N’a t’on jamais imaginé à quoi ressembleraient nos propre héros, des gens hors du commun, dotés de facultés uniques ? N’a t‘on jamais envisagé ce que deviendrai notre existence avec de tels pouvoirs ? La peur du regard des autres se mêlant à une sensation d’invulnérabilité enivrante, mais le contrôle de soi et la discrétion sont les clefs du moule parfait, le moule de la norme universelle, celui qui vous rend tout à fait lambda au détriment d’un phénomène de foire. Place au spectacle et au fantastique de haute voltige avec Heroes, une série captivante, construite autour d’un scénario monumental et de valeurs humaines. Humaines, mais pas que, car il est peu courant de rencontrer dans la réalité des personnes douées de télékinésie ou de téléportation. Le prodige de la mise en scène réside dans la gestion des personnages et les interactions qui les feront se rencontrer pour s’aimer, se battre, s’entraider, changer la face du monde. Un monde qui les rejette comme des monstres en refusant de voir le bien à travers l’extraordinaire, le hors du commun. Un à un, les protagonistes dévoilent leur personnalité, si bien qu’on s’y attache autant qu’on puisse les haïr. Des personnages complets, fait de contradictions et d’humanité, de bravoure et de vice. Sont-ils bons, sont-ils mauvais ? Il est parfois difficile d’arrêter son jugement de façon objective, car l’homme au naturel reste foncièrement mauvais. Même Sylar, le grand «méchant » de la série, campé par le talentueux Zachary Quinto, est très énigmatique. Des souffrances refoulées, une solitude insoluble, et l’emprise de terribles pouvoirs, en ont fait un monstre de la pire espèce, mais il demeure malgré tout attachant. Le casting au grand complet est attachant, tous ces personnages que l’on affectionne au fil des épisodes par leurs prouesses et leurs sentiments. Heroes est avant tout une mine d’or scénaristique, avec une quantité illimité de possibilités au profit de l’esprit fécond du showrunner Tim Kring. C’est en quelque sorte une critique décalée de notre société et les communautés humaines qui la constituent. Le message est parfois ambigüe mais finalement évident : être soi-même est la clef pour avancer dans la vie, grandir, s’élever avec les autres, se sentir vivant sans avoir honte de ce que l’on est. Nettement appuyée sur le comic-book et les bandes dessinées, cette série mélange aussi bien l’action, la guimauve, la comédie et l’aventure. Un enchevêtrement d’intrigues qui pousse au questionnement et stimule les sens. On s’y retrouve en tous point malgré quelques incohérences. Malheureusement, la production s’achève brutalement sur une 4ème saison au goût d’inachevé. Sans doute la production s’est vue interrompre la réalisation par manque d’audimat plus que de moyens. C’est bien dommage, car le spectateur s’interroge, imagine la suite à tous ces événements tombés en cascade avec toujours une puissante corrélation. Lorsqu’on voit toutes ces séries policières aussi rébarbatives les unes que les autres, qui n’en finissent jamais, on regrette amèrement qu’une telle richesse scénaristique ait du avorté avant un twist final au potentiel mille fois plus sensationnel. Mais malgré une déception évidente due à une conclusion bâclée, cela se résume à un très agréable moment de cinéma, riche en émotions. 4/5