monde.
Dans l'animé ça permet de transmettre en 8 frames une idée précise et son message. Dans la série ça prend de la place inutilement pour trigger les fans. Du coup faire des références et transposer les gimmicks visuels, un bon choix ? A voir, mais jusqu'ici j'ai plus l'impression que ça enferme le réalisateur dans des contraintes et un cahier de charges que cela ne lui donne des rails pour lui faciliter la tâche pour s'exprimer. Et ça se sent un peu, ça casse le rythme.
En parlant de ça le rythme d'une scène d'action en anime bien foutue est impossible à rendre aussi bien en live. Matrix s en était presque bien sorti mais l'exercice reste apparemment toujours aussi ardu. Ca danse bcp (méchant rire).
Alors bon ou pas ? A voir. Techniquement c'est du beau boulot sauf le costume de Spike, et vous saurez en 5min si ça vous plaît et que la sauce prend chez vous.
P.S: Le 1er épisode de l'animé était franchement bancal en dehors des éléments de présentation des personnages, les dialogues à double-sens de Spike, et la scène de baston sous red eye, le reste du scénario était franchement sous-serie B et rend son hommage à millions de dollars malaisants. Asimov comme ouverture... franchement. La réflexion originale de l'oeuvre méritait plus qu'un portage le doigt sur la couture du pantalon. Cowboy Bebop c'est le jazz, l'impro et tout qui se rejoint à la fin, et que même si on comprend pas tout on s'est senti vivre. Ici, ça fait sentir surtout qu'on a vécu depuis sa première sortie en cassette vidéo et que comme Spike on arrive pas à se détacher de notre passé manifestement.