Invitant de toutes les manières possibles à saisir l'ampleur de sa production, Kurzel parvient à laisser échapper ça et là l'essence d'un film monstre. (...) Malheureusement, c'est cette même prétention qui pourra rendre hermétique aux choix radicaux opérés par son réalisateur et qui ne laissent guère imaginer un tel long-métrage dans les hauteurs d'un palmarès cannois.
Final épique et sous tension, plus sombre et plus adulte que les précédents, "Hunger Games : La Révolte - Partie 2" referme la saga à merveille. (...) Deux reproches toutefois : la 3D, pas franchement indispensable. Et la fin, un peu trop longue.
Il faut découvrir ce film de commande détourné d'à-peine une heure qui, sous couvert de raconter le travail des reporters de guerre photo et de servir le Service Cinématographique des Armées, nous raconte par chance quelque chose de plus puissant.
Radu Muntean a du tact et du talent. Bien qu'inégal, son thriller mental développe un passionnant dilemme moral et parvient à faire naître un sentiment d'angoisse du quotidien le plus étal.
Attentif aux marginaux, le réalisateur australien Rolf de Heer signait alors son meilleur film, sorte d'itinéraire halluciné et hallucinant d'un enfant enfermé par sa mère pendant 35 ans.
Moins opératique et mélancolique que "Skyfall", "007 Spectre" reste sur les rails, exécuté sans excitation. Avec une faiblesse (Christoph Waltz, bégayant dans un registre qu'il connait trop bien) et un atout (Lea Seydoux, parfaite en James Bond Girl).
Les quatre heures peuvent faire peur. Mais ce film-fleuve hanté par Dostoïevski impressionne par sa densité romanesque, éblouit par son intense beauté formelle et donne envie à ceux qui ne connaissent pas son travail de découvrir l'un des chefs de file du nouveau cinéma philippin (...).
"Le fils de Saül" vise la sidération, l'immersion, l'amplitude de films traumatiques comme "Requiem pour un massacre" (Elem Klimov, 1985). Et y parvient, communiquant la trouille, révélant aussi un acteur bouleversant, Geza Rohrig, dont on n'oubliera aucune des expressions (son hébétude comme son regard de père).
Avec un souci du bon goût confinant au mauvais, Sophie Barthes filme mal la passion amoureuse, comme elle filme mal une chasse à courre. Reste l'étonnante métamorphose de Mia Wasikowska en Isabelle Huppert.
Une comédie d'une incontestable coolitude mais qui, en cherchant l'énergie et la séduction à tout prix, néglige un peu tout le reste, à commencer par le cinéma.
Les enjeux sont inexistants et la caméra de John Wells n'essaye même pas de prétendre que son casting sait cuisiner en multipliant les plans rapprochés. Reste Omar Sy à qui "À Vif !" offre la seule véritable scène d'un film indigeste.
Tout petit Kore-Eda kawaï. Pas détestable mais trop inoffensif pour se mesurer aux précédents films majeurs du cinéaste comme "Nobody Knows" et "Still Walking".
On aime toutes les influences revendiquées par les deux réalisateurs (John Waters, évidemment). Mais le film ne tient que sur une volonté superficielle de s'inscrire dans ce serail du cinéma indépendant US et finit, en dépit de sympathiques intentions et de sympathiques moments, par ressembler à de la poussière sur du vide.
Dans ce film au romantisme noir, fascinant et inquiétant jusqu'à l'hypnose, Yorgos Lanthimos ravive le surréalisme cher à Luis Buñuel en insistant comme lui sur la nécessité du casting de stars pour avoir les coudées franches tout en revendiquant un amour fou pour les eaux glacées du calcul égoïste.
Traitant ses sujets fétiches (la superstition, l'obscurantisme...), Amenabar perd ses superpouvoirs aux commandes de ce thriller exsangue, plombé par des effets grand-guignolesques et un coup de théâtre prévisible.
On a toujours témoigné beaucoup de sympathie envers Julie Delpy mais sur ce coup, carton rouge : son "Lolo" ressemble à l'interminable blague d'une bourgeoise qui s'autorise à être vulgaire.
Dans son ensemble, le film, lui, n'échappe pas au cucuritanisme en racontant par le menu la possibilité du rêve et son accomplissement, tout en s'adressant à l'Amérique post-11 septembre désenchantée. Ce qu'il démontre au final, sur plus de deux heures, c'est que la fiction n'est pas aussi forte que la réalité.