Saison 1 (****) :
Petit phénomène diffusé de temps en temps durant le « Grand Journal » de Canal+, « Bref » a clairement su faire son trou dans le PAF grâce à cette capacité qu’elle a eu, un peu à l’image des premiers podcasters du web, à s’être posée comme un représentant culturel de la nouvelle génération née dans les années 1980 et 1990. Phénomène générationnel donc, mais pas que… L’air de rien, il y a dans ce format très court, celui de la « shortcom », une maitrise incroyable du montage et de la forme. D’un certain point de vue même, cette forme est en totale adéquation avec le propos et la génération en question : elle speede, elle va vite, parfois trop vite, au point d’atteindre des moments d’absurdités bien jouissives lors des rares moments où elle entend se poser… Alors oui, on s’y reconnaitra donc ça fera forcément rire, mais au-delà de ça il y a un ton, un propos et une posture que je trouve vraiment innovante et, j’ose le dire, unique en son genre (du moins pour son époque). Pour moi, ce n’est pas un hasard si « Bref » a autant été récupéré et à autant influencé le format « shortcom » et la télé en général. Les amis Khojandi et Navo ont su apporter là quelque-chose de frais, de sincère, mais aussi de réfléchi et adapté à son époque. Franchement, bravo.
Saison 2 (*****):
C’est en tombant par hasard sur une émission de Radio Navo sur « Bref » (qui s’interrogeait si la série était sexiste ou non) que l’occasion m’a été donnée de repenser à cette série puis de la revoir. Jusqu’à présent, pour moi, « Bref » était une série sympa, une série originale, mais une série inoffensive, une série sans réel propos... Mais depuis j’ai revu cette série en intégralité donc, et notamment sa deuxième saison. A voir les épisodes au coup par coup, le propos global de cette seconde saison m’avait quelque peu échappé. Il faut dire, je n’avais pas cherché à en voir. J’étais resté sur la logique que j’avais cru percevoir dans la première saison : ce côté « tranche de vie » propre à tous les podcasters Youtube. Seulement, à tout voir d’un bloc, non seulement j’ai su davantage voir le propos, mais en plus de ça j’ai su être touché par la pertinence de celui-ci. Depuis, je l’affirme : « Bref » n’est pas qu’un simple programme générationnel à la forme plutôt sympa, c’est un excellent regard sur ce qu’est cette génération ; un regard d’autant plus cruel qu’il est moqueur. Décidément, plus j’y repense et plus j’ai envie de féliciter Kyan Khojandi et Bruno Muschio tant leur travail a été rigoureux et subtil. Et en plus de ça, il a fallu qu’ils sachent s’arrêter à temps. Que c’est brillant autant de lucidité de nos jours…